Un pôle pour savoir ce que les exoplanètes ont dans le ventre
L’Université de Genève codirige le Pôle de recherche national «PlanetS» dont le but est l’étude approfondie des planètes et des systèmes extrasolaires, notamment grâce au futur satellite européen CHEOPS
La première planète extrasolaire a été découverte par des astronomes genevois (Michel Mayor et Didier Queloz en 1995). Le Département d’astronomie de l’Université de Genève (UNIGE) compte depuis parmi les chasseurs d’exoplanètes les plus prolifiques du monde. Autant dire que le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation à Berne a misé sur une valeur sûre et un vrai savoir-faire suisse en choisissant le Pôle de recherche national (PRN) PlanetS parmi les dix qu’il a retenus en décembre dernier.
INTENSIFIER L'ETUDE
Doté d’un budget de 17,6 millions de francs pour quatre ans et codirigé par Willy Benz, professeur à l’Université de Berne, et Stéphane Udry, professeur au Département d’astronomie de l’UNIGE, PlanetS offre aux chercheurs les moyens de poursuivre et d’intensifier l’étude des exoplanètes commencée il y a 20 ans.
Jusqu’à présent, les efforts des astronomes ont essentiellement porté sur la détermination de la masse et du rayon des planètes ainsi que sur les paramètres de leur orbite autour de leur étoile.
Le perfectionnement incessant des techniques de mesure devrait permettre d’en savoir plus sur ce que ces exoplanètes ont dans le ventre: structure interne, propriétés de surface et atmosphériques, etc.
«L’étude des processus physiques, chimiques et géologiques à l’œuvre dans ces planètes représente un vrai défi multidisciplinaire», commente Stéphane Udry.
Les chercheurs du Pôle peuvent s’appuyer sur les instruments de détection ayant fait leurs preuves (CORALIE, HARPS...) mais aussi sur ceux qui devraient entrer en fonction dans les années qui viennent.
NOUVELLES TERRES
Parmi eux, le spectrographe ESPRESSO est destiné à être installé en 2015 sur le Very Large Telescope de l’Observatoire européen austral au Chili. Sa précision devrait permettre de détecter des planètes semblables à la Terre évoluant autour d’étoiles similaires au Soleil et à une distance qui autorise la présence d’eau liquide à sa surface.
Le PRN PlanetS se chargera aussi de donner un maximum de visibilité aux données fournies dès 2017 par le futur satellite CHEOPS de l’Agence spatiale européenne et dont le développement est sous responsabilité suisse. Grâce à la technique du transit (c’est-à-dire la mesure de l’éclipse très faible que provoque une planète en passant devant son étoile), cet appareil détectera et mesurera avec une grande précision le rayon de planètes d’une masse inférieure à celle de Neptune.
Le Pôle s’appuiera aussi sur une série de plateformes d’échange, dont la plateforme informatique, DACE. Son but consiste à offrir aux chercheurs des outils de visualisation, d’échange et d’analyse de données de différentes natures et origines (observations, contraintes théoriques, etc.).
«Les chercheurs de l’Université de Berne et de Genève possèdent des savoir-faire parfaitement complémentaires, précise Stéphane Udry. Le PRN et la création d’un Institut suisse des sciences planétaires fournissent l’occasion de rassembler ces forces de manière cohérente.»