papillon

 

Natacha Stein

 

abandon

J’ai pleuré sur ton cœur

Des larmes de sang

En giclures pourpres

Mon amour a taché les murs

 

ataraxie

Inattingible.

 

écho

Ses joues sont potelées et parsemées de tâches incarnates. Un visage de tarte aux fraises. Mais quand elle dort, son teint est plus clair – presque diaphane – et, par instant, sa peau paraît translucide. L’éclat virginal de l’enfance marque ses traits et sa peau semble irradier dans la nuit. Une couronne de cheveux blonds, qui lui encadre le visage, participe de cette vision angélique. Ma fille a un nez droit, des sourcils épais, et deux lourdes paupières qui cachent l’azur de ces yeux amandes. La douceur de ses traits a le caractère particulier de l’innocence. Le visage n’est pas encore rongé par les épreuves de la vie, comme l’est celui de sa mère. Il ne porte pas la marque du temps, de la souffrance, de la violence, du deuil. Je lui ressemblais tellement à l’époque. Mon Écho à moi. La nostalgie de la candeur m’emplit… Faites qu’on ne lui vole pas sa voix comme on me déroba jadis la mienne.

 

faiblesse

Ma mère crie. Son corps s’effondre. Je laisse le papillon sortir.

 

léthifère

Certains disent que l’âge l’a endurcie. Qu’elle est devenue méchante. « Détends-toi un peu », qu’on lui répète. Sa mère lui dit qu’elle ne comprend pas pourquoi elle s’est autant « assombrie », cette enfant qui était si « solaire ».  Il aurait fallu le remarquer dix ans plus tôt. C’est trop tard, ça brûle trop. Elle était douce petite, c’est vrai. On la voyait souvent sourire. Mais tout ça, c’était avant. Un truc un peu embêtant s’est passé. On n’ose pas trop en parler. C’est plus facile comme ça. Il pleut encore trop souvent, il faut rentrer à la maison. On a déménagé depuis. Pour que ce soit plus facile à oublier peut-être.

 

mensonge

Quotidien.

 

vulnérabilité

Aux tréfonds de l’âme, dure et rêche, se trouve un papillon. J’essaie de le cacher, de le protéger. Les voix du monde sont trop violentes, il ne doit pas en connaître les cris. Alors je l’enfouis. Parfois, j’entends sa voix, étouffée ; il me dit qu’il ne respire plus bien. Je l’ignore, alors il se tait. Le papillon n’a plus beaucoup de force, il bat doucement des ailes quand il entend qu’on ne m’aime plus. Je danse jusqu’à ce que je ne sente plus son frémissement sur mon cœur. Tais-toi, que je lui dis, je ne veux plus t’entendre, tu me fais mal.

 

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Photo : © Pezibear

Vers l’autoportrait

En s’inspirant de divers textes (Georges Bataille, Michel Leiris, Roland Barthes, Gérard Genette, Gustave Flaubert, Seî Shonagon), cet exercice s’attelle à la présentation de soi au travers de la forme du dictionnaire, du lexique ou du glossaire.

Ode au dodo
Yann Coutaz

Miroir, mon mot miroir
Lena De la Cruz

Le voyageur inconnu
Coralie Leuthold

Lexique funambulesque
Priscille Meier

papillon
Natacha Stein

Autoportrait
Anna Terzyan