2016

L'insuline reste inaccessible à beaucoup de diabétiques à travers le monde

The Lancet Diabets & Endocrinology publie une étude menée par des chercheurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec Health Action International et la Boston University School of Public Health. Celle-ci traite de la difficulté d’accès à l’insuline dans le monde dont le prix reste encore trop élevé. Cette étude a pour objectif de mieux en comprendre les raisons et de permettre aux pays de développer des solutions pour pallier ce problème.

L’insuline est un produit vital pour toutes les personnes souffrant d’un diabète de type 1 et pour une partie des patients atteints d’un diabète de type 2. Pourtant, plus de 90 ans après la découverte du rôle de l’insuline dans le traitement de cette maladie, le médicament reste très cher et n’est pas toujours à la portée des diabétiques qui en ont besoin. Son accès reste un défi autant dans les pays à hauts revenus, où le médicament peut atteindre 400 dollars, que dans les pays à revenus modestes, comme en Afrique sub-saharienne où l’espérance de vie d’un enfant atteint du diabète de type 1 n’est que d’une année.

Les causes du prix élevé de l’insuline

David Beran (Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE et Service de médecine tropicale et humanitaire des HUG) et ses collègues, auteurs de l’étude intitulée « Addressing the Challenge and Constraints of Insulin Sources and Supply », mettent en évidence plusieurs causes qui peuvent expliquer ce phénomène. La première est que le marché de l’insuline est dominé par trois multinationales, ce qui réduit le mécanisme de concurrence des prix. De plus, l’étude souligne que la propriété intellectuelle ne limite pas directement l’accès au marché : plus de la moitié des brevets en vigueur sont liés aux stylos d’injection et non à l’insuline elle-même. Par ailleurs, le long processus réglementaire, ainsi que le nombre de procédures à respecter pour parvenir à fabriquer des génériques ou des biosimilaires, contribuent à la hausse du prix de l’insuline et dissuadent les nouveaux acteurs d’entrer sur le marché. Enfin, depuis une dizaine d’années, on note une tendance à utiliser de plus en plus d’insuline synthétique, au lieu des insulines humaines et animales, ce qui induit une hausse des prix. En 2000, l’insuline de synthèse représentait 12% de la consommation totale alors qu’en 2010, elle atteignait 85%.

Les auteurs soulignent également l’inégalité des politiques nationales de santé en la matière, puisque certains pays émergents parviennent à mettre gratuitement l’insuline à disposition de leur population, tandis que d’autres la vendent à des prix élevés.

Recommandations des auteurs

Le problème de l’accès à l’insuline requiert une intervention propre à chaque pays. Celle-ci peut passer par des investissements dans l’innovation en matière d’injection et de soins, par l’inclusion de l’insuline dans les prestations de base de la couverture maladie universelle, par le développement d’un cadre réglementaire pour la fabrication de génériques ou encore par la promotion de l’insuline humaine comme alternative à l’insuline de synthèse.

Contact: David Beran

22 févr. 2016

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