Publié le 14 mai 2020
Dernières nouvelles
Près de 50 000 Genevois ont été en contact avec le coronavirus
L’étude sérologique menée à Genève par des chercheurs et des chercheuses de l’Université de Genève et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a montré qu’autour du 24 avril, 9,7% de la population genevoise, soit environ 49 000 personnes, auraient été exposés au coronavirus. Cette enquête a aussi mis en évidence que la prévalence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 dans le canton est similaire chez les jeunes de 5 à 19 ans et chez les adultes de 20 à 49 ans, révélant que les premiers-ères ont tout autant de risques d’être infecté-es que les second-es. Cette prévalence est en revanche un peu moins élevée chez les plus de 50 ans. En raison du caractère urgent de tout ce qui touche au Covid-19, l’article qui rapporte ces résultats est paru le 6 mai sur le site de publication accélérée medRxiv et n’a pas encore été soumis à la relecture par les pairs.
Tente de tri Covid-19 aux HUG. Photo: L. Brisset
Les enquêtes de séroprévalence sont basées sur la détection d’immunoglobulines spécifiques de type G (IgG) dans le sang. Une étude préalable menée aux HUG a d’ailleurs montré que le test utilisé à Genève confirme de manière fiable une exposition au SARS-CoV-2 vingt jours après le début des symptômes. Ces enquêtes permettent donc de connaître la proportion de la population qui a déjà été exposée au coronavirus. Par contre, elles ne permettent pas de conclure à une immunité contre ce dernier ni sa durée. Mais même dans l’éventualité où les anticorps offriraient au moins une certaine protection, les auteur-es précisent qu’avec une prévalence de 9,7%, on serait encore loin d’une immunité de groupe, pour laquelle il faudrait probablement une couverture 6 ou 7 fois plus importante.
Cette étude a pu exploiter la base de données de l’enquête Bus santé qui sonde l’état de santé d’un échantillon représentatif des Genevois et des Genevoises depuis des décennies. Les chercheuses et les chercheurs ont rappelé une partie des participants et des participantes et les ont invitées, ainsi que leurs proches habitant sous le même toit, à se soumettre à une prise de sang. Durant la première semaine, 343 personnes ont été testées et la prévalence a pu être estimée à 3,1%. Cette valeur est montée à 6,1% pour la deuxième semaine au cours de laquelle 576 autres personnes ont fait le déplacement, puis enfin à 9,7% pour la troisième qui a compté 576 tests supplémentaires. Étant donné le temps nécessaire pour que les IgG apparaissent et soient détectables, ces trois coups de sonde correspondent donc à des infections qui auraient eu lieu durant les quelques jours avant le 10 avril, le 17 avril et le 24 avril.
Genève lance un fonds d’innovation de crise et de résilience
L'État, l’Université de Genève et Open Geneva s’associent pour mobiliser les acteurs de l’économie genevoise afin de mettre en commun les ressources financières, l’expertise et les installations du canton. L’objectif est de tester et d’établir rapidement une dizaine de projets disruptifs, visant à répondre aux enjeux de la pandémie en cours. À moyen terme, les résultats des processus d’innovation collaboratifs sont appelés à renforcer durablement le tissu économique et social du canton de Genève.
Regards théologiques sur la crise sanitaire
Le 6 mai, la Faculté de théologie organisait une discussion publique en ligne, sous la forme d’un webinaire Zoom, modérée par le professeur Christophe Chalamet. Bien qu’il soit téméraire de donner son avis sur une crise qui est encore en cours, Benoît Bourgine, professeur à l’Université catholique de Louvain, et Sarah Stewart-Kroeker, professeure à la Faculté de théologie de l’UNIGE, ont accepté de se prêter à l’exercice en portant un regard théologique sur la crise.
Ce coup d’essai en ligne s’est avéré être un succès, puisque 94 personnes sur 120 inscrites se sont connectées. Au fil de la discussion, Sarah Stewart-Kroeker a notamment constaté que, dans nos sociétés modernes et technologiques, une certaine «illusion de maîtrise» s’est brisée et que le rôle de la théologie, comme d’autres disciplines, est justement d’interroger ce genre d’illusions. Les êtres humains ont redécouvert qu’ils étaient des créatures vulnérables. La précarité et les souffrances qui résultent de la crise économique accompagnant cette crise sanitaire inquiètent énormément la théologienne. C’est un bouleversement radical. Par ailleurs, la chercheuse est, comme beaucoup, choquée par la différence des réponses apportées à la pandémie et à la crise écologique, en dépit des liens qui les unissent.
Pour Benoît Bourgine, on ne peut oublier que cette pandémie a été précédée par toute une série de crises, financières et économiques, catastrophes écologiques, crises des réfugiés et par des vagues de terrorisme. Mais ce n’est pas, selon lui, Dieu qui nous parle à travers la nature, il n’y voit pas la conséquence d’un «jugement divin». En revanche, cette crise a éclairé notre rapport à la maladie et à la mort, ainsi que la conscience de notre finitude que nous avions mis à l’écart, autant que faire se peut. Benoît Bourgine s’est également inquiété des conséquences du confinement sur les libertés et sur la qualité du débat civil collectif.
Enregistrement de la discussion
Intelligence artificielle et science participative
Le confinement a donné un nouvel élan aux mouvements de science participative. Le Hackathon EUvsVirus, qui s’est tenu le mois dernier, a ainsi attiré près de 20'000 participant-es, qui ont planché sur le potentiel de l’intelligence artificielle en matière de collaboration entre les citoyen-nes. La compétition du Hackathon a été remportée par une équipe d’étudiant-es du Centre universitaire d’informatique, avec une application destinée à lutter contre les violences domestiques.
L’UNIGE participe également à une initiative de l’Union européenne afin de mobiliser les ressources de la science participative au service des objectifs de développement durable fixés par l’ONU (SDGs). Le 20 mai, un panel d’invités débattra de la contribution de l’intelligence artificielle combinée à la science participative en vue d’atteindre ces objectifs.
La Science Task Force de la Confédération publie ses dossiers thématiques sur le web
Afin de mieux maîtriser la pandémie de Covid-19, les autorités fédérales ont mis sur pied une Science Task Force composée de scientifiques issu-es des hautes écoles suisses, dont sept chercheuses et chercheurs de l’Université de Genève et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ce panel de spécialistes agit comme organe consultatif auprès des autorités. Ses policy briefs sont désormais publics et peuvent être consultés sur le site de la Science Task Force.