2021

Vaccin: l'immunité de la population genevoise progresse

Des chercheurs/euses de l'UNIGE et des HUG ont observé que 67% de la population genevoise avait développé des anticorps contre le virus de la COVID-19.

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© HUG

Une étude menée par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Université de Genève (UNIGE) auprès de 3’121 personnes révèle que, au moment du déclin de la pandémie de COVID-19 entre le 1er juin et le 2 juillet 2021, 67% de la population genevoise a développé des anticorps contre le virus. Chez la moitié d’entre eux, la présence d’anticorps fait suite à une infection naturelle. Pour l’autre moitié, elle fait suite à la vaccination. La séroprévalence la plus haute se trouve chez les personnes de 65 ans et plus avec plus de 90% des personnes chez qui des anticorps ont été détectés et la plus basse, chez les moins de 12 ans parmi lesquels seul un enfant sur trois a été en contact avec le virus.

L’étude révèle de grandes variations entre les groupes d'âge. Ainsi, la grande majorité de la population de plus de 50 ans a maintenant des anticorps (95% chez les plus de 75 ans), tandis que cette proportion se monte à environ 60% chez les 18-50 ans et 85% chez les 50-65 ans. Les mineur·es ont des taux de présence d’anticorps bien plus bas et presque totalement dus à une infection naturelle, s’échelonnant entre 40% chez les 12-18 ans, 35% chez les 6-12 ans et 25% chez les moins de 6 ans.

«Bien que ces résultats semblent encourageants, la couverture vaccinale reste inférieure en Suisse par rapport à d’autres pays», nuance Silvia Stringhini, responsable de l’Unité d’épidémiologie populationnelle au Service de médecine de premier recours des HUG et professeure assistante au Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE. Selon elle, «des pays avec un niveau d’immunité bien plus élevé, tels que le Royaume-Uni ou Israël, sont en train d’expérimenter une nouvelle et importante augmentation du nombre de cas qui pourrait sonner le glas du relâchement de certaines mesures sanitaires. Il faut que la population se vaccine avant la reprise de la circulation du virus qui pourrait être imminente.»

Laurent Kaiser, médecin-chef du Service des maladies infectieuses des HUG et professeur ordinaire au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’UNIGE de souligner «qu’une bonne couverture vaccinale dans la population est une protection contre la transmission rapide de variants.»

Les enfants très touchés par le virus ce dernier semestre

Depuis le dernier relevé de décembre 2020, les enfants constituent la catégorie qui a connu la plus forte augmentation de la séroprévalence. Comme ils ne sont pas encore vaccinés, les chercheurs en déduisent qu’ils ont formé la classe d’âge la plus touchée par la circulation du virus au cours des six derniers mois. L'augmentation de la séroprévalence est particulièrement forte pour les groupes d'âge les plus jeunes (0 à 6 ans: facteur 2 à 25% d’immunité; 6-18 ans: +15% à 30% d’immunité).

Pour Klara Posfay-Barbe, médecin cheffe du Service de pédiatrie générale des HUG et professeure ordinaire au Département de pédiatrie, gynécologie et obstétrique de la Faculté de médecine de l’UNIGE, «cette augmentation de la séroprévalence chez les enfants est aussi à mettre en relation avec le fait que les crèches et les écoles sont restées ouvertes durant la seconde vague. Les enfants s’infectent et transmettent le virus probablement autant que les adultes, mais développent heureusement rarement des formes graves de la maladie.»

Des lacunes en matière d'immunité subsistent donc, en particulier chez les jeunes enfants non-éligibles à la vaccination. «Il est très vraisemblable que le virus va continuer à circuler chez les plus jeunes et qu’une politique de vaccination active prendrait tout son sens pour interrompre la transmission du virus», estime Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours des HUG et professeur associé au Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE.

L’intérêt des études de séroprévalence

Les enquêtes de séroprévalence servent à mesurer la proportion de la population qui a déjà été exposée au coronavirus. Elles sont déterminantes pour estimer la dynamique de l’épidémie et préparer la réponse de santé publique qui convient. Ces études pourraient aussi permettre de mieux comprendre l’impact de certains variants, après une infection comme après la vaccination.

3’121 participants

L’étude a été réalisée auprès de trois catégories de personnes :

  • un échantillon représentatif d’enfants de moins de 18 ans et des membres de leurs foyers;
  • un échantillon représentatif de personnes de moins de 65 ans;
  • un échantillon aléatoire de personnes âgées de plus de 18 ans et qui avaient déjà participé à une enquête de séroprévalence dans le cadre des études conduites en 2020.

Cette population était constituée de 46,5 % de femmes et de 53,5% d’hommes, et incluait 647 mineurs de 0 à 18 ans.

L’étude a été conduite par l’Unité d’épidémiologie populationnelle du Service de médecine de premier recours (SMPR) des HUG, sous la direction de la Pre Silvia Stringhini et du Pr Idris Guessous. Elle a bénéficié de la collaboration du Laboratoire de virologie et du Centre des maladies virales émergentes, dirigés par le Pr Laurent Kaiser, de la Plateforme de recherche pédiatrique pilotée par la Pre Klara Posfay-Barbe. Son financement a été assuré par la Fondation privée des HUG, l’Office fédéral de la santé publique, l’Ecole Suisse de Santé publique (programme Corona Immunitas), le Centre des maladies virales émergentes ainsi que le Département de santé et médecine communautaires de la Faculté de médecine de l’UNIGE et le Département de médecine de premier recours des HUG.

Etude Specchio-COVID-19

Les personnes ayant participé aux études de séroprévalence sont aujourd’hui invitées à prendre part au projet Specchio-COVID-19. Cette plateforme a pour objectif de suivre le statut immunologique des Genevois-es au fil du temps afin de mieux comprendre les dynamiques immunitaires et de modéliser la progression de la pandémie. Elle vise également à mesurer et à étudier l’impact à long terme de la pandémie de COVID-19 dans le Canton de Genève, à travers plusieurs dimensions de la santé et de l’environnement social et économique.

 

13 juil. 2021

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