Proactivité et réactivité : deux orientations pour concevoir des dispositifs visant le développement de la sécurité industrielle par la formation - Les leçons du projet FOResilience
Auteurs
Simon Flandin
Germain Poizat
Romuald Perinet
Résumé
Dans un monde exposé à l’incertitude et aux bouleversements, le développement de la résilience des organisations est souvent évoqué comme piste d’amélioration de la performance. Conçue comme un complément — mais aussi parfois comme un contre-pied — aux approches de gestion basées sur l’anticipation et la préparation, le développement de la résilience vise à améliorer la capacité des acteurs à réagir de façon opportune à des situations qui sortent du cadre habituel de fonctionnement. Malgré l’intérêt croissant pour ce changement de paradigme, peu de cas concrets de mise en œuvre et d’analyse des effets ont été documentés.
Le travail présenté dans ce document est tiré du projet de recherche FORésilience, piloté par Simon Flandin et Germain Poizat de l’Université de Genève, et financé par la Foncsi. La recherche a été effectuée dans deux principaux domaines : la sécurité dans une industrie à risque et la gestion interprofessionnelle d’un événement de sécurité majeur. Les auteurs explorent les effets de principes prometteurs pour des formations dites « à et par » la résilience, qui visent à améliorer la capacité de professionnels à assurer et rétablir la sécurité. Trois éléments de leur positionnement sont à souligner :
- Ils s’intéressent à la « formation » au sens large, incluant tous les dispositifs de développement des compétences et du professionnalisme des intervenants, avec une attention particulière pour ceux qui s’éloignent du modèle classique (et quasi-scolaire) de formation en salle: exercices de crise, séminaires d’échange et de partage, coaching, interventions organisationnelles.
- Ils s’intéressent davantage aux activités et dispositifs qui développent la capacité des professionnels à interpréter une situation ambiguë, à agir et coopérer dans des situations imprévues ou critiques, qu’aux activités visant le suivi quasi-mécanique d’une procédure prescrite ou le déroulement d’un plan pré-établi.
- Ils considèrent la sécurité comme résultant autant d’un travail quotidien de développement des capacités à agir de façon pertinente dans un contexte en constante évolution, que de la conception initiale d’un système technique sûr et d’un ensemble de prescriptions couvrant toutes les situations possibles.
Deux familles de dispositifs de formation/intervention sont analysées :
- Ceux qui développent la proactivité en situation ordinaire, c’est-à-dire les activités quotidiennes qui créent des conditions favorables au bon fonctionnement. Il s’agit de différentes formes d’échange entre les professionnels visant une meilleure compréhension partagée des conflits entre objectifs, des arbitrages rendus, des difficultés rencontrées (par exemple des procédures peu adaptées à certaines situations) et des possibilités d’amélioration.
- Ceux qui favorisent la réactivité en situation extraordinaire et critique, c’est-à-dire la capacité de rebond suite à une déstabilisation organisationnelle critique. Il s’agit principalement d’approches basées sur la simulation, comme les exercices de crise, mais utilisées dans l’intention d’améliorer la capacité des professionnels à assurer une sécurité gérée, plutôt que l’utilisation classique des exercices pour vérifier le bon déroulement de plans (amélioration de la composante réglée de la sécurité).
Année de parution
2021
Éditeur
9 juil. 2022