21 mars 2024 - Léa Jacquat

 

Événements

Le cercle vertueux de la simulation interprofessionnelle en santé

Le Centre interprofessionnel de simulation fête ses 10 ans d’existence et de contributions à la collaboration interprofessionnelle dans le monde de la santé genevois.

 

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Image: Centre interprofessionnel de simulation

 

Améliorer la sécurité et la qualité des soins en réunissant différentes professions autour de situations concrètes: tel est l’objectif que s’était lancé le Centre interprofessionnel de simulation (CiS), il y a 10 ans. Devenu aujourd’hui un passage obligé pour les étudiant-es de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, de la Haute École de santé de Genève (HES-SO) et de l'Institut des sciences pharmaceutiques de Suisse occidentale (Ispso), le Centre fait figure de pionnier à l’échelle nationale. Le 27 mars, le CiS ouvre ses portes afin de mettre en lumière ses innovations pédagogiques et collaboratives, qui continuent d’irriguer toujours plus profondément le tissu de la santé genevois.

 

Au moment de la création du CiS, le système de santé fait face à de nouveaux enjeux de formation et de sécurité des soins. D’un côté, une exposition limitée à certaines situations cliniques nécessite des innovations pédagogiques importantes afin d’améliorer la préparation des soignant-es à la réalité des soins. De l’autre, le vieillissement démographique et la complexité croissante des trajectoires de soins rendent impérative une collaboration accrue entre différents corps de métier afin d’assurer la sécurité des prises en charge. Comment faire face à ces enjeux en réunissant des professions aux cultures très différentes autour d’innovations pédagogiques de pointe? Ce qui semblait illusoire il y a 10 ans a aujourd’hui transformé la formation aux facteurs humains dans les métiers de la santé. Cette année, ce sont près de 600 étudiant-es, allant de la filière médicale à la nutrition et diététique, en passant par la physiothérapie, la formation de sage-femme, les soins infirmiers, la pharmacie ou la technique en radiologie médicale, qui sont formé-es grâce à la simulation interprofessionnelle. Ces différentes professions se rencontrent, découvrent mutuellement leurs métiers et travaillent ensemble sur des scénarios cliniques au plus près de la réalité.

 

La simulation interprofessionnelle comme une «cross-pollinisation»

En plus de son intervention auprès des étudiant-es, qui intègrent désormais le terrain doté-es d’une connaissance accrue de l’expertise de leurs pairs ainsi que d’une formation basée sur des scénarios cliniques authentiques, le CiS est aussi actif dans la formation post-graduée et la formation des formatrices/teurs. Ces dix dernières années, plus de 350 professionnel-les venant notamment des HUG, de l’UNIGE, de la HEdS et de l’Institution genevoise de maintien à domicile (IMAD) se sont formé-es à la simulation interprofessionnelle, devenant ensuite formateurs et formatrices pour les étudiant-es ou pour le personnel en exercice. Fort-es de ces méthodes collaboratives, ils/elles retournent ensuite dans leur établissement, disséminant la pratique de ces outils au sein de leurs équipes. «Ces formations agissent comme une véritable cross-pollinisation du système de la santé genevois», analyse Thomas Fassier, codirecteur du CiS, maître d’enseignement et de recherche à la Faculté de médecine et médecin adjoint aux HUG.

Cruciales pour la sécurité et la qualité des soins, ces formations visent également à améliorer le quotidien des soignant-es. Des résultats qui sont de plus en plus visibles, notamment dans les formations. «Au début, la simulation interprofessionnelle inquiétait les formateurs et formatrices. Il y avait beaucoup d’appréhension à coanimer des simulations cliniques avec d’autres corps de métier. Aujourd’hui, c’est entré dans une certaine normalité», confie Patricia Picchiottino, codirectrice du CiS, sage-femme de formation et maître d’enseignement à la Haute École de santé de Genève. Dans sa pratique clinique, Thomas Fassier perçoit également une évolution. «La simulation interprofessionnelle permet aux membres d’une équipe d’être plus à l’aise lorsqu’il s’agit de verbaliser une inquiétude face à une situation à risque pour la sécurité des soins, quelle que soit la hiérarchie professionnelle en place», explique le médecin.

 

Des scénarii au plus près de la réalité

Cette cross-pollinisation du monde de la santé fonctionne comme un cercle vertueux. En effet, les formateurs/trices passant par le CiS améliorent les scénarii du Centre en faisant remonter des expériences venant du terrain. Ceux-ci sont donc en constante évolution, suivant les nouveaux enjeux de société et de santé publique. La patientèle et les proches occupent par ailleurs une place prépondérante dans les simulations. «De par leur histoire personnelle, les patient-es sont tout à fait capables de donner un feed-back aux étudiant-es sur la façon dont ils et elles se sentent impliqué-es et concerné-es dans les prises de décision qui les concernent», explique la codirectrice.

Afin d’huiler au mieux les rouages de ce système, le Centre s’appuie sur de nombreuses méthodes pédagogiques innovantes. Escape games, jeux de plateau, re-création de cas médicaux complexes, observation de situations de soins appelée «shadowing» et mannequins plus réels que nature: l’accent est mis sur l’apprentissage par l’expérience en étant fidèle à la réalité. Les formateurs/trices du CiS s’inspirent également du Crew Resource Management (CRM). Ces outils de formation aux facteurs humains utilisés dans l’aéronautique permettent d’optimiser les ressources dans un cockpit d’avion afin d’assurer la sécurité du vol: adaptés à la formation des équipes interprofessionnelles en santé, ils ont pour vocation d’assurer la sécurité et la qualité des soins aux patient-es.

LES 10 ANS DU CiS

Portes ouvertes, visites guidées et activités sans inscription sur toute la journée et ateliers découverte sur inscription.

Mercredi 27 mars 2024 | 9h-16h30 | CMU, bâtiment A


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