Bourses, travaux et créations

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Dans le cadre du Think.Zone coordonné par Emma Bigé et Clovis Maillet, la séance du 7 mars 2024, qui s'est tenue au CMCSS, s’est consacrée à l’exploration d’une étude de cas, celle de l’expérience fermière de Coccinelle, par ailleurs connue comme meneuse de revue. Grâce à l’exploration du fond d’autobiographies de personnes trans conservées dans la collection "Michel Froidevaux", un groupe étudiant du Work.Master a travaillé sur les projets éditoriaux et le récit de soi.

“Commençons par la fin du monde, vous voulez bien? On en finit avec ça et on passe à quelque chose de plus intéressant.” - N. K. Jemisin

“Tirésias a mis 500 ans dit-on / pour se muer en femme / devenant plus petite plus sombre et plus puissante / avant telle une noix, de s'endormir dans une bouteille / Tirésias a mis 500 ans pour devenir femme / alors ne désespérez pas de vos fils.” - Audre Lorde

"TRANS c’est le nom d’une transition qui n’est pas seulement la mienne. Une transition systémique, d’un monde unique binaire vers une multitude de mondes multiples." - Léa Rivière

Des êtres qui ne tiennent pas en place, des créatures qui sont traversées ou qui passent au travers de barrières qui voudraient être établies une fois pour toutes, des qui frôlent avec le saisissable et des qui n’en veulent décidément pas.

En 1987, la féministe chicana Gloria Anzaldúa donnait à ces êtres le nom de queers, mais aussi d’atravesados : celleux de la traversée, celleux qui sont à la maison dans l’entre-deux ou qui savent ce que c’est que d’habiter d’un côté puis de l’autre d’une frontière (entre les langues, entre les États-nation, entre les vivants). La même année, Sandy Stone écrivait son Manifeste posttranssexuel qui appelait à la multiplication des histoires et des arts pour raconter les transitions de genre : un appel à penser, en dehors du paradigme de l’esprit enfermé dans un mauvais corps, des formes sensuelles, collectives et foutraques de changer de destin.

Les traversées/transitions : pas des corrections, pas des redressements, pas même nécessairement des réassignations aux catégories déjà disponibles du système sexoraciogenré, mais plutôt des processus proliférants, des refus d'être contenuEs.

Suivant les appels (différents et dont les différences sont riches d’enseignement) de Gloria Anzaldúa et de Sandy Stone, ce Think.Zone se propose de penser la manière dont les vies humaines et pas-qu’humaines sont mises en crise par le capitalisme pétrosexoracial et ses écocides, et de renommer les résistances qui s’inventent dans ses creux. Une voie privilégiée pour cette enquête : les études et les arts trans* et leurs intersections avec l’écologie, comprise à la fois comme activisme et comme science de l’interdépendance des vivant·es.

« Des lichens, des champignons, des fugitives, des performers et des hackers » seront pour nous des portails : des figures (créatures bien réelles mais aussi symboles) du refus et de la mise en échec des catégories et des séparations trop nettes. En les renommant et en les multipliant (en y ajoutant pêle-mêle des escargots, des étoiles de mer, des araignées, mayfield brooks, du compost, Ellen et William Craft, Transparent, The Lego Movie, Tirésias, Yve Laris Cohen, François Chaignaud, ou Prince), nous regarderons comment les arts contemporains et en particulier la performance et la danse sont traversées de figures aux genres ambigus dont nous avons beaucoup à apprendre pour nous désenvoûter et résister au temps des catastrophes.