Quelle est l'histoire de la machine d’Anticythère?

© Hublot sur des données du Antikythera Mechanism Research Project
Que sait-on de la machine d’Anticythère tant convoitée dans le dernier Indiana Jones et a-t-elle vraiment existé?
La célèbre machine, clé de l’intrigue dans le film Indiana Jones et le Cadran de la Destinée (2023), se trouvait à bord d’un navire romain, qui coula vers 50 av. J.-C. près de l’île d’Anticythère. Retrouvée au début du XXème siècle, l’épave attire régulièrement de nouvelles équipes de fouilles et fait actuellement l’objet de nouvelles recherches, co-dirigées par le Professeur Baumer, de l’Unité d’archéologie classique de l’Université de Genève.
La machine a-t-elle vraiment existé? La réponse est donc oui. A-t-elle été construite par Archimède? La réponse est probablement non.
À quoi servait-elle réellement? Il est désormais certain qu'il s'agissait d'un calculateur analogique qui décrivait les mouvements solaire, lunaire et des planètes visibles à l’œil nu, sans que l'on puisse à proprement parler d'horloge astronomique car le mécanisme était actionné par une manivelle. Elle servait également à prévoir les éclipses. Des fouilles supplémentaires permettraient éventuellement de récupérer les pièces manquantes de la machine, ainsi que d’obtenir les réponses à d’autres mystères autour des trésors oubliés au fond de la Méditerranée.
Un vaste champ d’études
Contrairement au mythe notamment propagé par les films d’Indiana Jones, l’archéologue classique ne cherche pas de trésors perdus, mais vise à documenter de manière scientifique les vestiges matériels découverts sur des sites ou au fond des mers. Cela permet de donner un éclairage différent sur notre passé, complémentaire à celui que nous décrivent les sources antiques.
L’archéologie classique étudie donc les vestiges matériels et de l’imaginaire, en particulier grecs et romains, sur une période d’environ 1'500 ans, allant du moindre fragment de céramique ou d’une pièce de monnaie en bronze, jusqu’aux prouesses architecturales monumentales, telles que le Parthénon sur l’Acropole d’Athènes ou le Colisée de Rome. Elle comprend également l’étude des cultures proches du bassin méditerranéen (étrusque, italique, punique, etc.) et qui s’étendent jusqu’aux rives de la mer Noire, entre la période du Néolithique et jusqu'à la fin de l'Empire romain et à la christianisation. Enfin, l’archéologie classique étudie l'influence qu’a exercé l’art antique sur les périodes postérieures, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours. L’étude contextuelle et historique, le travail sur le terrain et l’histoire de l’art antique permettent de comprendre ces civilisations qui nous semblent si proches et si éloignées à la fois.
Mieux comprendre le monde d’aujourd’hui
Avec son regard sur la matérialité du passé, l’archéologie classique permet également de mieux comprendre le présent: comme dans l’Antiquité, nous sommes entourés d’un ensemble de matériaux et d’objets, d’architecture et d’images. Comprendre les vestiges et leur fonction et usage dans l’Antiquité invite à questionner notre propre réalité. Quelle est l’influence des civilisations grecque et romaine dans l’architecture, l’iconographie, les œuvres d'art ou les objets de notre vie quotidienne? Qu’est-ce que nos villes et nos maisons révèlent de notre société? Quelles traces subsisteront de nous dans le futur? Par la distance et la proximité, les cultures étudiées nous invitent à réfléchir sur notre propre vie. L’archéologie classique ouvre le regard sur notre monde actuel.
La Session de formation continue «De Troie à Alexandrie: art et archéologie du monde grec» ne constitue pas simplement une initiation aux cultures dites "classiques”, mais permet également d’apporter un nouveau regard sur notre réalité.
Entre le 1er mars et le 24 mai 2024, 12 semaines d’enseignement à distance vous sont proposées par l’Université de Genève. Elles sont ponctuées par trois journées de regroupement à Genève, comprenant des visites de Musées et d’expositions. Cette formation permettra, par exemple, de comprendre comment dater le naufrage du bateau d’Anticythère, mais aussi l’intérêt d’y mener de nouvelles recherches.
Poursuivez vos découvertes autour de 10 questions posées à Patrizia Birchler Emery, chargée de cours au département des Sciences de l’Antiquité de l’Université de Genève et coordinatrice des formations continues en Archéologie classique.