« Le monde de demain ne sera viable que s’il fonde une société faite pour tous les êtres, sans répression dirigée contre une race, un comportement, une parole, une morphologie, une capacité… L'intégration de la personne handicapée représente une dimension fondamentale de la reconnaissance de l'autre, d'un autre sujet de relation et d'échange, et non objet de recherche et d'exclusion.

Cette démarche n'apparaît possible, pour le moins, que par une remise en question profonde d'un système ségrégatif qui ne peut tendre à devenir intégratif que s'il se modifie dans son essence même. La transformation des mentalités et des structures ne peut émerger que dans une prise de conscience généralisée et au travers de passages à l'acte responsables.

La dédramatisation du handicap passe par une remise en cause d'un concept de normalité dont le révélateur essentiel est un système compétitif fondé sur la disparité des conditions et l'inégalité des "talents". L'échéancier social ne tolère point les retords, les rendez-vous ratés, les expressions originales ou exceptionnel les.

Par ailleurs, le quasi consensus social à propos de Io marginalisation et de la mise en ghetto a conduit progressivement à une stigmatisation opérante, régie à la fois par les impératifs socio-économiques, et plus finement par l'ignorance, les préjugés, les peurs et les tabous.

Et pourtant, les convergences entre personnes handicapées et non-handicapées sont de loin plus nombreuses que les divergences. »