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Cycle 2024-2025 "Soutenir la participation des publics en formation des adultes : à quelles conditions ?

Cycle de conférences publiques RIFT 2024-2025

"SOUTENIR LA PARTICIPATION DES PUBLICS EN FORMATION DES ADULTES :

A QUELLES CONDITIONS ?

 

Le nouveau cycle de conférences du laboratoire RIFT propose d’interroger le champ de la formation des adultes sous l’angle de la participation des publics, en privilégiant un accès aux différents travaux des équipes et partenaires associés du RIFT.

Dans le champ de la formation des adultes, le terme de « participation » peut être défini de différentes manières, selon les perspectives théoriques, pratiques ou personnelles adoptées. La participation à la formation serait au service d’une volonté de mouvements « d’inclusion », « d’intégration » ou encore « d’insertion » des personnes qui sont considérées comme ne l’étant pas suffisamment, voire comme la seule modalité permettant d’accéder aux résultats escomptés. En pratique, ces trois termes se différencient dans le langage courant de par les publics visés, les domaines d’activités ou encore les politiques publiques, sans que leurs usages puissent être complètement séparés par des frontières clairement établies.
Ainsi, l’« intégration » concerne majoritairement des personnes étranger·ère·s, réfugié·e·s ou migrant·e·s, plus globalement des primo-arrivants dans un système. Le terme « insertion » est le plus souvent mobilisé dans le domaine professionnel et touche des personnes exclues ou à distance du marché du travail (aide sociale, chômage, interruptions, etc.) ou à risque d’exclusion (crises économique, requalification). Enfin, l’« inclusion » concerne généralement des personnes en situation de handicap ou ayant une maladie chronique au sens de profils atypiques en référence à une norme établie.

Globalement, on peut considérer que la question de la « participation » en formation se pose à au moins trois niveaux :
• au niveau micro, dans le face à face pédagogique, où les formateur·trice·s cherchent par exemple à favoriser le fait que les participant·e·s posent des questions ou s’investissent dans un travail de groupe. La participation peut ici être considérée comme une variable du modèle d’animation ou devenir une injonction à une posture d’engagement attendue et encouragée ;
• au niveau méso, dans les dynamiques humaines au sein des organisations, avec des attentes en matière d’intégration culturelle au moment de la prise de poste («onboarding») ou au travers du management participatif lors de projets et/ou de changements. La participation peut ici être pensée comme un moyen de création de cohésion mais aussi devenir un outil alibi dans une confusion des rôles et des responsabilités;
• au niveau macro, en tant que finalité sociétale, dans la mesure où la formation favoriserait la participation active des adultes à la vie sociale, professionnelle ou culturelle, soutenant une insertion professionnelle ou une intégration sociale, notamment dans le cas de publics dits vulnérables. La participation peut ici être érigée comme une condition à l’obtention d’un résultat au bénéfice de toutes les parties prenantes ou au contraire devenir une injonction voire une condition contractuelle pour être aidé.

Il est possible de repérer des axes de tension liés à la problématique de la « participation », exprimés de manière tantôt implicite, tantôt explicite. La participation véhicule souvent des valeurs positives liées à la volonté de donner une place à chacune et chacun dans une dynamique de reconnaissance de la diversité, soutenant des visées d’autonomisation, d’apprentissage et de démocratisation. Mais ces pratiques ne s’imposent pas naturellement et elles ne sont pas sans risques. Elles se confrontent fréquemment à des antagonismes entre les intentions déclarées et les réalités mises en oeuvre. Au-delà des discours, la participation en formation des adultes demeure un objet controversé et traversé de valeurs idéologiquement situées. Le but de ces mouvements serait de viser une participation des personnes dans la société. Or, parler de la participation sous l’angle de l’insertion/l’intégration/l’inclusion comporte aussi le risque de violence épistémologique, dans la mesure où la volonté de participation sous-entend qu’elle est nécessaire. Cela produit aussi une séparation entre les personnes qui participent et les personnes qui ne participent pas. Ce faisant, une scission émerge entre deux groupes sociaux, qui se distinguent par le fait que l’un des groupes n’est pas encore ou pas suffisamment intégré/inséré /inclus, selon la norme de
l’autre groupe. Dans cette perspective, la participation devient une injonction s’inscrivant dans des rapports de pouvoir, qui sont plus ou moins explicités par les acteurs sociaux. Ainsi, la formation comme soutien à la participation peut être questionnée dans sa finalité, dans la mesure où elle pourrait être mise au service d’une forme de normalisation sociale qui ne dit pas son nom. De fait, la problématique de la participation conduit également à réinterroger les pratiques de recherche en formation des adultes et plus largement en sciences sociales. Qu’elles soient désignées comme «collaboratives» ou «participatives», elles invitent aujourd’hui à repenser les rapports de participation entre la communauté des chercheuses et chercheurs et les publics concernés par ces recherches. Dans ces paradigmes aujourd’hui largement reconnus, les publics ne constituent plus des objets d’une investigation mais des actrices et acteurs impliqué·es, selon des modalités diverses, dans la production des connaissances. Mais ici aussi, la question se pose des conditions dans lesquelles se construit réellement la rencontre entre la recherche et ses publics. Ainsi, le cycle de conférences permettra de questionner le terme de « participation » en formation des adultes à travers
différents niveaux de pratiques sociales et grâce à la présentation de recherches, de dispositifs de formation ou de projets qui s’inscrivent dans ce mouvement de soutien à la participation ou de mise en discussion critique de ces pratiques.

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16 sept. 2024

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