Doctorant-es du CMCSS

WISNIAK Ania

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Ania Wisniak a réalisé son bachelor et master en médecine humaine à l’Université de Genève entre 2010 et 2016, avant de poursuivre une spécialisation en santé publique, avec l’obtention d’un deuxième master en santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

Elle est actuellement médecin interne de recherche au sein du Département de la Femme, de l’Enfant et de l’Adolescent aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), et réalise dans ce cadre un doctorat en Sciences Biomédicales à l’Institut de santé globale de l’Université de Genève depuis novembre 2022.

Après un début de carrière en médecine clinique dont une année de gynécologie et obstétrique, elle s’est par la suite dirigée vers la recherche en santé publique dans diverses thématiques, au sein de l’Institut de santé globale de l’UNIGE, de l’Unité d’Epidémiologie Populationnelle et du service de gynécologie des HUG. Son intérêt pour la santé sexuelle dans un contexte global et pour les approches communautaires en santé est né durant ses études de médecine déjà, avant d’être consolidé au cours de son activité de recherche sur la prévention du cancer du col de l’utérus dans des pays à bas revenus, notamment au Cameroun, au sein de l’équipe du Prof. Patrick Petignat dans le service de gynécologie des HUG.

Ania Wisniak a eu l’opportunité de travailler dans des équipes pluridisciplinaires et internationales en collaboration avec des représentants académiques dans les domaines de la santé et des sciences sociales, des prestataires de soins, des associations communautaires et autres représentant-es des communautés, ainsi que des autorités de santé publique, notamment dans le but d’améliorer la santé des femmes de manière pérenne et dans un souci d’équité. Elle a ainsi pu participer à l’élaboration et la mise en place de plusieurs projets de prévention du cancer du col de l’utérus au Cameroun en adoptant des approches communautaires. Ses activités de recherche ont mené à la publication de plus de 30 articles dans des revues scientifiques, dont les résultats ont également pu être présentés sous forme de posters ou par oral lors de congrès scientifiques nationaux et internationaux. En parallèle de ses activités de recherche, elle a également contribué à l’enseignement sur la prévention du cancer du col de l’utérus lors d’un séminaire de formation de personnel de santé camerounais et dans le cadre d’un « Certificate of Open Studies » organisé par l’UNIGE pour les agents de santé communautaires travaillant dans des camps de réfugié-es.

À travers ses formations et son parcours professionnel, elle a développé des compétences dans la planification et gestion de projet, ainsi que des connaissances méthodologiques et statistiques essentielles pour la conduite de projets de recherche scientifiques, tout en favorisant des collaborations interdisciplinaires et une approche participative des communautés impliquées.

L'accès au dépistage des infections sexuellement transmissibles est primordial pour améliorer la santé sexuelle de la population. Le virus du papillome humain, principale infection virale de l'appareil reproducteur, peut demeurer asymptomatique pendant des décennies avant de potentiellement évoluer vers un cancer du col de l'utérus. Bien que ce cancer soit le plus fréquent et fatal parmi les femmes en Afrique subsaharienne, il reste en grande partie évitable grâce au dépistage précoce et au traitement des lésions précancéreuses.

Toutefois, la participation au dépistage du cancer du col de l'utérus reste insuffisante dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, en raison de facteurs structurels et socioculturels. Au Cameroun, les communautés rurales sont particulièrement touchées par une faible utilisation des services de dépistage. Les perceptions et représentations entourant la sexualité à différents niveaux (société, communauté, individu) influencent la participation au dépistage des infections sexuellement transmissibles. Une approche basée sur l'engagement communautaire et la recherche participative peut aider à comprendre ces perceptions contextuelles des sexualités et leur impact sur le dépistage. L’intégration de ces aspects dans des initiatives codéveloppées avec les communautés concernées peut aider au développement de stratégies de dépistage adaptées à des contextes spécifiques et ainsi renforcer leur accès à ces services.

L'objectif de cette étude est d'évaluer l'efficacité, la faisabilité et l'acceptabilité d'une stratégie de dépistage du cancer du col de l'utérus codéveloppée avec les communautés des zones rurales au Cameroun, dans le but d'améliorer l'utilisation des services de dépistage. Cette recherche, menée en partenariat avec l'Hôpital Régional de Bafoussam et supervisée par le Prof. Petignat, se déroulera sur trois ans, de 2023 à 2026, dans le district de santé de la Mifi, dans la région de l'Ouest du Cameroun. L'étude adoptera une méthodologie mixte et se décomposera en quatre phases :

une recherche formative utilisant des entretiens approfondis et des discussions en groupe avec les parties prenantes locales, les prestataires de soins de santé et les membres de la communauté. Cette phase explorera les déterminants de l'accès au dépistage du cancer du col de l'utérus dans les communautés rurales de la région, en considérant notamment les perceptions liées à la sexualité et leur influence sur les comportements de dépistage ;

1. des ateliers participatifs seront menés dans des zones de santé rurales du district, dans le but de co-développer et de mettre en œuvre des stratégies de dépistage du cancer du col de l'utérus spécifiques au contexte ;

2. un essai contrôlé randomisé comparera les stratégies développées sur la base de la coproduction en communauté (groupe d'intervention) à une approche traditionnelle de dépistage en milieu hospitalier (groupe témoin) pour évaluer l'effet sur l'utilisation du dépistage ;

3. la faisabilité et l'acceptabilité des stratégies mises en œuvre sur la base de la coproduction communautaire seront évaluées par le biais d'entretiens approfondis et de discussions en groupe, ainsi que par un examen des dossiers d'étude et des notes de terrain. Cette évaluation prendra en compte l'influence potentielle des normes culturelles relatives à la sexualité.

En développant des solutions adaptées aux communautés locales, accessibles et acceptées des populations concernées, nous anticipons que cette approche participative favorisera l’accès au dépistage dans les zones rurales du Cameroun. L'évaluation de stratégies participatives de dépistage du cancer du col de l'utérus dans des milieux à faible revenu pourrait avoir un impact durable sur la santé sexuelle des femmes et contribuer à l'éradication mondiale du cancer du col de l'utérus en tant qu'enjeu de santé publique.

  • WISNIAK Ania. TaCCare study: Thermal ablation for Cervical Cancer screening – reproductive impacts in Cameroon. Présentation orale au congrès annuel de la société suisse de gynécologie et obstétrique, Genève, le 29 juin 2023
  • WISNIAK Ania. GENOVA Study: Triage by GENOtyping vs ViA for cervical cancer screening – a randomized controlled trial. Présentation orale à la Journée Humanitaire du Département de la Femme, de l’Enfance et de l’Adolescence des Hôpitaux Universitaires de Genève, Genève, 9 mars 2023
  • PETIGNAT Patrick, KENFACK Bruno, VASSILAKOS Pierre, LEMOUPA Sophie, SORMANI Jessica & WISNIAK Ania. Séminaire de formation sur le dépistage du cancer du col de l’utérus organisé par l’équipe 3T Suisse-Cameroun, à destination du personnel de santé de l’Hôpital Régional de Bafoussam et l’Hôpital Régional Annexe de Dschang, dans l’Ouest Cameroun, Dschang, du 14 au 17 décembre 2021
  • WISNIAK Ania. Utilisation de smartphones comme aide au dépistage du cancer du col de l’utérus dans des contextes à faibles ressources. Présentation orale à la conférence « Prévention du cancer du col de l’utérus – 20 ans de coopération avec le Cameroun » organisée par la faculté de médecine de l’UNIGE et les Hôpitaux Universitaires de Genève, 2 mai 2019

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