La reconnaissance de la parenté
Voici le compte-rendu final d'un projet ANR (2008-2011):
Comment reconnaît ‐ on que deux individus sont d’une même famille ?
Les échanges au sein de la famille et la coopération entre les individus apparentées sont, autant d’un point de vue théorique, qu’expérimentale, plus important qu’avec des individus non apparentées. De ce constat, une question importante se pose sur les mécanismes qui permettent aux humains de catégoriser et reconnaître les individus apparentés. Comment savons nous qui sont nos apparentés ? La réponse est évidente et nous savons qui sont nos apparentés car durant notre enfance on nous l’a dit. Cependant, comme chez de nombreuses espèces non-humaines, il nous est possible de déduire implicitement la parenté à partir de multiples signaux. Les informations qui résultent du traitement de ces signaux peuvent avoir de nombreuses implications, qui jusqu’à présent ont été peu étudié par les psychologues. L’objectif de ce projet a donc été de développer un corpus cohérent de connaissance concernant les capacités humaines qui nous permet de catégoriser et reconnaître les individus apparentés. La ressemblance faciale étant un indice de parenté fiable dans le temps et visible entre différents types d’apparentement, nous avons développé nos recherches sur cet indice.
Tel père, tel fils : la ressemblance faciale un moyen d’étudier la parenté
Pour effectuer nos recherches, nous avons créé une bibliothèque de photos d’individus, parents, nouveau-nés, enfants, étudiants. La base de données comporte plus de mille visages. La détection faciale de la parenté repose sur le principe qu’il existe une ressemblance plus importante entre deux visages d’individus apparentés qu’entre deux visages d’individus non apparentés. Pour évaluer le degré de ressemblance entre deux individus apparentés (parent et enfants, frère/soeurs, cousins/cousines…) nous avons utilisés, avec les participants non familiers, des tests de choix forcés ou des jugements de similarité. Dans les tests de choix forcé, le participant devait indiquer parmi un choix de trois visages, lequel était apparenté avec l’individu cible.
Résultats majeurs du projet
Nos recherches montrent que nous sommes compétents, mais pas experts, pour détecter la parenté en utilisant les indices faciaux et que la détection peut être influencée par le degré de parenté entre les individus, mais également par de multiples facteurs perceptifs. Cependant cette capacité est robuste, puisqu’elle “résiste“ à certaines altérations (visage statique, en noir & blanc…). Elle semble être fonctionnelle précocement et dépend fortement de la composante individuelle (e.g., ordre de naissance) et de l’environnement familial dans lequel le participant a grandi.
Production scientifique
Nos travaux suggèrent que la capacité à détecter la parenté chez des individus qui nous sont inconnus à partir de la ressemblance faciale est robuste (Kaminski et al. 2010a), fonctionnelle précocement (déjà présente à 5 ans, Kaminski et al. 2012) et que le(s) processus cognitif(s) permettant de détecter des apparentés en comparant leurs visages est peu spécialisé à un type de visage (Kaminski et al. 2010b) et à un type de parenté particulier (Kaminski et al. 2009).
Revues à comité de lecture : multipartenaires
Kaminski, G., Méary, D., Mermillod, M. & Gentaz, E. (2011) “Is it a he or a she? Behavioral and computational approaches to sex categorization“. Attention, Perception, & Psychophysics 73(5):1344-1349.
Kaminski, G., Méary, D., Mermillod, M. & Gentaz, E. (2010) “Perceptual factors affecting the ability to assess facial resemblance between parents and neonates in humans“- Perception 39: 807-818
Revues à comité de lecture : monopartenaire
Kaminski G, Gentaz E, & Mazens K (sous presse) Development of children’s ability to detect kinship through facial resemblance. Animal Cognition
Kaminski, G., F. Ravary, C. Graff, and E. Gentaz. (2010) Firstborns's Disadvantage in Kinship Detection. Psychological Science, 21:1746–1750
Kaminski, G., Dridi, S., Graff, C. & Gentaz, E. (2009) “Human ability to detect kinship in strangers’ faces: effects of the degree of relatedness” - Proceedings of the Royal Society B 276: 3193-3200
Communications : multipartenaires
Kaminski G., Meary D., Mermillod M. & Gentaz E. (2008) - EHBE, Montpellier, France. Communication affichée : “The spitting image of his father/of her mother.”
Communications : monopartenaire
Kaminski G. (2011) “Human ability to detect kinship in unrelated and unfamiliars’ faces“International Conference on Social Cognition and Neuroscience - Hangzhou, China
Kaminski G., Ravary F., Mazens, K., Graff, C. & Gentaz, E. (2010)- EHBE, Wroclaw, Pologne. Communication orale : “Human ability to detect kinship in strangers’ faces“
Kaminski, G., Dridi, S., Graff, C. & Gentaz, E. (2009) - IEC, Rennes, France. Communication affichée: “Human ability to detect kinship in strangers’ faces: effects of the degree of relatedness“
Kaminski G., Ravary F., Graff, C. & Gentaz, E. (2010) – SFP, Lille. Communication orale :“First-borns at a disadvantage? Laterborns surpass first-borns in kinship detection of strangers’ faces”
Kaminski G., Ravary F., Graff, C. & Gentaz, E. (2010) – SFECA, Toulouse. Communication orale : “Être aîné: un désavantage pour détecter la parenté ?”
Kaminski G., Jolly C., Berger C., Mazens, K. (2010) – Rencontres du Pôle Grenoble Cognition Communication orale : Comment les enfants comprennent-ils l'hérédité biologique ?
Communiqué de presse
Kaminski, G. & Gentaz, E. (19 sept. 2011) Quel beau bébé ! …est-ce une fille ou un garçon ? Communiqué Pôle Grenoble Cognition
Kaminski, G. & Gentaz, E. (4 dec. 2010) L’avantage du petit frére pour détecter la parenté Communiqué CNRS-INSB
Kaminski, G., Dridi, S., Graff, C. & Gentaz, E. (26 juin 2009) “Un petit « r » de famille“. Communiqué CNRS