30 mai 2024 - Léa Jacquat

 

Événements

Quand gorilles et humains cohabitent

La vétérinaire de la faune sauvage Gladys Kalema-Zikusoka partagera son expérience sur la conservation des gorilles en Ouganda, lundi 3 juin à Uni Mail.

 

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Image: Marian/AdobeStock


Comment allier préservation des gorilles et santé publique de la population locale en Ouganda? L’écrivaine et vétérinaire Gladys Kalema-Zikusoka, à l’origine de l’ouvrage «Walking with Gorillas», partagera son expérience personnelle sur cette question lors d’un événement qui se tiendra lundi 3 juin à 18h30 à Uni Mail. La spécialiste de la faune sauvage reviendra sur son parcours et sa vision de la préservation des gorilles qui est basée sur la coexistence entre l’humain et l’animal.


Passionnée par les primates depuis toujours, c’est en 1996 que Gladys Kalema-Zikusoka devient officiellement la première vétérinaire de la faune pour l’Autorité de la faune sauvage d’Ouganda (UWA). Elle travaille alors dans des zones protégées, dont la forêt impénétrable du Bwindi, habitat du gorille des montagnes. Alors que les touristes affluent pour tenter d’apercevoir des gorilles dans leur habitat naturel, sa mission consiste à protéger les primates contre la transmission de maladies par les visiteurs/euses. Dans le cadre de ce travail, elle et ses équipes découvrent un foyer de gale chez des gorilles menant à la mort d’un bébé gorille, les autres membres de la famille du primate ayant pu être soigné-es grâce à un traitement à l’ivermectine. Les recherches effectuées ultérieurement démontrent que cette infection résulte du contact avec la population locale. Cette découverte marque un tournant dans la vision de la conservation de la Dre Kalema-Zikusoka. «J’ai compris qu’il était impossible de protéger les gorilles sans améliorer la santé de leurs voisin-es humain-es», avance la vétérinaire. Elle fonde l’organisation non gouvernementale Conservation Through Public Health (CTPH) en 2003. Opérant en partenariat avec les communautés locales, l’organisation met en place, pas à pas, l’approche One Health, alliant protection des gorilles et santé publique.

 

Dre Gladys Kalema-Zikusoka. Image: Kibuuka Mukisa/UNEP


Partir de besoins concrets

Lorsque la Dre Kalema-Zikusoka commence son travail dans les villages jouxtant la forêt, elle prend conscience qu’il est contreproductif de livrer une solution toute faite. «Il est nécessaire d’écouter réellement les membres de la communauté. Ce sont les seul-es qui savent vraiment ce dont ils et elles ont besoin», explique-t-elle. En collaboration avec la population locale, l’organisation installe des équipes de santé et de conservation dans les villages pour pallier le manque d’accès aux soins et fournir une éducation sur l’hygiène et la santé. Il existe aujourd’hui 429 équipes aux abords de la forêt du Bwindi, comprenant autant d’hommes que de femmes – une initiative qui encourage ainsi le leadership de ces dernières.

Le CTPH collabore activement avec les communautés locales pour faire progresser les initiatives en matière de planning familial et de santé reproductive. Reconnaissant que les familles nombreuses peuvent peser sur les ressources et entraver les soins de santé personnels, les programmes du CTPH visent à donner aux familles les moyens de prendre des décisions éclairées concernant leur santé reproductive. En encourageant les familles moins nombreuses, les parents sont mieux à même de préserver leur santé et d'investir dans l'éducation de leurs enfants. Cette approche holistique améliore non seulement le bien-être de la communauté, mais favorise également une meilleure compréhension de l'hygiène et de la conservation de la faune et de la flore. Les communautés disposent ainsi des connaissances nécessaires pour prévenir la propagation des maladies zoonotiques et préserver la santé des humains et des animaux.

 

Améliorer les conditions de vie

L’organisation se rend vite compte que les conditions de vie et la pauvreté constituent un autre facteur de risque pour la protection des gorilles – une préoccupation qui s’est cristallisée durant la pandémie de Covid-19. Avec l’arrêt brutal du tourisme, les populations locales ont en effet été coupées de tout revenu lié aux visiteurs/euses. Non seulement les braconniers sont toujours plus nombreux, mais en plus certain-es habitant-es ont été contraint-es de partir chasser dans la forêt pour se nourrir, multipliant les risques de contact avec les gorilles. Cette situation a mené à la mort de l’un d’eux. L’organisation a alors mis sur pied une distribution de semences à croissance rapide afin d’accroître la sécurité alimentaire des habitant-es. D’autres initiatives ont été développées afin de permettre aux communautés d’améliorer leurs conditions de vie. L’une d’elles s’est concrétisée par la création de Gorillas Conservation Coffee, une entreprise sociale qui paie des prix supérieurs à ceux du marché aux agriculteurs locaux et agricultrices locales vivant à proximité de la forêt, réduisant ainsi leur besoin de pénétrer dans l'habitat forestier du gorille de montagne pour trouver de la nourriture et du bois de chauffage.

WALKING WITH GORILLAS

Conférence de Gladys Kalema-Zikusoka, Conservation Through Public Health

Lundi 3 juin | 18h30 | Uni Mail, salle MR280


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