14 octobre 2021 - Alexandra Charvet

 

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Interpréter le monde, aussi en langue des signes

Doctorats «honoris causa», prix et médailles seront décernés le vendredi 15 octobre à l’occasion du Dies academicus, placé cette année sous le thème «Interpréter le monde». La Médaille de l’innovation sera remise à Irène Strasly qui a fondé les bases de l’enseignement de la langue des signes au niveau universitaire.

 

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Irène Strasly, lauréate de la Médaille de l'innovation.

 

Pour la première fois de sa longue histoire, la cérémonie du Dies academicus sera, cette année, interprétée en langue des signes. Cette initiative fait écho au travail d’Irène Strasly qui, en mettant sur pied deux nouveaux diplômes en lien avec cette langue à la Faculté de traduction et d’interprétation (FTI), a contribué à dessiner les traits d’une Université tournée vers l’avenir, formant ses étudiant-es à évoluer dans une société plus diverse et plus inclusive.


Spécialisée dans la langue des signes, Irène Strasly a rejoint la FTI en 2013 en tant que collaboratrice scientifique. Elle s’est rapidement démarquée en participant à différents projets d’innovation en lien avec l’accessibilité et la langue des signes, notamment au sein du tout jeune Centre suisse pour une communication sans barrières financé par swissuniversities. Grâce à ses contacts personnels, à sa connaissance approfondie de la culture sourde et à sa capacité d’écoute et de dialogue, Irène Strasly a mis sur pied deux diplômes, actuellement uniques dans le paysage des hautes écoles suisses. Depuis septembre, la langue des signes compte ainsi parmi les langues officielles du Baccalauréat universitaire en communication multilingue, au même titre que les autres langues officielles helvétiques. Le premier diplôme universitaire de haut niveau (DAS) pour des personnes sourdes souhaitant travailler comme traducteurs et traductrices en Suisse romande et italienne démarrera, quant à lui, en janvier 2022. Cette formation permettra à des personnes sourdes de valoriser leur langue maternelle, d’obtenir un diplôme de traduction en langue des signes et d’être engagées aux mêmes conditions que les personnes entendantes. Interview express.

Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la langue des signes?
Quand j’avais 16 ans, je travaillais l’été chez un glacier de mon village, en Italie. Un groupe de personnes sourdes s’y rendait chaque semaine. C’était la première fois que je voyais des personnes qui s’exprimaient en signant alors que je ne pouvais communiquer avec elles que de manière basique. J’étais fascinée. Puis, lors de mes études à la Faculté de traduction et d’interprétation, en feuilletant une brochure de cours de langues pour apprendre l’allemand, j’ai vu qu’il existait une offre de cours de langue des signes à Genève. J’ai tout de suite su que c’était ce que je devais faire.

La langue des signes est-elle universelle?
Il existe environ 300 langues des signes à travers le monde. Elles se sont développées de manière naturelle au sein des communautés sourdes et, à l’instar de nos langues vocales, elles présentent des différences linguistiques et culturelles. La langue des signes française de Suisse romande, même si elle est très proche de la langue des signes française, possède ainsi ses spécificités. Toutefois, dans le contexte international, quand des personnes sourdes de pays différents doivent communiquer, elles utilisent souvent les «signes internationaux». Mais il s’agit davantage d’un code que d’une véritable langue pour l’instant.

Que représente pour vous l’obtention de la Médaille de l’innovation?
C’est un premier pas vers plus d’accessibilité dans nos formations. En me décernant cette récompense, l’Université de Genève montre qu’elle souhaite véritablement s’engager dans des projets qui mènent notre institution vers une communication sans barrières.

DIES ACADEMICUS

Vendredi 15 octobre | 10h | Uni Dufour

Inscription obligatoire | Également en ligne et en direct sur Léman Bleu


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