Violentomètre
Le violentomètre pour le monde scientifique
Le violentomètre est un outil permettant de sensibiliser le public aux violences de genre. Il a été développé en 2009 par la Dre Martha Alicia Tronco Rosas, fondatrice de l’unité de gestion des questions de genre de l’Institut polytechnique national du Mexique dans le but d’aider la communauté de l’institution à identifier ces violences et réagir.
En 2023, la Fondation L’Oréal et IPSOS ont publié une enquête internationale sans précédent auprès du milieu de la recherche dans 117 pays. Cette enquête a révélé que 1 femme scientifique sur 2 a été victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail.
En partant de ce constat, la Fondation L'Oréal et l'équipe G-RIRE ont décidé de proposer une adaptation du violentomètre pour le monde scientifique afin de sensibiliser les personnes étudiant ou/et travaillant dans ces domaines et leur permettre d’évaluer leur environnement de travail.
Pour cela, Giorgia Magni a analysé dans un premier temps les 526 réponses à deux questions de la consultation :
- Comment expliquez-vous le fait que le harcèlement sexuel et/ou le sexisme constitue(nt) un problème dans le monde universitaire ou de la recherche ?
- Concernant la ou les situations que vous avez vécue(s) personnellement : dans quelle mesure cela vous a-t-il affectée ou a-t-il affecté votre carrière ?
De cette analyse ont émergé des situations de violence vécues quand on est chercheuse à l’université ou dans un institut de recherche, qui ont été par la suite classées en catégories. La création des catégories est issue d'un côté des travaux sur la construction des enquêtes quantitatives sur les violences sexistes et sexuelles (voir Note) et de l'autre des catégories émergeant directement des témoignages des participant-es à l’étude. Ces réponses ont été complétées par les données que la chercheuse a recueillies auprès d'étudiantes de la Faculté des Sciences de l'Université de Genève, dans le cadre de sa recherche doctorale portant sur l'impact des violences de genre vécues pendant les études universitaires sur les parcours académiques et les choix de carrière des personnes étudiantes subissant ces violences. Une fois les typologies crées, celles-ci ont été classées selon leur degré de gravité. Finalement, il a été décidé d’inclure dans l’outil une partie initiale avec des items décrivant un cadre de travail bienveillant pour donner une base de comparaison au public.
Plusieurs consultations auprès de l'équipe G-RIRE, de femmes scientifiques et de professionnelles travaillant sur les violences de genre ont été menées dans le but d'améliorer l'outil et le valider auprès du public cible.
Note : Certaines typologies ont été reformulées en prenant en compte les items des 4 catégories du Questionnaire sur les Expériences sexuelles (SEQ, pour son sigle en anglais) -harcèlement sexiste, harcèlement sexuel, comportements sexuels non désirés, coercition sexuelle- développé par Fitzgerald et collègues (1999) et repris en partie par Bergeron et al. (2016) pour construire le questionnaire de l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire (ESSIMU), sur la base duquel l’enquête doctorale de Giorgia Magni a été conçue.
Il est important de noter que malgré le fait que les typologies de violence ont été classées selon leur gravité nous sommes conscientes que ces actes de violence ne sont pas des actes isolés, mais ils doivent être considérés comme faisant partie d’un continuum de violence (Kelly, 1987) découlant des rapports de domination et de pouvoir à la base de cette violence de genre qui caractérisent l’expérience quotidienne des femmes.
Références :
Bergeron, M., Hébert, M., Ricci, S., Goyer, M.-F., Duhamel, N., Kurtzman, L., … Parent, S. (2016). Rapport de recherche de l’enquête ESSIMU. Montréal : Université du Québec à Montréal.
Fitzgerald, L. F., Magley, V. J., Drasgow, F. et Waldo, C. R. (1999). Measuring sexual harassment in the military : The Sexual Experiences Questionnaire (SEQ—DoD). Military Psychology, 11(3), 243-263.
Kelly, L. (1987). The continuum of sexual violence. In J. Hanmer & M. Maynard (Ed.).Women, violence and social control (pp. 46‑60). Springer.
Ce travail est le fruit de la collaboration entre :