Projets

Interprofessionnalité : congrès immersif

Fiche de Projet
Réalisé par : Thomas Fassier
Membres : Patricia Picchiottino, Marie-Paule Schneider 
Contact : Thomas.Fassier@unige.ch
Cours : Module interprofessionnalité 1
Cursus : Bachelor
Nombre d'étudiant-es : 500 - 1000
Innovations utilisées :
Développer des compétences
Faire collaborer
Problématique :
Rendre actif
Responsabiliser
Faculté : Médecine, Sciences
Description du Projet
Situation de départ

Le dispositif mis en place souhaite tout d’abord répondre à un enjeu de santé publique : celui de renforcer la coordination et la communication entre les différent-es professionnel-les de santé impliqué-es, souvent issu-es de structures différentes, intra et extrahospitalières, autour d’une même personne soignée. L’objectif est également de développer la culture du travail collaboratif et l’intelligence interprofessionnelle au bénéfice des personnes soignées. Ainsi, le CiS (Centre Interprofessionnel de Simulation), dans le cadre de son enseignement interprofessionnel prégradué (ci-après IP), offre un programme longitudinal intégré aux curricula de la faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), de la Haute école de Santé (HEdS) de la HES-SO Genève (5 filières concernées) et de l’Institut des sciences pharmaceutiques de Suisse Occidentale (ISPSO) (intégrée en 2019-20). Ce programme est constitué de trois modules de formation et d’activités interprofessionnelles en stage. Le congrès interprofessionnel est un dispositif mis en place dans le cadre du 1er module de formation de cet enseignement (IP-1), qui engage chaque année plus de 600 étudiant-es de ces sept filières.


Mise en place et déroulement du projet

L’objectif de l’équipe enseignante est de mettre en place un dispositif permettant aux étudiant-es d’acquérir les compétences transversales nécessaires à la collaboration interprofessionnelle en travaillant à la construction de connaissances communes. Le module doit leur permettre d’apprendre ensemble, d’apprendre les uns des autres et d’apprendre les uns à propos des autres. Il a donc fallu définir les compétences indispensables à acquérir à travers le module. L’équipe s’est basée sur les référentiels des plans d’étude cadre des différentes facultés et filières ainsi que sur le référentiel pancanadien en matière d’interprofessionnalisme, reconnu sur le plan international et disponible en version francophone. Les étudiant-es des 7 filières peuvent ensemble et individuellement viser les objectifs suivants :

  • acquérir les bases des cadres conceptuels et des outils de la collaboration interprofessionnelle pour améliorer la qualité des soins et la sécurité des personnes soignées (apprendre ensemble) ;
  • se familiariser avec la pratique collaborative interprofessionnelle (apprendre les uns des autres) ;
  • prendre conscience des rôles et responsabilités des différentes professions de la santé (apprendre les uns sur les autres).

Les activités pédagogiques ont été mises en place de sorte à favoriser un maximum l’apprentissage, l’acquisition des compétences et les interactions entre les étudiant-es. Le défi pédagogique était de taille compte tenu du volume étudiants mais aussi des agendas des différentes facultés et filières et il était très important de pouvoir transcender les silos de formation entre professions de santé des métiers des autres. L’équipe de projet du CiS a proposé un programme d’activités se déroulant sous la forme d’un congrès d’une semaine intitulé “Immersion en interprofessionnalité”. La diversité des modalités pédagogiques a été pensée sous l’angle de l’innovation et de la pratique collaborative l’interprofessionnelle.

Sur l’année académique 2019/2020, les activités suivantes ont été organisées :

  • un rallye interprofessionnel, ouvrant le congrès, au cours duquel les étudiant-es font connaissance, découvrent les rôles et responsabilités de chaque professionnel-le et déconstruisent les représentations qui y sont associées. En 2020-2021, le rallye s’est fait en ligne sur Zoom. Le nombre important d’étudiant-es a nécessité une licence spécifique. Les participant-es étaient réparti-es dans des « breakout rooms » et la tutrice ou le tuteur se déplaçait d’une salle à l’autre. Les activités ont été repensées pour présenter les métiers en 15 minutes. Par exemple, pour le métier de pharmacien, la présentation s’est faite sous forme d’un « escape game » avec une énigme à résoudre ;
  • des conférences plénières illustrant la mise en œuvre de projets de collaboration interprofessionnelle dans divers contextes de soins, hospitaliers et communautaires ;
  • un débat sur les enjeux interprofessionnels du système de santé ;
  • des ateliers pratiques autour de thématiques liées à la qualité des soins et/ou à la collaboration interprofessionnelle. Par exemple : l’adhésion thérapeutique, les soins palliatifs, la communication en situation d’urgence, la cybersanté…
  • un forum des acteurs du réseau de santé romands présentant leurs activités sous forme de stands. Pour des raisons sanitaires, le forum est la seule activité qui n’a pas pu être reconduite en 2020-21 ;
  • un travail d’analyse individuel de situations de collaboration interprofessionnelle recueillies préalablement par les étudiant-es lors de l’entretien semi-dirigé d’un professionnel de santé de leur choix. Une grille d’interview et d’analyse lors est proposée comme support ;
  • un travail en groupe interprofessionnel d’analyse sur les compétences interprofessionnelles mises en œuvre dans des situations de soins choisies par le groupe à partir des interviews ;
  • des lectures obligatoires de textes de référence, notamment sur les compétences interprofessionnelles et les outils et stratégies de travail en équipe ;
  • une série de QCM portant sur la totalité des activités de la semaine.

En 2020-21, un parcours e-learning a été intégré en supplément, ainsi qu’un atelier créé en partenariat avec des patient-es. Le parcours porte sur le modèle de travail en équipe TeamSTEPPS®. Au cours du parcours e-learning : « Interprofessionnalité, Facteurs Humains & Communication », les étudiant-es découvrent les stratégies et outils de travail en équipe TeamSTEPPS®, avec un focus sur la communication. Ces stratégies et outils sont ensuite intégrés dans le travail individuel et de groupe du module IP1, puis dans les simulations d’équipe dans les modules suivants.

Le contenu des cours et des conférences, les supports et ainsi que les lectures sont mises à disposition dans un espace Moodle de la HEDS sur Cyberlearn. De plus, l’équipe enseignante offre des plages horaires dédiées aux questions des étudiant-es.

L’intégralité du module est gérée par l’équipe du CiS afin de garantir la cohérence pédagogique des activités et leur mise en œuvre logistique. Plus de 50 intervenant-es sont appelé-es pour animer les conférences. Les enseignant-es qui encadrent les étudiant-es pour la rédaction de leurs travaux d’analyse proviennent des différentes facultés et filières impliquées dans la formation IP prégraduée. Ces enseignant-es suivent les interviews réalisées par les étudiant-es et corrigent les travaux individuels et les travaux de groupe. Les groupes sont constitués de 8 étudiant-es et les ateliers accueillent en moyenne une vingtaine d’étudiant-es (ex., atelier “mystérium” sous forme de jeu).

Pour permettre l’alignement entre objectifs d’apprentissage, modalités pédagogiques et évaluations, trois formats d’évaluation sont utilisés. Un questionnaire à choix multiples (QCM) renseigne de façon objective sur l’acquisition de connaissances. La rédaction d’un rapport individuel permet de s’assurer que chaque étudiant-e fait un lien entre les concepts enseignés et des situations réelles de collaboration. La rédaction d’un travail de groupe renforce et objective formellement la capacité des étudiant-es à transférer les acquis au travers d’une analyse interprofessionnelle de situations réelles de collaboration. Il met aussi en lumière leur capacité à appliquer, dans leur propre fonctionnement de groupe interprofessionnel, les compétences enseignées pendant le congrès : une réelle immersion !


Retour et conseils sur la mise en place d'un tel projet

Le projet étant de grande envergure, l’équipe enseignante a dû s’assurer au préalable du soutien institutionnel qui se devait d’être appuyé par une forte volonté politique de répondre à un enjeu de santé publique. Pour pérenniser un tel projet, il est également important d’assurer la mise à jour du contenu pour garantir la qualité de la formation et répondre aux recommandations nationales et internationales, de s’adapter aux nouvelles filières et intégrer l’évolution des référentiels de compétences.

La réussite du congrès « Immersion en interprofessionnalité » tient aussi à la mise en place d’une équipe compétente pour l’organisation tant pédagogique que logistique d’un tel événement. A titre d’exemples, l’équipe a pour rôles et responsabilités la communication électronique avec des centaines d’étudiant-es et dizaines d’intervenant-es, la planification de dizaines de salles d’enseignement et liens de visioconférences, le processus qualité des évaluations des travaux collaboratifs et QCM individuels. Pour assurer un projet d’une telle envergure, l’équipe du CiS se devait d’être interprofessionnelle. Elle mobilise pour ce projet 9 membres (secrétaire, assistant-e, assistant techno-pédagogique, maître d’enseignement, professeure, représentants des institutions et responsables de programme), aux compétences complémentaires et ayant une compréhension en profondeur des contextes de soins et d’apprentissage des différentes filières de formation.

Malgré les fortes contraintes logistiques pour intégrer une semaine commune dans les calendriers académiques respectifs de toutes les filières d’étude, le CiS a reçu plusieurs prix pour les divers modules interprofessionnels qu’il a mis en place.


Avis des étudiant-es

« Cette semaine a abordé des sujets autres que ceux de nos formations dans chaque filière et le contact avec d'autres étudiants d'autres filières était intéressant. Il fallait également s'adapter à des personnes qu'on ne connaît pas et cela a créé un travail interprofessionnel entre nous en plus de ce que nous devions rédiger à propos de l'interpro.»

« Les ateliers sont variés et intéressants, les travaux de groupe interprofessionnels très enrichissants.»

« Malgré la crise sanitaire, cela fut intéressant de trouver une méthode afin de maintenir cette semaine d'interprofessionnalité. J'ai énormément appris et me réjouis de pouvoir expérimenter cela lors de mes futurs stages.»

« Ludique, vivant !»

« Ateliers et plénières intéressants et variés. + possibilité de participer pendant les ateliers - Très bonne organisation - le rallye était nécessaire pour une introduction de chaque métier” “Intéressant de travailler en collaboration.»

« C'est une semaine riche. Cela nous rappelle l'importance de la collaboration. C'est bien que ce ne soit pas juste un cours.»

« L'intervention de professionnel de différents métiers - Les cours en e-learning étaient vraiment super.»

« La possibilité de travailler déjà maintenant avec des étudiants des autres filières - Avoir des professionnels de la santé qui nous parlent de leur quotidien et des éléments auxquels nous devrons faire attention pour avoir un climat de travail agréable et offrir une prise en charge interdisciplinaire qualitative aux patients.»

“L'assignation à un groupe IP m'a grandement motivée à m'intéresser aux autres filières de formation dans la santé et m'a appris à organiser les idées de chacun dans le travail de groupe.»

Fichiers multimédias annexes
Publications
  • Cerutti, B., Fassier, T., Picchiottino, P., Schneider, M-P et Paignon, A. (2021). Three years after the introduction of a full week of interprofessional practice in the health sciences curricula in Geneva: summary of the evaluations made by the participants. 10th International Conference on Interprofessional Practice and Education All Together Better Health (ATBH-X), Doha, Quatar.
  • van Gessel E, Picchiottino P, Doureradjam R, Nendaz M, Mèche P. Interprofessional training: Start with the youngest! A program for undergraduate healthcare students in Geneva, Switzerland. Med Teach. 2018 Jun;40(6):595-599.