Initiative "pour la responsabilité environnementale" et limites planétaires
Soumise au vote le 9 février prochain, l’initiative "pour la responsabilité environnementale" repose sur le concept de "limites planétaires". Dans leur argumentaire, les initiants rappellent qu’au niveau mondial, six des neuf limites identifiées en 2009 par une équipe internationale de chercheurs sont d’ores et déjà dépassées. Le texte qui sera soumis au peuple le 9 février 2025 demande donc que la Suisse "ne dépasse plus" ces limites dans un délai de dix ans. Mais lorsqu’on parle de limites planétaires, de quoi s’agit-il exactement ? Hy Dao, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève, apporte des éléments de réponse dans une interview pour le journal La Côte.
Hy Dao explique que lorsqu’on parle de limites planétaires, "ce qui est en jeu c’est l’équilibre du 'système Terre'. Ce concept s’intéresse aux processus globaux qui assurent à l’humanité un environnement qui lui permet de se développer correctement. Le plus connu de ces processus, c’est la stabilité du climat. Si le climat devient instable, c’est tout l’équilibre du 'système Terre' qui est mis en péril, avec des conséquences notamment sur l’agriculture ou des risques de désastres. Les inventeurs du concept ont défini neufs processus censés assurer le bon fonctionnement de la Terre et la survie de l’humanité. L’initiative 'pour la responsabilité environnementale' se focalise sur six d’entre eux : le changement climatique, la perte de la biodiversité, la consommation d’eau, l’anthropisation de la couverture du sol, les pertes d’azote et de phosphore."
À la question de savoir si le concept de limites planétaires peut véritablement être traduit politiquement, Hy Dao répond que "dans le cas des six limites inscrites dans l’initiative, il n’y aurait pas de problème à les convertir en mesures concrètes. Ces thématiques font d’ailleurs déjà partie de la politique environnementale du pays. Ce qui serait nouveau, ce serait de mettre des chiffres sur ces différents objectifs, en lien avec les limites globales." Et pour ce qui est de savoir si le délai de dix ans que fixe l’initiative est réaliste, le chercheur explique que "ce calendrier correspond à ce que dit la science : d’après elle, il faudrait prendre d’importantes mesures dans les dix ans à venir. Mais honnêtement, au vu des conditions-cadres actuelles, je ne pense pas qu’il soit possible de respecter ce délai, car cela impliquerait un changement radical d’état d’esprit. Reste qu’on peut toujours être surpris : l’histoire récente a montré qu’il était possible que les autorités et la population se mobilisent pour quelque chose qui semblait inimaginable par le passé."
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez lire l’interview publiée le 17 janvier 2025 dans La Côte. Elle est accessible sur le site web du journal pour les personnes abonnées. Hy Dao a également été interviewé par le quotidien 20 Minutes, qui a consacré plusieurs articles à l’initiative "pour la responsabilité environnementale". Hy Dao a évoqué le concept de limites planétaires et son importance dans "La planète Terre, équilibre fragile", et répondu à diverses questions concernant la faisabilité de l’initiative dans "Environnement : 'La Suisse est dans une position unique'". Ces deux articles ont été publiés le 30 janvier 2025 dans 20 Minutes. Le second est librement accessible en ligne sur le site web du journal.
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