Argumentaire

Le projet familial est au cœur des migrations contemporaines et s’inscrit en trame de fond incontournable des stratégies de citoyenneté et d’intégration. L’époque où les individus migraient seuls laissant leurs familles au pays d’origine est révolue. L’immigration en Suisse et dans le monde n’est plus le fait uniquement des «travailleurs immigrés». Avec le regroupement familial, elle s’est généralisée à l’ensemble des membres d’une famille, et tend à se pérenniser sous cette forme-là. Cette tendance se retrouve également dans la migration d’asile. Face à des contextes de vie où règnent l’insécurité, l’instabilité, et l’absence de droits civiques, des familles entières prennent le risque de l’exil afin d’offrir à leurs enfants de meilleures conditions de vie et des perspectives d’avenir.

Après avoir longtemps passé sous silence les difficultés auxquelles font face les enfants migrants à leur arrivée, ou les avoir considérées essentiellement sous l’angle post-traumatique, des travaux empiriques récents en psychologie pointent des disparités plus étendues en matière de santé mentale et d’éducation, notamment chez les primo-arrivants. Ces enfants présentent, en effet, plus de probabilités que les non-migrants d’avoir des troubles neuro-développementaux, des difficultés langagières, émotionnelles ou comportementales, ou des retards cognitifs. Ces troubles impactent leurs performances scolaires et questionnent quant aux réponses et mesures à y apporter. Ils ne sont pas faciles à évaluer en présence de barrières linguistiques ou culturelles, et demandent d’articuler, pour mieux comprendre et intervenir, une perspective psychosociale et développementale, d’une part, pédagogique et thérapeutique, d’autre part.

À travers l’analyse des difficultés présentées et des trajectoires scolaires des enfants venus d’ailleurs, le présent colloque destiné aux professionnel.le.s de la santé, de l’éducation et du social, aux personnes en cours de formation, vise à dresser un état des lieux des problématiques rencontrées, des pratiques existantes et des défis actuels dans l’accueil et l’intégration des familles migrantes. Croisant les niveaux individuel, familial et institutionnel, les présentations mettront l’accent sur les déterminants structurels de la résilience. Il s’agira également d’esquisser des pistes de réflexion en matière de programmes de prévention ciblée, de manière à mieux accompagner et soutenir les efforts d’adaptation de ces familles et construire des interventions innovantes.

 

Colloque organisé par l'Unité de psychologie clinique interculturelle (FPSE),  en partenariat avec le Bureau de l’intégration et de la citoyenneté (BIC) et en marge du CAS Santé mentale, migration et culture.