Juin 2020

Entretien

La parole à... Konstantin Ivanov

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M. Konstantin Ivanov, de nationalité suisse et russe, est diplômé du MGIMO à Moscou (Institut d'État des relations internationales, Faculté des relations économiques internationales) et du Cours linguistique des Nations Unies à Moscou auprès de l'Institut d'État des langues étrangères Maurice Thorez, qui formait les traducteurs-trices et les interprètes russes pour l'ONU dans les années 1960-1980.

De 1978 à 1982, il a travaillé comme traducteur à l'Office des Nations Unies de Genève puis il a enseigné pendant dix ans la traduction et l’interprétation au Département de français du MGIMO, au Centre russo-français du français des affaires auprès du MGIMO et de la Chambre du commerce et d’industrie de Paris, et aux Cours supérieurs des langues étrangères près le ministère russe des Affaires étrangères. Il a ensuite travaillé pendant six ans pour le FMI, dirigeant une petite équipe d'interprètes et de traducteurs-trices travaillant à Moscou dans le domaine de l’administration fiscale.

Basé à Genève depuis 1998, M. Ivanov est interprète indépendant (russe, anglais, français, espagnol et ukrainien) pour de nombreuses organisations (UIT, BIT, OMS, OMM, OMPI, OMC, ONUG, FMI, BERD, CDE, PNUE, OSCE, UEFA, etc.). Il a enseigné à la FTI depuis novembre 2006 des cours d’interprétation simultanée et consécutive, du français et de l’anglais vers le russe. En 2009, il a obtenu à notre faculté la Maîtrise d’études avancées (MAS) pour formateur d’interprètes de conférence, avec un mémoire intitulé « Enseignement de l’interprétation simultanée avec texte ».


Monsieur Ivanov, pouvez-vous nous dire ce que signifie pour vous enseigner l’interprétation ?

Pour donner une réponse succincte, c’est former la relève en vue d’assurer la pérennité de cette merveilleuse profession qu’est la nôtre, tout en créant une concurrence pour nous-même sur le marché de l’interprétation. Mais il s’agit là d’une concurrence saine et stimulante qui nous tire vers le haut et nous rend fiers de ce que nous avons accompli au service de notre métier. J’adore travailler avec mes ancien-nes étudiant-es ! Voir comment ils/elles ont progressé est une source de grande satisfaction. D’autant plus que, dans le cas de la formation des interprètes de conférence, où le transfert du savoir-faire (de ces fameux skills !) et du savoir-être professionnel occupe une place prépondérante par rapport au transfert du savoir, ces progrès sont très visibles. Ajoutez à cela le fait que j’ai été le premier formateur d’interprètes avec le russe A après que la langue de Pouchkine soit venue intégrer les langues actives enseignées à la FTI, l’une des trois meilleures écoles d’interprétation au monde, et vous comprendrez mieux ce que je ressens !

Comment avez-vous vécu les derniers mois avec le confinement et l’enseignement à distance ?

L’achèvement de ma carrière à l’université a pris un format plutôt inattendu. Comme tout le monde, j’ai dû faire face à beaucoup de difficultés, de stress et de fatigue mentale. Ma charge de travail a doublé. J’avais des doutes, mais, sous l’impulsion de notre formidable équipe dirigeante ou, comme nous l’appelons entre nous, notre propre « compagnie aérienne » KLM (Kilian Seeber, Lucía Ruiz Rosendo, Manuela Motta), notre Département a su se réinventer et s’adapter à la nouvelle réalité sans trop de dégâts. Grâce à Zoom, mes cours à distance d’interprétation consécutive par paire de langue n’ont presque pas souffert. Par contre, faute d’une base technique appropriée, les cours à distance d’interprétation simultanée, tout en permettant à mes étudiant-es de perfectionner leur savoir-faire, n’ont pas pu, et ne peuvent peut-être pas, de par la nature de ce métier très spécial, remplacer la formation en présentiel.

Enfin, pouvez-vous nous dire deux mots de vos projets pour la retraite ?

Trouver d’autres débouchés pour mettre à profit mes talents de formateur en matière d’interprétation : coaching, cours individuels et collectifs en présentiel ou à distance, collaboration avec d’autres établissements d’enseignement suisses ou étrangers, etc. Finir de rédiger un article, commencé il y a quelques mois, sur le Département d’interprétation de la FTI (où j’ai travaillé quand même 15 ans), pour la revue russe des interprètes et des traducteurs « Мосты » (« Bridges »). Et continuer à travailler comme interprète de conférence … aux côtés de mes ancien-nes élèves !

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