Titre provisoire. L'écriture des jeunes primo-migrant.es par la pratique du journal : de l'écriture impliquée à l'écriture académique entre expression de soi et apprentissage

 

Cette recherche a pour objectif la compréhension des apprentissages en milieu scolaire des jeunes primo-migrants et primo-migrantes scolarisés en France au sein des Unités Pédagogiques pour Élèves Allophones nouvellement Arrivés (UPE2A).  Ces apprentissages englobent l’apprentissage du français langue seconde mais également les disciplines en classe de rattachement telles que les mathématiques, l’histoire-géographie, les sciences et les langues vivantes.

La plupart de ces jeunes renferment une histoire, des évènements vécus parfois difficiles et douloureux. Le fait de devoir parler une langue seconde qu’ils ne maitrisent pas entraine des blocages et une peur de la stigmatisation.   L’écriture se présenterait comme un facilitateur pour leur donner la parole ou faire parler l’indicible. Les questions de recherche sont centrées sur la portée de l’écriture dans leur apprentissage du français, des autres disciplines, dans leur métier d’élève et les ressources que ces jeunes mobilisent pour progresser et se re-construire.

La pratique de l’écriture du journal est l’outil méthodologique central mobilisé dans cette recherche privilégiant ainsi une approche compréhensive et une étude qualitative des données recueillies. Rémi Hess, professeur émérite à l’Université Paris 8 a été l’initiateur du journal et notamment chez les étudiants-chercheurs. Il le définit comme un véritable outil réflexif qui permet à chacun de trouver écho dans sa pratique et notamment garder la mémoire de son auteur au rythme de son quotidien (2016). Philippe Lejeune, spécialiste de l’autobiographie et du journal définira le journal comme une « technique éducative » (1993).

Le journal alliant écriture impliquée et écriture réflexive permet l’analyse des processus de subjectivation, de construction identitaire et d’expression de soi. Il vise entre autres à produire des éléments biographiques tels que des récits de vie, des autobiographies langagières : Comment l’écriture permet aux élèves de passer d’auteur à acteur de leur propre vie ? Comment l’écriture de la culture d’origine influence-t-elle la progression de ces jeunes ? Le bilinguisme favoriserait-il leur apprentissage et quels savoirs mobilisent-ils pour progresser ? Dans quelle mesure l’écriture narrative favoriserait-elle l’identification à soi et aux autres ? Comment l’acte d’écrire conduit-il à l’implication des jeunes allophones au désir d’apprendre et à la construction d’un projet de vie ?

Le dispositif de recherche prévoit la collaboration avec deux classes UPE2A de deux collèges présentant un contraste sociologique et économique marqué.

Le cadre théorique fait référence aux approches socioculturelles, socio-éducatives, biographiques et philosophiques.