Erasmus+: les étudiants dénoncent l’arrêt des négociations avec l’Union européenne
La Suisse ne pourra pas conclure dans des délais raisonnables les négociations avec l’Union européenne pour réintégrer pleinement le programme de mobilité Erasmus+. Les associations d’étudiants expriment leur déception
Le Secrétariat d’État à la formation et à l’innovation (SEFRI) estime qu’il n’est pas réaliste de poursuivre les négociations avec l’Union européenne en vue d’une pleine intégration au programme Erasmus+ avant 2020. La solution transitoire SEMP (Swiss European Mobility Programme) instaurée au lendemain de l’acceptation de l’initiative «contre l’immigration de masse», en février 2014, est donc reconduite pour 2017. Pour le SEFRI, les négociations avec l’Union européenne avaient peu de chances d’aboutir dans des délais raisonnables, rapporte la presse d’outre-Sarine. En effet, le programme Erasmus+ en vigueur actuellement couvre la période 2014-2020. Or, selon le SEFRI, la mise en œuvre d’un éventuel accord négocié ne pourrait avoir lieu avant 2019, soit un an seulement avant la fin du programme. Autant dire qu’il s’agirait d’un accord en pure perte.
Un modèle qui date
Suite à la réintégration de la Suisse au programme Horizon 2020 de l’Union européenne pour les chercheurs fin 2016, les étudiants suisses pouvaient s’attendre à voir une issue similaire pour le programme de mobilité internationale estudiantine. Auprès des associations d’étudiants, la déception est donc grande. L’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES) fait savoir qu’elle se sent flouée par cette décision, puisque la réintégration à Erasmus+ avait précédemment été annoncée comme un objectif prioritaire par la Confédération. L’UNES relève qu’Erasmus+ ne se limite pas à des échanges d’étudiants, mais concerne également des coopérations dans le domaine de la formation professionnelle et entre organisations de jeunesse. Même son de cloche auprès de la Conférence universitaire des associations d’étudiants de l’UNIGE (CUAE). Swissuniversities, la Conférence des recteurs des hautes écoles suisses, fait également part de sa déception. La solution transitoire, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui sur la base d’un budget alloué par la Confédération avant la votation de 2014, n’entraîne pas de charge supplémentaire en termes de signatures d’accords bilatéraux entre universités, estime pour sa part le Service des affaires internationales de l’UNIGE. De tels accords sont en effet nécessaires, y compris dans le cadre d’Erasmus+. Du point de vue des échanges entre étudiants suisses et européens, SEMP ne constitue donc pas un obstacle insurmontable. En revanche, cette solution transitoire n’assure pas le financement d’accords pour la mobilité extra-européenne, qui représente un des développements les plus intéressants d’Erasmus+. Cet outil fait cruellement défaut aux hautes écoles suisses, qui sont restées sur le modèle d’échanges strictement européens entre étudiants et entre enseignants datant d’il y a trente ans. La solution SEMP prive par ailleurs la Suisse de partenariats stratégiques concernant la formation professionnelle.