Le multiculturalisme à l’ère digitale: un outil pour mieux vivre ensemble
Si la diversité culturelle est une réalité dans nos sociétés, le multiculturalisme, la capacité à vivre ensemble dans cette diversité, ou mieux, à faire ensemble, se heurte par contre au populisme identitaire qui domine aujourd’hui dans de nombreux pays. C’est du moins l’opinion de Marco Martiniello. Vice-doyen à la recherche de la Faculté des sciences sociales de l’Université de Liège, il s’intéresse notamment aux pratiques multiculturelles à l’heure des réseaux sociaux, qu’il abordera dans une conférence publique: «à l’ère digitale, le sport ou la musique permettent d’expérimenter le multiculturalisme au-delà des frontières et de renforcer des formes de solidarité globales. Cela n’élimine pas le sentiment d’exclusion locale mais renforce le mieux vivre ensemble, par-delà les projets politiques qui visent plutôt à l’assimilation», explique le professeur.
On peut se sentir appartenir à une catégorie de la population qui vit la même chose ailleurs, et y gagner de l’estime de soi
Comment? En partageant des expériences, en s’identifiant à ce qui se fait ailleurs, tout en restant extrêmement connecté à son quartier. «On peut se sentir appartenir à une catégorie de la population qui vit la même chose ailleurs, et y gagner de l’estime de soi, une inspiration, une volonté de démarche proactive dans son quartier», ajoute Marco Martiniello. Ces nouvelles expériences du multiculturalisme rendent obsolète, selon lui, la distinction entre réalité virtuelle et réelle. «On peut créer dans son quartier et être connecté à ce qui se passe à des milliers de kilomètres de là, comme ces rappeurs issus de l’immigration en Belgique qui m’ont mis en contact avec des rappeurs new-yorkais avec lesquels ils partagent une même vision de la société, de la musique, de leur place dans la communauté», témoigne-t-il.
La volonté de resserrer les liens entre l’université et le tissu socioculturel est au cœur de cette réflexion sur le vivre ensemble
Marco Martiniello est invité à donner une master class à l’UNIGE durant tout le semestre d’été 2017, dans le cadre d’un partenariat avec le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève. La volonté affichée de resserrer les liens entre l’université et le tissu socioculturel, qui imagine au quotidien des solutions pour Genève, est au cœur de cette réflexion sur le vivre ensemble.
Parmi les événements qui vont marquer ce semestre, un atelier réunira le professeur Martiniello, les acteurs sociaux et les acteurs culturels autour de projets développés par la Ville en matière de multiculturalité. Ces actions de terrain, telles que la coconstruction de spectacles avec les populations issues de l’immigration ou l’enseignement du français dans les parcs, seront soumises à l’expertise d’un spécialiste renommé des questions de migration et de multiculturalisme; et nourriront la réflexion complexe sur l’intégration et ses enjeux à Genève. —
Le multiculturalisme
à l’ère digitale
mardi 9 mai 2017, 18h30, Uni Bastions