Enseignement primaire: information au public

Les besoins | Les buts | Les méthodes | Les lieux | Les temps

  • En comparaison nationale, la formation genevoise est de 4 ans pour 3 ans dans les autres cantons, qui n’incluent pas, contrairement à Genève, la préparation à tous les degrés.
  • Dans les pays comparables économiquement et culturellement (Europe, Amérique du Nord, Australie, Japon, etc.), la plupart des formations pour l’enseignement primaire dépassent le format genevois pour s’élever jusqu’à six ans.
  • Le calendrier genevois permet aux futur-es enseignant-es de disposer de temps, notamment pour exercer une activité annexe leur assurant une certaine autonomie financière.

Une situation de formation

Dessin et intégration

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Les arts visuels sont au programme de l’école primaire, mais pour quoi faire se demande-t-on au cours d’un séminaire? Quelques étudiant-es et étudiants valorisent la libre expression, d’autres l’histoire de l’art et le dessin d’imitation. Le plan d’études dit pour sa part que les élèves doivent apprendre à «représenter et exprimer une idée, un imaginaire, une émotion par la pratique des différents langages artistiques». Cela implique autant de créativité que de connaissances des langages à employer. Peinture, gravure, croquis, collage, bande dessinée ou photographie: aucun n’est entièrement à réinventer.

Au fil de leurs stages et de leurs expériences avec les élèves, les néophytes découvrent l’apport souvent sous-estimé des arts au plein développement et à l’intégration sociale de tous les enfants. Mais deux travers sont pour cela à éviter: laisser chacune et chacun libre de ce qu’il ou elle fait, au risque de ne rien lui apporter; ou tout lui dicter, et l’empêcher lui-même ou elle-même de contribuer. La recherche montre que l’enseignement le plus avisé fait dialoguer les classes avec les œuvres du passé, et entre élèves par ce biais: afin de mettre en mots ce qui est éprouvé, et d’apprendre à le traiter ensemble comme un bien commun. Dépasser les fausses oppositions prend du temps : celui de construire peu à peu une expertise professionnelle favorable à un véritable partage de toute la culture, donc à l’inclusion.

Le calendrier de la formation combine un temps de présence dans les cours et les stages, et un temps réservé au travail autonome : lecture et écriture, enquêtes et échanges entre collègues, recherches en ligne, préparation et évaluation de leçons, perfectionnement dans les disciplines enseignées à l’école, travail final d’intégration. Chaque année d’études correspond à 60 crédits de formation, chacun de ces crédits demandant 25 à 30 heures de travail au total, quelle que soit la forme qu’il prend. Certaines unités de formation sont obligatoires, d’autres à options, toutes sollicitent l’engagement actif des étudiantes et étudiants dans les interactions.

En Suisse, le volume d’une formation universitaire complète varie entre 270 et 300 crédits (quatre ans et demi à cinq ans d’études). La formation genevoise pour l’enseignement primaire en compte 240 : 180 pour l'obtention d'un baccalauréat en trois ans en Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE), puis 60 pour un certificat d'une année à l'Institut universitaire de formation pour l'enseignement (IUFE). Ce format permet la construction graduelle des compétences professionnelles, l’observation puis l’appropriation étendue des pratiques, une entrée à la fois réaliste et sécurisée dans le métier. Les formations des autres cantons se montent à 180 crédits (trois ans), mais elles ne préparent pas à tous les degrés, ou pas à toutes les disciplines enseignées. Ailleurs dans les pays scolairement et économiquement comparables (Europe, Amérique du Nord, Australie, Japon, etc.), la plupart des formations pour l’enseignement primaire dépassent le format genevois pour s’élever jusqu’à six ans.

En dehors des études, un temps doit demeurer libre pour d’autres occupations : un ou des emplois rémunérés assurant une autonomie financière; des activités associatives ou culturelles dans ou hors de l’Université; parfois des obligations familiales et l’éducation d’enfants; une immersion dans la vie ordinaire et ses obligations. Apprendre dans ce cadre est bien sûr contraignant, mais confronte aussi le futur corps enseignant à des réalités sociales qui peuvent renforcer son engagement et sa lucidité, en lien avec les préoccupations de la population. La formation d’une personne excède largement ses études, en particulier si cette personne est ensuite appelée à en former d’autres. Ce qu’elle apprend dans la vie peut rendre son enseignement vivant, surtout si elle cherche le transfert et non le cloisonnement.

Comme dans les autres métiers, la formation des gens d’école doit d’ailleurs se prolonger tout au long de la vie. Avec l’expérience, un ou une professionnelle compétente se pose des questions et perfectionne sa pratique. Il ou elle le fait entre collègues, dans son établissement, par ses lectures, ses rencontres ou ses voyages, mais aussi dans des cours ou des diplômes liés à la recherche et ses dernières avancées. Ces apports sont d’autant plus utiles qu’ils peuvent s’ancrer dans une pratique déjà chevronnée, les chiffres montrant d’ailleurs un paradoxe: loin de s’opposer, une formation initiale solide et l’engagement en formation continue sont intimement liés, d’où l’intérêt de développer d’emblée le sens critique et la curiosité. La loi genevoise sur l’instruction publique donne mission à l’école de susciter et de soutenir le désir d’apprendre des élèves : comment le ferait-elle sans un corps enseignant lui-même enthousiaste face aux questions que (lui) pose son métier?