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Concepteur/trice en e-learning : un art et un métier

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Le "e" du e-learning est devenu omniprésent, sa présence décuplée par la crise sanitaire du coronavirus. Toutefois, il reste difficile à préciser… Parle-t-on d'un outil ? d'une plateforme numérique pour produire et diffuser des contenus ? ou d'une réorganisation de l'espace physique et temporel et des interactions entre acteurs et actrices de la formation ?

Les outils, les pratiques et les attentes évoluent rapidement dans le domaine de la formation à distance. La réponse aux questions soulevées ci-dessus n’est donc ni aisée ni unique : tout dépend de l’expérience et du contexte propres à chacun-e.

Une certitude pour autant : avec les restrictions sanitaires liées au coronavirus, nous avons toutes et tous vécu diverses situations d’apprentissage à distance : une discussion sur Zoom, le visionnage d’un MOOC, des discussions sur un forum, un brainstorming sur Padlet, etc. Ces outils et plateformes numériques ont rapidement investi notre quotidien, portés par les mesures de confinement et le recours massif au télétravail. Il n’y a donc plus une seule forme de e-learning, mais de nombreuses formes qui co-existent.

Avoir recours à et savoir utiliser ces outils et plateformes suffit-il pour pouvoir dire « je fais de l’e-learning » ? « Non, et loin de là, explique Kalli Benetos, directrice du CAS en Conception et développement de projets e-learning. Faire de l’e-learning, c’est avoir la connaissance non seulement des outils et plateformes, mais aussi et surtout savoir quand les utiliser, pour produire quels effets, à quels moments, et pour soutenir quelles interactions pour obtenir quels résultats. En d’autres termes, l’intérêt de l’e-learning repose sur la pertinence du dispositif de formation construit qui amène les participant-es à atteindre les objectifs d’apprentissage et à acquérir les compétences visées. » L’e-learning ne s’improvise donc pas, il se conceptualise et se développe au rythme d’une partition mûrement réfléchie et scénarisée.

Cette partition prend la forme d’un scénario pédagogique : les outils et plateformes sont choisis en fonction de leurs spécifications, en adéquation avec les objectifs d’apprentissage et le contexte des activités pédagogiques dans lesquelles ils seront utilisés afin d’apporter une plus-value. Puis, telles les notes sur une portée de musique, les différents dispositifs sont mobilisés au moment propice afin que tous leurs effets puissent se déployer et se faire entendre, sans surcharge cognitive inutile qui viendrait parasiter le processus d’apprentissage des participant-es. « Concevoir et développer un projet e-learning est à la fois un art et un métier », ajoute Kalli Benetos. De la même manière qu’un chef d’orchestre coordonne le jeu des instruments, un-e concepteur/trice en e-learning compose le scénario pédagogique, lequel se déploie alors dans un environnement numérique sous l’orchestration de l’enseignant-e.

Mais une symphonie n’est mélodieuse que si les instruments s’accordent entre eux. Il en va de même pour un projet e-learning. Le rôle du/de la concepteur/trice est de s’assurer de la pertinence des supports mobilisés (vidéos, infographies, pages web, quizz, etc.) et de la qualité de leur production. Les compétences à mobiliser sont donc multiples : scénarisation pédagogique certes, mais aussi maîtrise de la production vidéo, du langage HTML ou encore des rudiments d’un logiciel comme Adobe Captivate qui permet de créer des cours multimodaux embranchés. Fort heureusement, le/la concepteur/trice en e-learning n’est pas seul-e ! Contrairement aux croyances communes, il/elle ne travaille pas isolé-e dans une tour d’ivoire, mais à l’interface entre les participant-es à la formation, les formateur/trices, et éventuel-les informaticien-nes, graphistes, etc.

Le rôle d’un-e concepteur/trice en e-learning est ainsi au cœur de l’expérience formative. Il ou elle s’assure que les besoins de formation et l’environnement numérique dans lequel le scénario pédagogique se déroule sont en parfaite adéquation et permettent de réaliser les objectifs d’apprentissage. Un rôle de plus en plus important dans une société qui se numérise et dont les besoins en formation tout au long de la vie s’ancrent dans les parcours de vie.

Forte de ces constats, l’Université de Genève propose depuis 2007 un Certificat de formation continue (CAS) en Conception et développement de projets e-learning. Ce programme introduit les outils et les pratiques actuelles de l’apprentissage en ligne et vise à promouvoir chez ses participant-es un esprit de concepteur et conceptrice de formations dont les choix techno-pédagogiques apportent une réelle plus-value aux contenus des formations dont ils s’occupent. Les participant-es sont ainsi amené-es à réaliser leur propre projet e-learning tout au long du cursus, accompagné-es de manière personnalisée et en bénéficiant des derniers développements académiques dans le domaine.

 

Quels types d’environnements de formation en ligne choisir ?


Quelques recommandations de Kalliopi Benetos « D’abord, je préfère parler de familles de plateformes plutôt que de nommer un outil plutôt qu’un autre, nous explique Kalli Benetos : une plateforme qui va parfaitement convenir dans un contexte ne conviendra pas du tout dans une autre situation avec un autre public. Il y a des familles de plateformes avec des degrés d’ouverture et d’accès plus ou moins strictes possibles, selon les choix institutionnels. Tout comme il y a des familles de plateformes qui proposent des modalités d’interactivité synchrones ou collaboratives plus ou moins adaptées selon le contexte. Alors que choisir ? Dans le contexte d’une formation d’une certaine durée, structurée autour de cours suivis par une cohorte de participant-es qui doivent soumettre des rendus qui seront notés, une plateforme telle que Moodle répondra certainement aux besoins de formation. Par contre, dans un contexte de formation avec des personnes qui ne sont pas nécessairement affiliées à une institution et qui ont des besoins de formation très précis et qui doivent rapidement être satisfaits, alors Moodle ne sera pas le meilleur choix. On pourra alors plutôt se tourner vers des capsules vidéo dans une plateforme qui permet de facilement faire une recherche et un tri. En ce sens, je ne recommanderai pas de choisir un outil, une plateforme, plutôt qu’une autre, le choix doit être adapté : s’il l’est alors il n’y a pas de mauvais choix ! Comment faire ce choix ? La vraie question est là, et le CAS en Conception et développement de projets e-learning permet d’acquérir les connaissances et compétences qui permettent d’y répondre. »