Journal n°116

La technologie médicale low cost vedette du Geneva Health Forum

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La 6e édition du Geneva Health Forum sera consacrée aux «innovations durables et abordables» en matière de soins de santé. Objectif: universaliser les bénéfices retirés des progrès médicaux

La maladie de Hodgkin est une forme de cancer du sang qui atteint principalement les jeunes entre 20 et 35 ans. Les succès des traitements actuellement disponibles sont tels qu’il est aujourd’hui l’un des cancers dont on guérit le mieux, les chances de survie d’un patient atteint de la maladie étant proches de 100%, si toutefois il vit dans un pays développé. Ailleurs dans le monde, comme au Brésil, cette probabilité tombe à 70%. En Afrique sub-saharienne, la maladie de Hodgkin ne laisse quasiment aucune chance de survie. Et il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé.

Alors que les progrès de la médecine ont permis depuis un siècle une constante augmentation de l’espérance de vie dans les pays développés, la majorité de la population mondiale n’en bénéficie que très partiellement. Cet écart, qui se traduit par une quarantaine d’années de différence d’espérance de vie entre les régions du globe les plus riches et les zones les plus pauvres, est également visible entre cadres supérieurs et ouvriers dans les pays développés: six ans d’écart en France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Un hôpital éphémère

Quelles sont précisément les causes de ces disparités et comment y remédier? Ces questions seront au cœur du prochain Geneva Health Forum (GHF) dédié à la santé globale. Dans cette optique, les organisateurs ont choisi d’axer cette 6e édition, qui se tiendra du 19 au 21 avril, sur la notion d’«innovation durable et abordable dans les soins de santé». Le Forum biennal, qui fête cette année ses 10 ans d’existence, réunira près de 1000 participants de toute la planète: praticiens, scientifiques et politiques. Pour la première fois, le grand public sera également convié à la manifestation, notamment lors de la soirée du 20 avril durant laquelle il pourra découvrir un hôpital éphémère interactif, rassemblant 50 innovations visant à rendre la technologie médicale accessible aux populations qui en sont habituellement privées (lire ci-contre).

Favoriser l’accès à l’innovation signifie en premier lieu adapter la technologie au contexte structurel des pays en développement, marqués par des pénuries récurrentes en eau potable et en électricité. Des chercheurs ont par conséquent développé des systèmes de batteries très robustes, capables d’absorber les fortes fluctuations de voltage qui caractérisent les réseaux de distribution dans ces pays. D’autres ont mis au point des produits destinés à pallier le manque d’eau potable. De manière générale, il s’agit également d’axer l’innovation sur des instruments médicaux les moins coûteux possible en termes de maintenance et de consommables, afin d’assurer leur durabilité.

Finance innovante

Certaines des innovations présentées au forum sont entrées en phase opérationnelle, tandis que d’autres attendent de susciter l’intérêt d’investisseurs. A cet égard, les organisateurs du GHF ont tout mis en œuvre afin que la manifestation joue un rôle de déclencheur. «Pour que le concept d’innovation durable et abordable se traduise par des réalisations concrètes, une approche multisectorielle est nécessaire, affirme Antoine Flahault, professeur à la Faculté de médecine et coprésident de la manifestation. Nous avons ainsi convié, par exemple, des représentants de l’industrie pharmaceutique, de même que des spécialistes de la finance innovante, parmi lesquels plusieurs chercheurs de l’UNIGE.»

Dès lors qu’il s’agit de rendre l’innovation abordable, la question du financement apparaît en effet centrale. Les traitements médicaux sont coûteux en raison de la recherche fondamentale qu’ils ont nécessitée. «Il existe cependant des systèmes de financement permettant de contourner cet écueil, relève Antoine Flahault. On songe par exemple aux taxes sur les billets d’avion ou au recours à des assurances contractées par des pays vulnérables en cas de catastrophes naturelles ou de pandémies. En ce qui concerne les médicaments, il est possible de s’inspirer d’instruments mis en œuvre aux Etats-Unis ou en Europe pour le traitement des maladies orphelines ou encore pour la lutte contre la pandémie du sida.»

Un lieu d’échange

Comme l’illustrent les cas d’épidémies récentes, la clé de la réussite en matière de santé globale réside dans la capacité à coordonner l’action des politiques et la recherche scientifique, y compris en sciences sociales, comme cela s’est avéré lors de l’épidémie d’Ebola. «A cet égard, Genève est un lieu unique, non seulement en raison de la présence de l’OMS et d’ONG comme MSF, mais aussi parce qu’elle accueille de nombreuses missions permanentes auprès des Nations unies, souligne Antoine Flahault. La plupart de ces missions comptent un «health attaché» qui effectue la liaison entre l’OMS et son Ministère de la santé. Par ce biais, le forum peut véritablement servir de lieu d’échange entre le monde des responsables politiques et le monde académique.»

Un forum durable

Enfin, parmi ces multiples acteurs, un certain nombre ont été regroupés au sein d’ateliers thématiques en amont de la manifestation et ont d’ores et déjà commencé à réfléchir collectivement à des solutions. De cette manière, espèrent les organisateurs, le forum lui-même ne se cantonnera pas à une suite d’exposés mais devrait déboucher sur une série de recommandations concrètes qui seront publiées par la suite.

| du 19 au 21 avril |

Geneva Health Forum

Centre international de conférences Genève


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