Lancement du projet MIME
A la Faculté de traduction et d’interprétation (FTI) de l’Université de Genève (UNIGE), le professeur François Grin et ses collaborateurs vont, en plus d’y participer, coordonner le projet MIME - Mobility and Inclusion in Multilingual Europe -, un projet européen de recherche de type FP7, doté de cinq millions d’Euros. Interdisciplinaire dès sa conception, impliquant 16 pays, MIME a été retenu par la Commission Européenne (CE) parmi 20 dossiers concurrents, parce qu’il répond à l’exigence de mettre en œuvre à la fois la démarche scientifique et la vision à long terme que recherchent les responsables des politiques publiques. Pour la CE en effet, il s’agit de relever le défi de favoriser la mobilité des Européens dans un continent multilingue, tout en favorisant la cohésion sociale et l’inclusion des citoyens dans des sociétés ayant leurs caractéristiques linguistiques et culturelles propres. Dans ce contexte, l’attribution d’un financement conséquent à MIME correspond à des attentes précises, tant en termes de synthèse et d’analyse des données récoltées que de formulation d’éléments éclairants pour les acteurs politiques sur divers plans : fonctionnement des institutions, rapports de voisinage dans des métropoles multiculturelles, enseignement des langues, stratégies de communication et critères d’arbitrage entre scénarios concurrents en matière de gestion de la diversité.
Pour être retenu et doté d’un financement FP7, le projet de recherche ouvert à candidatures dans le programme-cadre européen « Multilingual Challenge » devait embrasser des questions concrètes liées à la diversité linguistique en Europe. C’est le cas de MIME, pour Mobility and Inclusion In Multilingual Europe, un projet qui se propose de scruter des domaines aussi divers que l’éducation, les environnements de travail multilingues -publics ou privés-, la préservation et la promotion des langues minoritaires menacées ou les défis liés à l’intégration des migrants locuteurs de langues extra-européennes. Le tout en cherchant à concilier deux objectifs : la culture de la diversité et la mobilité des personnes.
C’est une université suisse, celle de Genève (l’UNIGE), qui se retrouve à coordonner un projet emblématique de l’Union Européenne et de ses principes fondateurs ; elle fera collaborer des chercheurs issus de 16 pays et dirigés par 25 chefs de groupe autour du thème, helvétique par excellence, du multilinguisme. Cet état de fait interpelle et fait réfléchir au rôle prépondérant des échanges transfrontaliers pour la bonne santé de la recherche. Pour les chercheurs suisses impliqués dans MIME, c’est une occasion exceptionnelle de partager les connaissances dans un réseau extrêmement ramifié et bien représentatif d’une dynamique européenne dont ils sont moteurs autant que bénéficiaires.
Les langues, de la matière vive
La gestion des langues et du multilinguisme constitue un très important défi à relever pour l’Europe actuelle. Elle recoupe tant de domaines qu’on ne saurait la traiter de manière fragmentée : il faut au contraire considérer ce défi comme une question qui traverse la plupart des champs que recoupent les sciences sociales et humaines. Dans le vocabulaire scientifique, on dirait qu’elle requiert une approche interdisciplinaire. Or, c’est précisément ainsi que le projet MIME a été envisagé par ses concepteurs dès sa naissance. Articulé en six grands volets (dont un qui se veut particulièrement exploratoire), il va s’appliquer à cerner le multilinguisme de l’Europe pour l’analyser comme un phénomène marqué par l’interdépendance constante des dimensions micro et macro.
C’est à la Faculté de traduction et interprétation de l’UNIGE que sera assurée, sous la houlette du professeur d’économie François Grin, l’essentiel de la coordination de MIME, en collaboration étroite avec l’Université d’Amsterdam ; les deux institutions sont membres d’un même réseau, la League of European Research Universities (LERU). Des chercheurs de la FTI contribuent aussi bien sûr au projet MIME. On les retrouvera dans les volets « Policy » et « Frontiers of multilingualism ».
Cinq rayons bien reliés forment la roue de MIMELe logo du projet présente une structure en roue étoilée à cinq rayons, qui se réfèrent tous à un cadre analytique commun. Ils symbolisent cinq axes thématiques, qui dialoguent entre eux avant de converger et dont voici les énoncés résumés :
1. les langues sous l’angle de la politique et du pouvoir dans les institutions (ou l’axe « Politics ») ;
2. les langues et la construction identitaire, celle des nomades européens comme celle des migrants venus de plus loin (ou l’axe « Society ») ;
3. les langues et leur enseignement, mais aussi les langues dans l’enseignement des autres matières (ou l’axe « Education »);
4. les langues et les stratégies de communication, de la traduction à l’intercompréhension entre langues voisines, en passant par les lingue franche que sont, certes, l’anglais, mais aussi l’allemand, le russe ou l’espéranto (ou l’axe « Mediation »);
5. l’opérationnalisation des résultats obtenus dans les axes qui précèdent pour la sélection, le design et l’évaluation de solutions de politique publique visant à garantir conjointement « mobilité » et « inclusion » (ou l’axe « Policy »).
Enfin, aux confins de la recherche sur le multilinguisme, l’axe « Frontiers of multilingualism ») propose une série d’études exploratoires sur des sujets rarement traités dans la recherche, comme le rôle du plurilinguisme dans la protection des consommateurs, en droit européen, un volet piloté par Christine Kaddous, professeure à la Faculté de droit de l’UNIGE ou, en collaboration avec l’Observatoire de la finance de Genève, l’étude des éventuels liens entre unilinguisme, monoculture professionnelle et propagation des crises financières.
La conférence inaugurale du projet MIME aura lieu les 31 mars et 1er
avril prochains à l’UNIGE.
Plus d’infos sur : www.mime-project.org
28 mars 2014Actualités