Cerner la transition énergétique chinoise à l'heure de la COP29
La Chine, principal émetteur de gaz à effet de serre, est également sur le point de dominer le secteur des énergies renouvelables : d’ici 2030, celles-ci devraient représenter 60 % de la capacité mondiale en énergies vertes, selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie. Rien qu’en 2023, elle a ajouté 217 gigawatts à sa capacité solaire. En 2022, le pays a investi 650 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, les véhicules électriques, le réseau électrique, le chauffage et le stockage d’énergie, soit deux fois plus que l’Europe, selon un rapport publié en octobre par le think tank Strategic Perspectives.
Cependant, la Chine incarne un paradoxe : malgré sa position de leader dans la transition énergétique, elle reste le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre. En août dernier, un rapport du CREA (un groupe de réflexion finlandais) révélait que 90 % des centrales à charbon en construction dans le monde se trouvaient en Chine, faisant d’elle à la fois un "bon" et un "mauvais" élève du climat. Pour comprendre ce paradoxe, Le Temps a interviewé Elliot Romano, collaborateur scientifique à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), qui a offert des éclaircissements.
"La Chine tient sans doute compte du réchauffement climatique, mais il y a surtout un intérêt économique. Elle doit s’aligner sur les règlements climatiques qui se mettent en place en Europe, un important débouché pour son industrie", explique le collaborateur scientifique, faisant référence au "Carbon Border Adjustment Mechanism", un mécanisme européen visant à taxer le bilan carbone des produits importés à partir de 2026.
"La Chine vise également à exporter son électricité, d’abord dans son voisinage, puis plus loin en Asie et en Europe", estime le scientifique qui relève cette fois que des lignes de longue distance, similaires à celles qui existent au Canada, s’érigent entre la Chine et le monde extérieur. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre des prises de participation chinoises croissantes dans des infrastructures européennes, selon un article du Groupe d’études géopolitiques en 2021.
"Aujourd’hui, l’Europe est dépendante de la Chine pour énormément de marchandises. Si elle ne réagit pas, elle pourrait demain en dépendre sur le plan énergétique", prévient Elliot Romano, qui estime que c’est déjà largement le cas. La Suisse mise notamment sur une explosion d’électricité solaire qui dépend de panneaux fabriqués en Chine.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article publié le 13 novembre 2024 dans Le Temps. Il est accessible sur le site web du journal pour les personnes abonnées.
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