MIME : 72 questions de politique linguistique sous la loupe
Après quatre ans de travaux, le projet MIME (Mobility and Inclusion in Multilingual Europe) rend ses conclusions sur les défis de la diversité des langues en Europe, entre mobilité et inclusion.
Le MIME Vademecum, ouvrage qui réunit 72 questions de politique linguistique traitées en deux pages chacune. © MIME
Avec le soutien de la Commission européenne, le projet MIME (Mobility and Inclusion in Multilingual Europe) a pour mission d’étudier la diversité des langues dans un contexte de changement politique, les défis que cette diversité constitue pour les sociétés européennes et les réponses novatrices qui peuvent y être apportées grâce à des politiques linguistiques intégrées. 25 équipes de 16 pays, dont l’Université de Genève (UNIGE), rassemblant des chercheurs de 11 disciplines différentes, ont travaillé sur ce thème pendant quatre ans. L’un de ses résultats est un recueil de 72 questions de politique linguistique traitées en deux pages chacune et parcourant l’ensemble des thématiques du projet. Nommé MIME Vademecum, cet ouvrage est un outil permettant aux personnes touchées par cette problématique de se familiariser avec les dernières avancées de la recherche et de développer leurs propres réponses aux problèmes auxquels elles sont confrontées.
Financé à hauteur de 5 millions d’euros par le 7ème Programme-cadre de recherche et de développement de la Commission européenne, MIME est le premier projet de recherche sur la diversité des langues traitant simultanément de questions aussi variées que les dispositions constitutionnelles pour la protection des minorités, les conditions sociologiques de l’intégration linguistique des migrants, l’efficacité de différentes approches pédagogiques dans l’enseignement des langues étrangères, le recours aux nouvelles technologies dans la traduction automatique ou le développement d’une théorie intégrée de la politique linguistique en tant que politique publique.
Les quatre défis de la diversité des langues au 21ème siècle
Ces quatre années de recherche ont débouché sur de nombreuses publications, conférences et colloques scientifiques, permettant d’étudier en profondeur quatre défis principaux. Le premier concerne la gestion de la diversité des langues, dont il faut saisir le caractère transversal. «Le multilinguisme concerne toutes les facettes de la vie politique, sociale, économique et culturelle, explique François Grin, professeur d’économie à la Faculté de traduction et interprétation de l’UNIGE et coordinateur du projet. La façon dont il est géré a des effets majeurs sur le bien-être des personnes et des sociétés, que ce soit en termes d’usage ou de répartition des ressources, tant matérielles que symboliques.» Il convient donc que les Etats s’engagent réellement dans la gestion de la diversité des langues, le laissez-faire n’étant pas une solution.
Second défi : impliquer les personnes monolingues dans cette problématique en leur montrant que cet enjeu les concerne aussi. Pour être réellement inclusif, un projet multilingue doit s’adresser également aux personnes et aux communautés dont le quotidien est largement monolingue, mettant en évidence les avantages pour tous d’une politique favorisant la diversité des langues et des cultures au niveau européen.
Dans un troisième temps, il convient de prendre en compte la mobilité des citoyens dans les frontières de l’Europe et son impact sur la vitalité des langues. «Les personnes sont de plus en plus amenées à changer de pays et de région, constate François Grin. Il faut alors favoriser leur inclusion dans les contextes linguistiques et culturels spécifiques où elles viennent s’établir.»
Enfin, il s’agit de gérer de façon optimale le compromis entre deux objectifs qui ne convergent pas nécessairement : d’un côté la mobilité et, de l’autre, l’inclusion des citoyens dans une Europe multilingue. Il est nécessaire de concevoir, développer et mettre en place des politiques linguistiques pensées comme des politiques publiques, combinant au mieux les mesures qui favorisent la mobilité des citoyens entre différentes parties de l’Europe – sans compromettre l’inclusion locale–, et les mesures qui favorisent l’ancrage de tous dans un contexte local spécifique, sans restreindre les opportunités qu’offre la mobilité.
MIME Vademecum, un recueil pour les politiques publiques
Sur la base des travaux de recherche réalisés autour de ces quatre défis, les équipes du projets MIME ont, en parallèle aux publications visant un lectorat scientifique, rédigé un recueil fait pour un public plus large. Cet ouvrage, le MIME Vademecum, réunit 72 questions de politique linguistique traitées en deux pages chacune. Celles-ci touchent à l’ensemble des thématiques du projet, parmi lesquelles la traduction et interprétation, l’enseignement des langues, l’intégration linguistique des migrants et la gestion du multilinguisme officiel. Cet ouvrage est destiné en priorité aux personnes qui, de par leur activité professionnelle ou leur engagement politique (par exemple des fonctionnaires ou parlementaires au niveau local, national ou supranational), sont amenées à se pencher sur des questions de politique linguistique et, parfois, à prendre position à cet égard. Le MIME Vademecum est un outil leur permettant de se familiariser avec les dernières avancées de la recherche, de s’informer sur des expériences réelles et de développer leurs propres réponses aux problèmes auxquels elles sont confrontées.
Le MIME Vademecum peut être téléchargé gratuitement ici.