D'après une étude, des climats froids ont favorisé les pandémies dans l'Empire romain
Des chercheurs ont reconstitué le climat romain entre 200 av. J.-C. et 600 ap. J.‑C., autrement dit une période qui englobe les deux derniers siècles de la République romaine (de 200 à 27 av. J.‑C.) et plus d’un siècle après la chute de l’Empire romain d’Occident (en 476 ap. J.‑C.). Ils ont constaté qu’à partir du deuxième siècle ap. J.‑C. les conditions étaient de plus en plus fraîches et de plus en plus sèches, ce qui a coïncidé avec trois pandémies évoquées dans les sources antiques. À la fin de l’été, les températures moyennes étaient ainsi inférieures de 3 °C par rapport à la période chaude. Or "on sait que ces conditions météorologiques sont plus favorables à la circulation des virus", comme l’explique dans une interview au Figaro le professeur Markus Stoffel, climatologue à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UNIGE. "Nous connaissions l’existence de ces épidémies, mais jusqu’à présent, les historiens et les paléoclimatologues avaient de la peine à bien les attribuer."
Les auteurs précisent cependant que "les mécanismes reliant le changement climatique physique et les maladies infectieuses sont particulièrement complexes. (...) Les épidémies impliquent toujours un mélange de facteurs sociaux, et évolutifs. Le stress induit par le climat pourrait avoir joué un rôle de déclencheur ou d’amplificateur d’une épidémie, dans l’apparition ou l’intensification de la mortalité épidémique (ou les deux)." De plus, ces pandémies n’étant pas limitées à Rome, les auteurs ne peuvent se prononcer pour expliquer si le climat en a bien été la cause. Mais ces travaux confirment que plusieurs décennies de stress climatique, des périodes froides et sèches, ont créé les conditions favorables à une plus grande mortalité, et ont contribué à fragiliser l’Empire.
L’étude publiée dans Science Advances s’intitule "Climate change, society, and pandemic disease in Roman Italy between 200 BCE and 600 CE". L’article du journal Le Figaro est paru le 26 janvier 2024 ; il peut aussi être consulté en ligne (accès payant).
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