A propos de loral
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et des sciences de
léducation
Université de Genève
1988
I. Pour une pédagogie explicite de loral
Dans le plan détudes romand, dans Maîtrise du français, dans le document du GRAP, on fait de la maîtrise de loral un objectif important, presque équivalent (?) à la maîtrise de lécrit. Du moins est-ce le cas dans les pages les plus générales. Dans les développements, le déséquilibre en faveur de lécrit sinstalle déjà.
Sur le terrain, il est encore plus net :
Ces constats peuvent se résumer en une formule : il nexiste pas, dans le cadre de lécole primaire romande, de véritable pédagogie de loral.
Si lon veut la créer, il faut sen donner les moyens. Ils seront symboliques : définition dobjectifs, affirmation régulière de limportance de loral, volonté affichée des autorités, des méthodologues, des formateurs daller au-delà des intentions pieuses. Ils seront aussi pratiques : moyens dévaluation et denseignement, formation des maîtres, recherche en didactique, observation des pratiques effectives.
Mais le plus important est peut-être de définir à grands traits ce que pourrait être une pédagogie de loral. Il manque en effet une conception claire qui pourrait orienter un ensemble de travaux coordonnés. Les textes officiels restent très abstraits et laissent dans lombre un certain nombre doptions fondamentales. Sans prétendre faire le tour du problème, ni aboutir demblée à un consensus, le texte qui suit présente quelques thèses qui pourraient amorcer une discussion de fond et préparer un travail plus approfondi.
Dans une seconde partie, on esquissera quelques conséquences pratiques des thèses qui précèdent, ce qui est une autre façon de les expliciter.
Les " thèses " qui suivent sont volontairement schématiques.
1. La maîtrise de loral est un objectif à part entière
Si, depuis quelle existe, lécole primaire utilise loral pour communiquer en classe, elle sest jusquà une époque récente préoccupée de lapprentissage de lécrit presque exclusivement. Lidée quon peut et quil faut enseigner la langue orale à lécole obligatoire est donc une idée neuve, du moins dans lesprit de la rénovation. Peut-être nest-elle pas suffisamment présentée et justifiée comme telle, en fonction dune conception de la scolarité obligatoire comme moment dacquisition de compétences de base utiles dans tous les métiers et dans toutes les conditions sociales, parmi lesquelles la faculté de sexprimer, dargumenter, de communiquer dans les situations les plus diverses de la vie quotidienne devrait importer au moins autant que la lecture.
2. Une véritable maîtrise de loral ne nacquiert pas spontanément
Bien sûr, tout le monde sait parler et écouter en arrivant à lécole et progresse au fil des années. Mais les différences sont très fortes dans ce domaine, et conditionnent dautres inégalités devant lenseignement comme devant la vie. Ne pas enseigner loral, cest ne se donner aucun moyen daller dans le sens dune maîtrise générale des compétences de communication.
3. La maîtrise de loral est une compétence pratique
Lenseignement de lécrit a du mal à se dégager dune conception élitiste de la langue, qui met laccent sur une norme unique proche du modèle littéraire et qui donne au savoir sur la langue autant dimportance quà sa maîtrise pratique. Une pédagogie de loral pourrait suivre la même pente, aboutissant à une image de la compétence cultivée proche des pratiques et des valeurs des classes instruites, insistant sur la forme, le style, la correction syntaxique, la préciosité des tournures ou du vocabulaire, etc.
Contre cette tendance, il faut privilégier une approche pragmatique, au sens quasi linguistique du terme : considérer la langue orale comme un instrument pratique de communication dans des situations concrètes, avec des enjeux concrets : convaincre, argumenter, négocier, sexpliquer, sinformer. En un mot : maîtriser les actes de parole en pratique plutôt quen théorie.
4. La maîtrise de loral est spécifique
La maîtrise de la langue orale nest pas, dun point de vue linguistique, la simple transposition de la maîtrise de lécrit : les normes et contraintes syntaxiques et morphosyntaxiques sont différentes, compte tenu notamment du contexte, de la redondance, du texte à plusieurs voix (dialogue). Le travail du sens est différent puisquil y a interaction, donc feed-back, approximations successives en fonction des réactions de linterlocuteur, possibilités de métacommunication, autrement dit de recherche dun consensus sur le code, les règles et le sens de la communication. Lorthographe na quune importance marginale (pour les liaisons par exemple), mais il y a des contraintes phonétiques et phonologiques propres à loral : prononciation, accentuation, pause de la voix, débit, neutralisation (?) des accents régionaux, " ponctuation " de la chaîne parlée.
5. Au-delà du langage, la compétence de communication
La maîtrise de loral nest rien si elle nest pas intégrée à une compétence de communication qui suppose, au-delà de la maîtrise de linstrument linguistique, la maîtrise des situations déchange, tant dun point de vue socioaffectif et relationnel (oser sexprimer, gérer linteraction) que dun point de vue culturel (savoir " ce que parler veut dire " dans telle ou telle situation) et intellectuel (planifier un discours, conduire une stratégie argumentative ou explicative).
6. Pédagogie de loral et pédagogie générale
Parce quelle est plus quune maîtrise technique, la maîtrise de loral est liée, plus encore que dautres apprentissages, au développement global de la personne et à la formation dattitudes envers soi-même, la communication, la conversation, léchange, les autres. Tout cela ne passe pas par des activités scolaires au sens étroit du terme mais par une éducation en un sens plus large. Ce qui renvoie à dautres objectifs de lenseignement primaire actuel.
7. Le temps de la pratique
La maîtrise de loral sacquiert essentiellement par la pratique ; or cette pratique prend du temps. Il ny a pas de pédagogie de loral sans temps de parole, tant pour le groupe que pour chacun des élèves. Pratiquer une pédagogie de loral, cest donc aménager dans la vie de la classe des moments nombreux et réguliers pendant lesquels les élèves ont loccasion de sexprimer et de sécouter sur toutes sortes de sujets (écouter le maître et répondre à ses questions nest quune forme déchanges parmi dautres ; elle ne devrait pas être la seule).
8. Ne pas parler pour ne rien dire
La pratique de loral ne peut être formatrice que si elle correspond à un véritable besoin de sexprimer ou de comprendre. Autrement dit, une pédagogie de loral passe par la création de véritables situations de communication, avec de vrais enjeux entre les interlocuteurs. Moins encore que dans le travail scolaire " ordinaire ", les élèves ne peuvent sinvestir dans la communication que sils en voient le sens et lintérêt. Une pédagogie de loral ne peut être quune pédagogie active et fonctionnelle.
9. Multiplier les situations de communication
Une pratique régulière permet au moins dentretenir les compétences acquises. Mais pour les développer, il faut être confronté à des contraintes de communication qui obligent à surmonter des difficultés nouvelles, qui seules peuvent engendrer des apprentissages ou les consolider.
Les meilleures contraintes sont celles qui se présentent " spontanément " dans le cours de la vie quotidienne, du travail scolaire, de la gestion de la classe. Mais la spontanéité ne peut se manifester que si la situation sy prête.
Une pédagogie de loral consiste donc dabord à multiplier les situations de communication, les occasions de sexprimer, de sexpliquer, de décrire, dargumenter, de décider. La principale ressource dune pédagogie de loral, cest donc le fonctionnement du groupe-classe, la nature du rapport pédagogique, les modes de coopération institués entre élèves, louverture sur lextérieur.
10. Diversifier les situations de communication
Une classe est un monde riche en situations de communication, mais leur diversité est limitée par la nature du travail, des locaux, des relations maître-élèves, etc. Même en exploitant toutes les ressources disponibles dans ce cadre, on ne touche pas à tous les modes de communication.
Pour élargir la gamme des situations de communication une pédagogie de loral a deux possibilités complémentaires :
11. Accepter certains artifices
La caractéristique de loral est de sajuster aux contraintes de la communication ; lorsquon partage un contexte, lorsquon vit ensemble des heures par semaine, lorsquon peut communiquer par gestes, on finit par se comprendre à demi mot. La communication se fait routinière. Or plus elle est économique, moins elle suscite dapprentissages. Une pédagogie de loral ne peut être intensive sans certains artifices. Ils peuvent être de trois types ; le maître peut :
Sur ces trois points, tout est question de dosage, donc de formation et dexpérience des maîtres.
12. Jouer avec les mots
Pour travailler spécifiquement loral sans le transformer en exercice scolaire classique, on peut jouer sur un registre essentiel, le jeu : jeux de rôles, jeux de communication, jeux de langage.
Créer des situations artificielles de communication na dintérêt que si les élèves sy impliquent personnellement. On peut alors tirer parti du fait quau-delà de ses aspects pragmatiques, la communication a une dimension ludique essentielle, quelle est à la fois un jeu social et un jeu avec la langue, jeu dans lequel les élèves peuvent sengager comme si leur vie en dépendait
13. Doter les maîtres de ressources didactiques
Tout ce qui précède indique bien quon ne saurait concevoir une pédagogie de loral appuyée sur des moyens denseignement classiques. On ne travaille pas loral dans des brochures présentant des exercices écrits, même sil faut compléter les bulles dune bande dessinée ou classer des actes de parole On ne peut pas non plus concevoir une méthodologie comme il en existe pour la lecture, avec des passages obligés, des étapes et une décomposition précise de la maîtrise globale en savoir-faire travaillés séparément.
Les ressources didactiques mises à disposition des maîtres devraient plutôt :
14. Observer loral pour mieux le pratiquer
Une pédagogie de loral peut utilement consacrer un certain temps à lobservation et à lanalyse des mécanismes de la communication et du fonctionnement de la langue orale. Mais ce ne peut être une fin en soi, à la manière dont on enseigne la grammaire. Dans lenseignement de loral, ne se justifient que les observations et les prises de conscience qui permettent une meilleure maîtrise pratique. Dans cet esprit, lanalyse des actes de parole, des intentions et stratégies des interlocuteurs, des niveaux de langue et des normes sociales gouvernant la communication pourraient être très formatrices.
15. La maîtrise de loral prépare à lécrit, mais
La maîtrise de loral est un objectif de plein droit et il ne faut pas limiter le travail de loral et surtout le temps quon lui accorde à ce qui paraît directement rentable dans lapproche de lécrit, par exemple des exercices découte, la restitution orale dune lecture ou largumentation autour dun texte.
Sans nier les différences dordre linguistique et sociologique entre loral et lécrit, il ne faut pas cependant en faire deux domaines totalement séparés. Il est possible quun début de maîtrise de la langue écrite, par exemple de la lecture, facilite chez certains élèves le développement de la langue orale. Dans lautre sens, il est sûr quune bonne maîtrise de loral est aussi, même si ce nest pas sa seule raison dêtre, un préalable à la maîtrise de lécrit. On ne voit pas comment un élève pourrait rédiger des textes sil nest pas capable dexprimer oralement quelques idées cohérentes. On ne voit pas comment sa syntaxe écrite serait adéquate si son langage oral est incompréhensible En travaillant loral, on travaille donc pour lécrit. Limportant est de ne pas senfermer dans cette perspective.
16. Articuler le temps de loral et le temps de lécrit
Si les objectifs sont différents, il nest aucunement nécessaire de cloisonner travail de loral et travail de lécrit en classe. Au contraire, beaucoup dactivités se prêtent, du moins à partir de la 2P-3P, à un double apprentissage. Cest en particulier lune des vertus des activités-cadres proposée par Maîtrise du français : en lançant les élèves dans une entreprise dune certaine ampleur orientée vers la production dun spectacle, dune exposition, dun conte, dune enquête, dun jeu, etc. on soblige à une large part de négociation (conception du projet, réglage de la division du travail, discussion des propositions des uns et des autres). Même si le produit est exclusivement ou partiellement écrit, le mode de production est très largement oral, ce quon a tendance à oublier tant cela va de soi. De telles activités sont donc des moyens privilégiés de créer des situations de communication fonctionnelles qui servent loral tout en ayant dautres aspects.
De façon plus générale, loral a toujours une double face :
Il nest donc pas du tout nécessaire de séparer constamment dans le temps les activités favorisant lapprentissage de loral de celles favorisant lapprentissage de lécrit. Cela exige cependant une plus grande maîtrise de la part de lenseignant, maîtrise faute de laquelle il sera conduit à privilégier constamment lécrit et à ne plus voir, dans les situations plus complexes, la part de loral. Ce qui le conduira à passer à côté de multiples occasions de faire de loral, pressé quil est darriver à ce qui lui paraît lessentiel, faire lire ou écrire des textes.
17. Évaluer loral, un problème épineux
On est pris dans ce domaine entre deux feux :
Lidée dune évaluation essentiellement formative est séduisante. Mais concrètement ? En principe, toute branche peut et devrait faire lobjet dune évaluation formative. En pratique, chacun fait ce quil veut dans sa classe, puisque son contrat de travail ne lui impose quune évaluation sommative. Mettre à disposition des ressources dévaluation formative ne suffit pas, puisque ne se servent de ces instruments quune minorité de maîtres qui : a. sont convaincus du bien-fondé de cette approche ; b. parviennent à utiliser les instruments proposés sans y passer des heures, en classe et hors de classe, ce qui ne va pas de soi.
Il est évident quil faut tendre, pour loral comme pour les autres domaines, vers une évaluation formative et vers une évaluation sommative sur la base de critères de maîtrise et dobjectifs plutôt que dune évaluation normative telle quon la pratique encore actuellement dans la majorité des classes.
À cours terme, si lon admet que loral doit être évalué pour être pris au sérieux, la moins mauvaise solution est sans doute dintégrer lévaluation de loral à une appréciation globale de la maîtrise de la langue, ce qui conduirait concrètement :
18. La différenciation, nécessaire et difficile
À loral, les compétences et les attitudes que les élèves apportent à lécole sont aussi diversifiées que dans les autres domaines. La différenciation de lenseignement est donc tout aussi nécessaire. Mais elle est encore plus difficile :
Ce dernier point est particulièrement important : on ne peut, par définition, " individualiser " la communication orale ; elle se passe dans un groupe plus ou moins large, dans lequel il faut gérer des différences souvent spectaculaires dans la participation. On sait bien que les élèves qui parlent le plus à lécole ne sont pas toujours ceux qui en auraient le plus besoin. Dans les situations de communication, on ne prête quaux riches. Les élèves qui nont pas envie de sexprimer ou le font difficilement ont toutes sortes de mécanismes de défense, facilités par la propension dautres élèves à monopoliser la parole. Le maître, soucieux du bon fonctionnement du groupe, nest souvent pas conscient de ces inégalités ou il se sent incapable de les neutraliser sans compromettre du même coup lactivité en cours.
La différenciation de lenseignement, en matière doral, doit donc emprunter des voies spécifiques, qui sont celles de lanimation dans le grand groupe, de la multiplication des lieux et des situations de communication dans la classe entre élèves, de la mise en place négociée de normes donnant à chacun le droit, le temps et les moyens de sexprimer et dêtre entendu.
À supposer quon soit daccord sur les thèses précédentes, comment avancer dans cette direction ? Il est évident que des déclarations dintention ne sauraient suffire. Il faut un dispositif daction dans divers domaines. On peut distinguer six axes complémentaires :
Sur chacun de ces points, il faudrait aboutir à un véritable programme de travail, avec un cahier des charges et une délégation soit à un groupe ad hoc, soit à une institution capable davancer et de faire des propositions concrètes dans un délai raisonnable. Sans aller jusque-là, on peut sur chaque point esquisser certaines directions de travail.
1. Expliciter les objectifs
Tel quils figurent dans le plan détude, dans Maîtrise du français ou dans le document du GRAP, les objectifs de loral restent assez vagues et se présentent plutôt comme une transposition simplifiée des objectifs de lécrit.
Cela manifeste une absence de réflexion fondamentale sur la langue orale et sa maîtrise.
Il sagit donc non seulement de rédiger des objectifs ou un plan détude, mais de faire un travail approfondi sur les compétences de communication et la maîtrise de loral telles quelles sont requises dans diverses situations de la vie quotidienne et professionnelle dès lâge adulte, et telles quelles sont requises dès lenfance et ladolescence, en situation scolaire aussi bien quen dehors de lécole.
Ce travail pourrait aboutir à des remaniements des documents officiels de référence, mais surtout à des prolongements dans des documents nouveaux à concevoir. Il faut accepter lidée que la légitimation de loral reste à faire et quil ne suffit pas de mentionner quelques mots clés abstraits comme sils allaient à eux seuls transformer les pratiques.
2. Moyens denseignement et pistes didactiques
Avant de lancer un groupe quelconque dauteurs généralistes ou spécialistes dans la production de moyens denseignement il faut, plus encore que pour lécrit, en discuter la conception. Un groupe de travail devrait donc, dans un premier temps, identifier ou inventer le type de moyens propres à une pédagogie de loral.
Dans ce travail, on ne part pas de zéro. Il y a dune part des recherches psycholinguistiques et sociolinguistique qui éclairent la communication et peuvent suggérer des pistes. La psychologie sociale, par exemple, est riche en situations expérimentales qui peuvent, transposées, suggérer des jeux de communication intéressants. Par ailleurs, il existe depuis longtemps, dans certaines classes, toutes sortes de pratiques de loral qui, sans faire lobjet de directives officielles, ni correspondre à des méthodologies établies, pourraient être des sources dinspiration, à supposer quon se donne les moyens de réunir linformation la plus large sur les pratiques, en particulier dans les classes qui se réclament dune pédagogie active ou coopérative.
3. Vers une évaluation de loral
Le travail pourrait sorienter dans deux directions complémentaires :
a. sefforcer dintégrer explicitement la dimension orale à une appréciation globale de la maîtrise du français telle quelle figure dans les bulletins scolaires et les appréciations destinées aux parents ;
b. fournir des instruments dévaluation formative assez simples et légers pour être utilisés couramment par le plus grand nombre possible denseignants.
Ces deux tâches sont complémentaires et surtout elles renvoient lune et lautre à une tâche fondamentale préalable : clarifier la nature de la langue orale et fournir un certain nombre de descripteurs utilisables, pas trop nombreux, pas trop techniques, des compétences de communication et de la maîtrise de loral. Le travail conduit à léchelle romande pour la 2P montre quil est possible de suggérer toute une série dactivités et de situations dobservation qui renseigneront les maîtres sur les compétences de leurs élèves à loral. On ne peut pas faire comme sil suffisait de bien connaître ses élèves pour pouvoir dire quelque chose de précis de leurs compétences. Lexpérience montre au contraire que le " diagnostic " est souvent très vague, du type " difficulté dexpression ", " réticence à sexprimer devant le groupe-classe ", " manque de vocabulaire ", etc.
Une approche plus analytique permettrait davoir quelque chose à dire dans une évaluation sommative globale ; le peu de cas fait de loral sexplique en partie par la difficulté den parler, faute de catégories conceptuelles et dun langage commun. On ne parvient guère, par conséquent, à identifier clairement les difficultés, même lorsquil serait possible dindividualiser un peu lenseignement.
4. Formation des maîtres
Loral est comme la prose : nous en faisons sans le savoir, cest-à-dire sans disposer des concepts et des mots qui permettraient den parler un peu précisément, de décrire aussi bien les situations de communication que les compétences des élèves. La formation des maîtres dans ce domaine consiste donc notamment à leur donner des instruments de représentation de loral inspirés des sciences humaines.
La formation devrait aussi, bien entendu, couvrir les aspects didactiques et lévaluation, en tenant compte du fait quon ne peut enseigner une véritable méthodologie et quil faut donc plutôt préparer les maîtres, notamment :
5. Recherche sur la langue orale et son apprentissage
En linguistique aussi, loral est souvent le parent pauvre de la recherche. Et une partie des travaux psycholinguistiques et sociolinguistique portant sur loral nont pas dapplications immédiates en didactique. Il subsiste donc de nombreuses zones dombre dans les connaissances théoriques, et plus encore dans les connaissances applicables à lenseignement. On ne peut évidemment prétendre combler toutes ces lacunes à léchelle de la Suisse romande seulement. Mais on pourrait identifier, compte tenu des forces de recherche disponibles dans les centres et les universités, quelques points forts dans lesquels investir dans la recherche sur loral, lapprentissage de loral et la didactique de loral. Et sassocier à dautres travaux francophones.
6. Lobservation des pratiques
Elle doit se poursuivre, mais en devenant plus spécifique, cest-à-dire centrée sur des domaines particuliers, en loccurrence la pratique de loral en classe, quelle soit spontanée, partiellement inconsciente, ou quelle soit délibérée en fonction dune volonté de donner de limportance à loral, dinventer des situations didactiques, de lévaluer. Lobservation devrait donc porter à la fois sur des classes tout venant pour mieux comprendre la nature des pratiques et des obstacles auxquels elle se heurte, et sur des classes dans lesquelles on cherche à aller plus loin en matière denseignement ou dévaluation de loral.
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