Article dans "Le Temps" : Un GIEC sur la pollution est en gestation

Un nouveau panel scientifique international, inspiré de l'influent Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), est en train d'être mis sur pied. Le nouveau comité scientifique, placé sous l'égide de l'ONU, sera bientôt chargé d'informer les pays sur les risques liés à la pollution : en effet la liste est longue des substances chimiques et autres polluants ayant des impacts sur l'environnement et la santé. Les règles de fonctionnement de cette nouvelle organisation font l'objet de discussions cette semaine au Centre international de conférences de Genève. Certains points s'avèrent sensibles. Le journal Le Temps a interviewé à ce sujet Kari De Pryck, politologue à l'Université de Genève et membre de l'Institut des sciences de l'environnement.

Pour Kari De Pryck, "créer un tel panel permet de mettre une problématique à l'agenda politique. Les gouvernements sont confrontés aux données des scientifiques et associés à la production de documents. Cela porte ses fruits, comme on l'a encore vu avec l'IPBES, grâce à laquelle la crise de la biodiversité a pris davantage de place dans le débat public". Attention toutefois à ne pas trop attendre de ce nouveau comité, met en garde la politologue : "C'est positif que des scientifiques informent les décideurs, mais il ne faut pas imaginer que cela va complètement dépolitiser les débats sur les produits chimiques et la pollution, qui sont liés à d'importants enjeux économiques. Il y a un fort risque que le secteur privé tente d'influencer les recommandations du panel, afin d'éviter des mesures qui lui seraient défavorables. C'est pourquoi des procédures strictes seront indispensables pour éviter de potentiels conflits d'intérêts".

L'article a été publié dans Le Temps le 20 juin 2024 ; il est accessible en ligne pour les personnes ayant un abonnement au journal.