2007-2008

Quand les femmes pourront se protéger activement contre le sida - Les technologies de pointe au service des pays défavorisés

Des chercheurs en médecine de l’Université de Genève (UNIGE) et de la Fondation Mintaka pour la recherche médicale viennent de découvrir une nouvelle molécule. Celle-ci pourrait constituer un grand pas dans la lutte préventive contre le sida, en fournissant aux femmes et aux jeunes filles des pays en développement les moyens de se protéger contre le virus. L’annonce de cette découverte paraîtra le 11 novembre prochain dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS).

Avec plus de deux millions d’adultes et d’enfants infectés en 2007, dont les 95% vivent dans les pays défavorisés, le sida constitue l’une des maladies épidémiques les plus alarmantes. Pourtant, selon les spécialistes, les substances dites «microbicides» pourraient contribuer à limiter la propagation de la maladie. Ces dernières sont directement applicables sur les muqueuses corporelles, sous forme de mousses ou de crèmes, et préviennent activement l’intrusion du virus dans le corps lors des rapports sexuels. Or, sous la direction du prof. Oliver Hartley, une équipe de la Faculté de médecine de l’UNIGE vient de mettre au point une molécule très prometteuse.

Depuis un certain temps, ces scientifiques du Dpt. de biologie structurale et bioinformatique de l’UNIGE suivaient la piste d’une protéine anti-sida, qui, quelle que fût la complexité des moyens techniques déployés pour la découvrir, devait être aisée à produire. C’est Mintaka, une fondation dirigée par le prof. Robin Offord, qui avait fixé cette exigence aux chercheurs. De son côté, la fondation menait à bien les recherches permettant de démontrer que cette protéine pourrait être fabriquée à bon marché, ceci peut-être même dans certains pays en voie de développement.

La quête d’un microbicide efficace et pas trop onéreux
Plusieurs grandes institutions ont déjà tenté la conversion de molécules, utilisées à d’autres fins, en microbicides. Malheureusement, la plupart ont échoué : les produits obtenus n’étaient pas assez puissants ou, pire, ils favorisaient l’infection. Mais, depuis la fin des années 90, les recherches des profs Hartley et Offord se sont démarquées par leur usage des données modernes concernant le mode d’action du virus du sida. Leurs résultats ont permis l’élaboration de molécules d’un tout autre genre, spécifiquement conçues pour fonctionner contre le VIH. Pour rappel, en 2004, ces chercheurs avaient déjà développé une protéine, qui compte parmi les substances anti-sida les plus puissantes actuellement connues : ce fut la première capable de protéger les femelles macaques d’une infection par voie vaginale.

Pari difficile, mais pari gagné
Bien que des organismes publics américains, britanniques et africains aient vivement encouragé les équipes genevoises à passer à la phase clinique des tests, ces dernières ont pris le pari d’approfondir leur étude et de consacrer trois années encore à l’optimisation de «leur» molécule : n’ayant pu obtenir la garantie que les coûts de production pourraient être suffisamment abaissés, elles craignaient de se retrouver, après un très conséquent investissement, avec un produit que seuls les pays riches pourraient s’offrir.

A l’UNIGE, l’équipe de Oliver Hartley, aidée par des collaborateurs français et américains, a découvert la nouvelle molécule via une technique innovante intégrée à l’ingénierie des protéines, expressément conçue pour la circonstance. Le nouveau-né des microbicides, désigné sous l’appellation de 5P12-RANTES, «marche tout aussi bien que la précédente chez les macaques sur lesquels nous l’avons testé, mais ne coûtera qu’une petite fraction de son prix», selon Oliver Hartley. Mintaka prend désormais le relais concernant la phase clinique d’expérimentation.

Les populations ne sauraient attendre
Ternissant ces perspectives, en plus du financement de la recherche autour du microbicide, un obstacle de taille demeure : alors que l’industrie pharmaceutique propose habituellement de financer ce stade, très coûteux, du développement d’un produit, elle reste très prudente lorsque les acheteurs potentiels ne disposent pas de gros moyens. De fait, bien que plusieurs institutions aient financé cette découverte avec une générosité certaine, même les plus grandes d’entre elles ne disposaient pas d’un stratagème pour faire face au décuplement des dépenses engendré par les tests de sécurité. Les gouvernements et les organismes de financement commencent à prendre conscience de ces lacunes : il faut souhaiter qu’en dernière analyse, ils sauront la combler. «Entre-temps, des millions de personnes, dont une majorité de femmes et de jeunes filles, auront contracté le virus du sida», conclut Robin Offord.

Que fait la fondation Mintaka ?
Organisation à but non lucratif placée sous la surveillance du Gouvernement fédéral helvétique, Mintaka est officiellement reconnue d’utilité publique par le canton de Genève. Cette fondation gère plusieurs projets fondés sur le recours à des techniques de pointe, visant des solutions simples aux problèmes de santé publique des pays en développement. Les substances et procédés élaborés sous ses auspices doivent être libres de toute redevance dans les pays en développement.

Contacts:
Pour obtenir de plus amples informations, n’hésitez pas à contacter
le prof. Oliver Hartley , aux tél. +41 22 379 54 75 et 078 827 05 57,
ainsi que le prof. Robin Offord, au +41 79 293 57 81

Plus d’informations sur : www.mintakafoundation.org

6 nov. 2008

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