Formation pour l'enseignement primaire: information au public

Les temps: quel calendrier?

Les besoins | Les buts | Les méthodes | Les lieux | Les temps

  • En comparaison nationale, la formation genevoise est de 4 ans pour 3 ans dans les autres cantons, qui n’incluent pas, contrairement à Genève, la préparation à tous les degrés ou toutes les disciplines enseignées. Dans les pays comparables économiquement et culturellement (Europe, Amérique du Nord, Australie, Japon, etc.), la plupart des formations pour l’enseignement primaire dépassent le format genevois pour durer jusqu’à six ans.
  • La formation pour L’enseignement s’inscrit dans le calendrier annuel commun à toutes les facultés. L’organisation de l’emploi du temps fait ainsi appel à chaque responsabilité individuelle, et permet notamment d’exercer une activité annexe gage d’une certaine autonomie financière. 

Le calendrier de la formation combine un temps de présence dans les cours et les stages, et un temps réservé au travail autonome : lecture et écriture, enquêtes et échanges entre collègues, recherches en ligne, préparation et évaluation de leçons, perfectionnement dans les disciplines enseignées à l’école, travail final d’intégration. Chaque année d’études correspond à 60 crédits de formation, chacun de ces crédits demandant 25 à 30 heures de travail au total, quelle que soit la forme qu’il prend. Certaines unités de formation sont obligatoires, d’autres à options, toutes sollicitent l’engagement actif des étudiantes et étudiants dans les interactions.

En Suisse, le volume d’une formation universitaire complète varie entre 270 et 300 crédits (quatre ans et demi à cinq ans d’études). La formation genevoise pour l’enseignement primaire en compte 240 : 180 pour l'obtention d'un baccalauréat en trois ans en Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE), puis 60 pour un certificat d'une année à l'Institut universitaire de formation pour l'enseignement (IUFE). Ce format permet la construction graduelle des compétences professionnelles, l’observation puis l’appropriation étendue des pratiques, une entrée à la fois réaliste et sécurisée dans le métier. Les formations des autres cantons se montent à 180 crédits (trois ans), mais elles ne préparent pas à tous les degrés, ou pas à toutes les disciplines enseignées. Ailleurs dans les pays scolairement et économiquement comparables (Europe, Amérique du Nord, Australie, Japon, etc.), la plupart des formations pour l’enseignement primaire dépassent le format genevois pour s’élever jusqu’à six ans.

En dehors des études, un temps doit demeurer libre pour d’autres occupations : un ou des emplois rémunérés assurant une autonomie financière; des activités associatives ou culturelles dans ou hors de l’Université; parfois des obligations familiales et l’éducation d’enfants; une immersion dans la vie ordinaire et ses obligations. Apprendre dans ce cadre est bien sûr contraignant, mais confronte aussi le futur corps enseignant à des réalités sociales qui peuvent renforcer son engagement et sa lucidité, en lien avec les préoccupations de la population. La formation d’une personne excède largement ses études, en particulier si cette personne est ensuite appelée à en former d’autres. Ce qu’elle apprend dans la vie peut rendre son enseignement vivant, surtout si elle cherche le transfert et non le cloisonnement.

Comme dans les autres métiers, la formation des gens d’école doit d’ailleurs se prolonger tout au long de la vie. Avec l’expérience, un ou une professionnelle compétente se pose des questions et perfectionne sa pratique. Il ou elle le fait entre collègues, dans son établissement, par ses lectures, ses rencontres ou ses voyages, mais aussi dans des cours ou des diplômes liés à la recherche et ses dernières avancées. Ces apports sont d’autant plus utiles qu’ils peuvent s’ancrer dans une pratique déjà chevronnée, les chiffres montrant d’ailleurs un paradoxe: loin de s’opposer, une formation initiale solide et l’engagement en formation continue sont intimement liés, d’où l’intérêt de développer d’emblée le sens critique et la curiosité. La loi genevoise sur l’instruction publique donne mission à l’école de susciter et de soutenir le désir d’apprendre des élèves : comment le ferait-elle sans un corps enseignant lui-même enthousiaste face aux questions que (lui) pose son métier?

 

Une situation de formation
Dessin et intégration

IUFE-Temps-web.jpg

 

Les arts visuels sont au programme de l’école primaire mais souvent considérés comme une activité récréative, remarquent quelques étudiantes dans un séminaire. Leurs camarades réagissent en valorisant plutôt, soit la libre expression, soit la confrontation à des œuvres du passé. Le plan d’études dit pour sa part que les élèves doivent apprendre à « représenter et exprimer une idée, un imaginaire, une émotion par la pratique des différents langages artistiques ». Cela implique autant de créativité que de connaissances des procédés historiquement constitués. Peinture, gravure, croquis, collage, bande dessinée ou photographie : aucun n’est entièrement à réinventer. Il s’agit de se les approprier pour conjuguer progressivement une pratique et une culture artistique. Au fil de leurs stages et de leurs expériences avec les élèves, les néophytes découvrent l’apport souvent sous-estimé des arts au plein développement et à l’intégration sociale de chaque enfant. Mais deux travers sont pour cela à éviter : laisser chacun libre de ce qu’il fait, au risque de ne rien lui apporter ; ou tout lui dicter, et l’empêcher ainsi d’élaborer. La recherche montre que l’enseignement le plus avisé fait dialoguer les élèves avec les modes d’expressions de différentes époques, et entre eux par ce biais : dans l’intention de mettre en mots ce qui est éprouvé, et d’apprendre à le traiter ensemble comme un bien commun. Dépasser les fausses oppositions demande du temps et un calendrier bien structuré : de quoi construire peu à peu une expertise professionnelle favorisant un accès partagé et donc inclusif à la culture.