Chercheuse au Département de biochimie (Faculté des sciences), Anna-Katharina Pfitzner est co-lauréate du prix Laemmli avec Mateusz Mendel, chercheur au Département de biologie.

Anna-Katharina Pfitzner a fait son doctorat dans le laboratoire d'Aurélien Roux, où elle a travaillé sur le remodelage des membranes par la machinerie ESCRT-III, un assemblage ancien et complexe de protéines conservées des archées aux humains. Comme les nombreuses sous-unités ESCRT-III peuvent s'assembler en une variété de filaments de forme et de fonction différentes, on ignorait comment l'interaction dynamique des sous-unités pouvait régir la fission membranaire. Au cours de sa thèse, Anna-Katharina Pfitzner a utilisé et développé un éventail extraordinairement large de techniques biophysiques, biochimiques, d'imagerie et structurelles pour reconstituer ce complexe protéique in vitro. Ses travaux ont permis de découvrir comment les sous-unités ESCRT-III s'assemblent séquentiellement et entraînent d'abord l'extension des tubes, puis le pincement des vésicules membranaires. Ces résultats ont déjà valu à Anna-Katharina Pfitzner le prix Birnstiel en 2020 et le prix Schläfli en 2022.

Mateusz Mendel a quant à lui fait sa thèse dans le laboratoire de Ramesh Pillai. Son travail portait sur la façon dont une modification chimique particulière de l'ARN messager, appelée N6-méthyladénosine, contrôle l'expression génétique. Au cours de sa thèse, Mateusz Mendel a étudié plusieurs protéines responsables du dépôt, de la lecture et de l'effacement de cette modification sur l'ARN messager, en utilisant une combinaison d'approches structurelles, biochimiques et génétiques. Son principal travail concerne la méthyltransférase METTL16, dont il a montré qu'elle était essentielle au développement embryonnaire précoce chez la souris. Chez le modèle de ver C. elegans, l'enzyme homologue répond à des signaux nutritionnels en méthylant un pré-ARNm spécifique pour réguler son épissage, l'inhibition de l'épissage par la N6-méthyladénosine étant également conservée chez les mammifères. Les découvertes fondamentales de Mateusz Mendel apportent la preuve que les modifications de l'ARN peuvent affecter directement le traitement de l'ARN et donc l'expression des gènes, en réponse à des signaux environnementaux. Ces travaux sur les nouvelles couches de la régulation des gènes ont été récompensés par le prix Arditi 2022.

Le prix Laemmli, en l’honneur d’Ulrich Laemmli, professeur honoraire de la Faculté des sciences de l’UNIGE, est décerné chaque année par les Départements de biochimie et de biologie moléculaire et cellulaire.