Journal n°141

Dans la lutte contre le terrorisme, l’Union européenne sert de catalyseur

image-6.jpgMême si les États de l’Union européenne coopèrent contre le terrorisme depuis 1977 et qu’ils se sont dotés en 1998 d’un office de police criminelle européen (Europol), les attentats de Madrid en 2004 ont marqué un tournant. D’abord, en les obligeant à prendre conscience que l’Europe n’est pas à l’abri du terrorisme et que la menace peut être d’origine intérieure, un fait confirmé par les attentats de Londres en 2005. Puis, en les forçant à mener une politique plus active en la matière. Ce changement s’est concrétisé avec l’adoption par le Conseil européen d’une déclaration sur la lutte contre le terrorisme, qui prévoit notamment un poste de coordinateur européen. Une fonction assumée depuis plus de dix ans par le Belge Gilles de Kerchove, invité à Genève par le Global Studies Institute (GSI).

Terrorisme «homegrown»
Après Madrid, le curseur s’est encore déplacé. La proclamation, en juin 2014, d’un califat en Syrie et en Irak par l’Organisation État islamique, suivie du départ de près de 5000 citoyens européens qui ont rejoint l’organisation, oblige l’Europe à envisager un nouveau type de danger. «Aujourd’hui, nous devons faire face à la radicalisation», confirme Frédéric Esposito, directeur de l’Observatoire universitaire de la sécurité au GSI. Et celle-ci est de deux types. Si l’on prend en compte les 36 attaques terroristes djihadistes perpétrées sur le territoire européen ces deux dernières années, on constate que, jusqu’en mars 2016, elles ont principalement été commises par des étrangers ou des Européens partis à l’étranger. Mais, dès cette date, on remarque qu’aucune n’a été le fait d’individus partis en Syrie ou en Irak. «Nous sommes maintenant confrontés à un djihadisme que je qualifie d’homegrown», conclut Frédéric Esposito.
En réaction, tous les États européens ont fait évoluer leur cadre législatif au cours des deux dernières années. Que ce soit au niveau policier en renforçant le renseignement et la coopération, ou au niveau judiciaire en élargissant le pouvoir des juges, notamment en matière de surveillance des réseaux sociaux. La Suisse ne fait pas exception. Elle s’est dotée en 2016 d’une nouvelle loi sur le renseignement.
De nombreuses voix s’élèvent aussi pour intensifier le travail de prévention. Les situations
socio-économiques des jeunes et le rôle important joué par les réseaux sociaux dans l’embrigadement sont en effet avérés.

Culture de sécurité commune
Dans ce contexte, que peut faire l’Union européenne? «Elle joue surtout un rôle déclaratoire et sert de catalyseur, commente Frédéric Esposito. Elle encourage les États à adopter des outils à la mesure du défi, rappelle le besoin de mutualiser les efforts et de coopérer. En ce sens, elle permet de créer une culture de sécurité commune. Face aux discours de haine prônés par les djihadistes, elle s’attache aussi à élaborer un contre-discours qui met en avant ses valeurs.»
Ces questions seront au centre de la conférence que donnera Gilles de Kerchove le 20 février. Il exposera également les mesures prises par l’Europe et les débats que celles-ci soulèvent.  —



Mardi 20 février
Comment faire face à la menace terroriste en Europe?
18h30 | Uni Mail, salle MR280