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Cycle de conférences: Climate and Sexual change

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Le Pôle/Institut Gouvernance de l’Environnement et Développement Territorial (GEDT), l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) et le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités (CMCSS) co-organisent un cycle de conférence intitulé « Climate & Sexual Change ». 

Quels liens les philosophes et les naturalistes de l’époque des Lumières tissent-ils.elles entre les climats, les sexes et les sexualités ? Comment la problématique de l’engendrement à l’heure de la crise climatique est-elle conçue par les écoféministes ? En quoi les minorités de genre et sexuelles s’engagent-elles en faveur d’écologies plurielles ? Dans quelle mesure la violence sexuelle est-elle un enjeu pour celles et ceux qui défendent l’environnement ?

Ce cycle  invite à considérer que les savoirs sur le sexuel ne se développent pas hors-sol. La nature et la sexualité ont d’ailleurs longtemps convergé au point de donner lieu à des représentations partagées et à un vocabulaire commun. Que l’on songe seulement que fertilité désigne aussi bien la capacité de la terre à produire abondamment que celle du corps biologique à se reproduire. Mais cette parenté de langage, qui superpose volontiers sexualité des plantes et sexualité humaine, conduit aujourd’hui à une tentative d’intégration des deux plans. Des mouvements comme l’écoféminisme et l’écosexualité témoignent de préoccupations écologiques au sein desquelles la dimension sexuelle de la vie humaine s’avère centrale.

Au programme, trois conférences thématiques et un dialogue entre une sociologue et un journaliste militant fourniront des réponses à ces questions tout au long du semestre de printemps 2022. 

L'événement sur Facebook

 


 

Programme:

Lundi 21 mars 2022, 18h30 | Uni Mail Salle MR060
La violence sexuelle et la défense de l'environnement: quelques pistes d'exploration

Peter Bille Larsen, chargé de cours et chercheur en anthropologie et développement à l'Institut de Gouvernance de l'Environnement et Développement Territorial (UNIGE)

Est-ce que la violence sexuelle est un enjeu pour les défenseurs et défenseuses de l’environnement ? Interrogeant l’espace des conflits socio-environnementaux, l’expérience des peuples autochtones et les projets miniers en particulier, la conférence cherche à poser quelques pistes de réflexion autour de l’ampleur du phénomène pour repenser un cadre épistémologique et méthodologique.

 

Lundi 25 avril 2022, 18h30 | Uni Mail Salle MR060
Crise écologique: crise de l'engendrement? Perspectives écoféministes

Damien Delorme,assistant-postdoctorant en éthique à la Faculté de théologie (UNIGE) et chargé de cours en éthique de l'environnement (UNIGE, Université Jean Moulin Lyon 3)

Si l’Anthropocène signifie la mise en péril des conditions d’habitabilité de la Terre pour de nombreux collectifs humains et non-humains, alors il est peut-être plus juste, ainsi que le suggère Bruno Latour, de décrire la « crise dite écologique » comme « une crise multiforme de l’engendrement » (Où suis-je, 2021). L’effroi collapsologique, le motif d’une 6e extinction pour alerter sur l’érosion de la biodiversité, le refus de se reproduire pour des motifs écologiques, les générations futures s’érigeant en accusatrices de l’irresponsabilité politique, mais aussi, en un sens, les crispations sur une prétendue « théorie du genre », le fantasme du « grand remplacement » ou la panique démographique des autocrates et de l’extrême-droite un peu partout dans le monde, en seraient des symptômes concordants. Tous témoigneraient, à leur façon, de menaces diffuses mais profondes sur les dynamiques vitales, questionnant fondamentalement les existences et leur puissance, à la fois, de se continuer et de s’inventer.
Je voudrais repartir de ce constat et l’interroger depuis une perspective écoféministe. Les écoféministes en effet, à bien des égards, anticipent ce diagnostic. Elles permettent aussi de dépasser les approches démographiques, de l’empreinte carbone ou néo-malthusiennes, essentiellement quantitatives. Les écoféministes invitent ainsi à politiser et à prendre soin des relations d’engendrements, à les poétiser et les pluraliser, pour dénoncer les ravages écologiques mais aussi dessiner des alternatives joyeuses, au sein de ces interdépendances qui tout à la fois nous constituent et nous menacent.

 

Jeudi 19 mai 2022, 18h30 | Uni Mail Salle MS150
Sexes et sexualités face aux climats au siècle des Lumières

Thierry Hoquet, philosophe, professeur et directeur-adjoint du Laboratoire IREPH-Institut de Recherches Philosophiques (Université Paris Nanterre)

Quelle est la place du sexuel au sein des savoirs climatiques et des problématiques environnementales ? Le siècle des Lumières tisse des liens, surprenants, déconcertants parfois, entre les sexes, les sexualités et les climats. Nous explorerons deux exemples paradigmatiques de ces nouages : L’Esprit des lois de Montesquieu et l’Histoire naturelle de Buffon. Chez Montesquieu, la morale sexuelle devient sujette aux variations climatiques : la monogamie chrétienne convient aux climats tempérés, alors que la polygamie musulmane triomphe sous les climats plus extrêmes du Sud. Chez Buffon, la Nature, abandonnée à elle-même, paraît avoir pour effet de déviriliser les hommes et d’affecter leur fertilité, en les dépouillant de toute forme de vigueur. Plus généralement que le climat, toutes les variations du mode de vie (comme l’opposition sauvage/domestique) oblitèrent les genitalia dans les animaux captifs et célibataires. En apparence, Montesquieu ne fait qu’enregistrer l’influence du milieu sur les habitants, alors que Buffon est plus « moderne », en ce qu’il envisage symétriquement un véritable pouvoir des humains transformant la Nature et par là, altérant le climat et eux-mêmes. En réalité, la situation est plus complexe et Montesquieu lui-même, bien loin de céder à un complet déterminisme, accorde aux humains un certain pouvoir formateur du climat.

 

Lundi 30 mai 2022, 18h30 | Uni Mail Salle MR060
Écologies déviantes: dialogue entre un journaliste indépendant et une chercheuse

Cy Lecerf Maulpoix, militant et journaliste indépendant auteur de Écologies déviantes. Voyage en terres queers (Éditions Cambourakis, 2021)
Marlyne Sahakian, professeure assistante en sociologie (UNIGE)

La professeure Marlyne Sahakian, spécialiste de la sociologie de la consommation dans une perspective de durabilité, s’entretiendra avec le journaliste engagé dans les luttes LGBTQI et pour la justice climatique Cy Lecerf Maulpoix, qui a fait paraître en 2021 Écologies déviantes. Voyage en terres queers. Cet essai constitue le point de départ d’un véritable dialogue entre l’académie et la cité, qui abordera notamment les vulnérabilités des personnes LGBTQI* en temps de crise climatique et les réponses apportées par ces groupes minoritaires aujourd’hui.

*personnes LGBTQI: personnes lesbian, gay, bisexual, transgender, transexual, queer, questioning

10 mars 2022
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