Juin 2020

Entretien

La parole à... Ian Newton

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M. Ian Newton, de nationalité britannique, parle l’anglais, l’allemand, le français et le russe. En 1977, il a obtenu un Master of Arts de l’Université de Cambridge en langues modernes et médiévales. L’année suivante, il a suivi une formation professionnelle pour interprètes de conférence auprès de la Commission européenne. De 1980 à 1989, il a travaillé comme interprète indépendant, d’abord à Bruxelles puis à Genève, auprès de nombreuses organisations internationales (ONU, BIT, OMS, OMPI, CSCE, entre autres). Depuis 1990, il a été fonctionnaire, interprète de conférence, auprès du Bureau international du Travail (BIT), a assumé différentes fonctions dans la gestion des conférences et, en 2010, a été nommé chef interprète. Il a enseigné à la FTI, assurant la coordination du cours de consécutive générale, qui réunit l’ensemble des étudiant-es en interprétation travaillant dans leurs diverses combinaisons linguistiques. Il a participé à l’élaboration d’un mémorandum d’accord, signé en 2017 entre l’UNIGE et le OIT, afin de renforcer la coopération dans le domaine de la formation des étudiants en interprétation de conférence.


Monsieur Newton, pouvez-vous nous dire ce que signifie pour vous être interprète et enseigner l’interprétation ?

Enseigner l’interprétation de conférence est un immense privilège, mais également une grande responsabilité. En tant que Chef interprète d’une grande agence spécialisée des Nations-Unies, j’ai toujours été de l’avis que, pour pouvoir donner l’image d’une profession pérenne promise à un brillant avenir, l’interprétation doit pouvoir compter sur des représentants de grande qualité de toutes les générations – de jeunes diplômés, fraîchement sortis de l’université, tout autant que de vieux routiers, bénéficiant de longues années d’expérience. Une fois en cabine, toutes et tous ont quelque chose à apporter aux autres – et à apprendre des autres. Il est extrêmement passionnant de préparer les étudiant-es à cet apprentissage qui dure toute une vie, et si réjouissant de voir celles et ceux que nous avons formé-es faire partie des « équipes de choc » travaillant dans des conférences internationales.

Comment avez-vous vécu les derniers mois avec le confinement et l’enseignement à distance ?

Pendant ce dernier semestre à la FTI et juste avant le confinement, j’ai eu la chance de passer une semaine à St. Pétersbourg, à l’Université de Herzen, avec laquelle le Département d’Interprétation entretient un partenariat de longue date, pour offrir un séminaire aux formateurs des enseignants de cette faculté. De retour à Genève, j’ai découvert que nous étions en train de passer à un mode de travail bien différent, qui exigeait un effort d’adaptation considérable. La direction du Département a su accompagner ce changement avec brio et, surtout, relever les défis technologiques qui se sont posés. Les étudiant-es en interprétation ont également fait preuve d’une énorme capacité d’adaptation, sans perdre de vue qu’ils/elles se préparaient à exercer une profession de la communication et du contact humain ; même si, dans une certaine mesure, le travail à distance fera sans doute partie intégrante de leur avenir professionnel, les contacts directs sont un ingrédient essentiel de notre activité.

Enfin, pouvez-vous nous dire deux mots de vos projets pour la retraite ?

C’est une fierté immense pour moi d’avoir vu autant d’étudiant-es mûrir pour devenir des représentant-es exceptionnel-les de la profession d’interprète, et de les avoir accompagné-es pendant un bout de chemin. Les interprètes, avec leur grande capacité d’écoute, de compréhension et de communication dans la neutralité et l’impartialité, aident les pays du monde à maintenir le dialogue, même dans les conditions internationales les plus difficiles. Voilà en quoi consiste cette noble vocation que, à la FTI, nous avons la chance de partager ! Quant à moi, je vais voguer vers d’autres horizons : j’ai toujours eu l’ambition de me mettre à l’étude du chinois… !

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