Thèses

Isaline Ruf

Étude des pratiques enseignantes en résolution de problèmes mathématiques à l’école primaire

Notre thèse de doctorat s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par le Fonds national suisse[1] mené par l’équipe de didactique des mathématiques à l’Université de Genève. L’objectif principal de ce projet est d’interroger la dialectique entre les pratiques enseignantes et l’activité des élèves en résolution de problèmes mathématiques, envisagée en tant qu’objet d’enseignement et d’apprentissage à part entière. Notre recherche porte plus particulièrement sur l’étude des pratiques effectives ordinaires d’enseignant·es exerçant au niveau primaire lorsqu’ils et elles engagent leurs élèves dans de telles activités. Nous visons ainsi à mieux comprendre comment ils et elles organisent et gèrent de telles séances, en particulier à la lumière des deux processus complémentaires que sont la dévolution et l’institutionnalisation. Autrement dit, nous nous proposons d’analyser leur manière de dévoluer la résolution de problèmes et ce qu’ils et elles institutionnalisent à l’issue de ces séances. En complément, nous cherchons à étudier la manière dont les enseignant·es soutiennent l’activité de leurs élèves, en particulier les régulations des apprentissages qui s’opèrent dans leurs interactions avec elles et eux (Allal, 2007). L’analyse de ces régulations est à mettre en lien avec les pratiques d’évaluation formative et nous nous appuierons ici sur le travail de Chanudet (2019). Pour ce faire, des observations (3 à 5 séances) seront réalisées dans six classes genevoises du cycle 2 (élèves âgé·es de 8 à 12 ans) sur un temps « long », à l’échelle d’une année scolaire. Les données récoltées (enregistrements audiovisuels des séances en classe) seront analysées, dans une visée compréhensive, avec les outils issus du cadre théorique de la double approche ergonomique et didactique (Robert & Rogalski, 2002). L’identification et la caractérisation des pratiques enseignantes ordinaires (effectives) en résolution de problèmes s’appuiera également sur des entretiens menés avant et après ces séances avec les enseignant·es de sorte à mieux comprendre leurs objectifs, leurs choix mais aussi les contraintes qui pèsent sur leur enseignement. Par ailleurs, l’ensemble des énoncés des problèmes proposés aux élèves pendant l’année seront recueillis afin d’en étudier la nature et l’articulation, dans le but de mieux saisir l’itinéraire cognitif que proposent les enseignant·es à leurs élèves.

Notre recherche vise, dans un deuxième temps, la mise en place d’un travail collaboratif avec les enseignant·es observé·es, l’enjeu étant de mieux comprendre certains aspects de leurs pratiques professionnelles, d’engager une réflexion commune quant à des moyens de soutenir la mise en œuvre de la résolution de problèmes dans les classes et donc de générer de nouveaux savoirs, à partir du double point de vue chercheur·euses-praticien·nes (Bednarz, 2015). Il s’agira ensuite d'analyser leur potentielle évolution à la suite d’un tel travail collaboratif : notre thèse cherche ainsi à étudier l’effet du dispositif de formation sur les pratiques des enseignant·es. Ainsi, l’année suivant ce travail collaboratif, de nouvelles observations et analyses seront réalisées en vue de repérer un possible changement de leurs pratiques.

 

[1] Ce projet (2023-2027) s’intitule « Étude des processus de dévolution et d’institutionnalisation dans le cadre d’un enseignement de la résolution de problèmes en mathématiques. Approche collaborative et élaboration d’une ressource pour les enseignants. ». Co-requérants Jean-Luc Dorier et Maud Chanudet, Subside n° 100019_212761 / 1.

 

Quelques références bibliographiques :

Allal, L. (2007). Régulations des apprentissages : Orientations conceptuelles pour la recherche et la pratique en éducation. In L. Allal & L. Mottier Lopez (Éd.), Régulation des apprentissages en situation scolaire et en formation (p. 7‑23). Bruxelles: De Boeck.

Bednarz, N. (2015). La recherche collaborative. Carrefours de l’éducation, 39(1), 171‑184.

Brousseau, G. (1998). Théories des situations didactiques. La pensée sauvage.

Chanudet, M. (2019). Etude des pratiques évaluatives des enseignants dans le cadre d’un enseignement centré sur la résolution de problèmes en mathématiques [Thèse de doctorat en Sciences de l’Éducation]. Université de Genève.

Charnay, R. (1988). Apprendre (par) la résolution de problèmes. Petit x, 42(3), 21‑29.

Charnay, R. (1992). Problème ouvert, problème pour chercher. Grand N, 51, 77‑83.

Margolinas, C. (1993). De l’importance du vrai et du faux dans la classe de mathématiques. La pensée sauvage.

Morrissette, J. (2013). Recherche-action et recherche collaborative. Quel rapport aux savoirs et à la production de savoirs ? Nouvelles pratiques sociales, 25(2), 35‑49.

Robert, A. (2008). La double approche didactique et ergonomique pour l’analyse des pratiques d’enseignants de mathématiques. In La classe de mathématiques : Activités des élèves et pratiques des enseignants (p. 59‑67). Octarès.

Robert, A., & Rogalski, J. (2002). Le système complexe et cohérent des pratiques des enseignants de mathématiques : Une double approche. Canadian Journal of Science, Mathematics and Technology Education, 2(4), 505‑528. https://doi.org/10.1080/14926150209556538

 



[1] Ce projet (2023-2027) s’intitule « Étude des processus de dévolution et d’institutionnalisation dans le cadre d’un enseignement de la résolution de problèmes en mathématiques. Approche collaborative et élaboration d’une ressource pour les enseignants. ». Co-requérants Jean-Luc Dorier et Maud Chanudet, Subside n° 100019_212761 / 1.