L’UNIGE se donne les moyens de la mobilité
En 2017, l’Université de Genève comptait 1400 étudiants en échange, en provenance de l’étranger ou en partance pour une autre université. Dans toute l’Europe, la mobilité étudiante se renforce. Elle s’accompagne d’une augmentation importante des programmes d’enseignement en anglais, choisi comme lingua franca. La Finlande bat les records avec une large majorité de cours enseignés en anglais, tout en adoptant une politique favorisant le multilinguisme. Plus au sud, alors que la direction de l’école polytechnique de Milan en Italie (le politecnico) avait décidé de donner tous les cours de masters et de thèses en anglais, le Conseil d’État a décrété, suite au fort vent de contestation soulevé, que tout cours donné en anglais devait posséder son équivalent en italien. Une décision qui ne reflète pas la politique suivie par l’UNIGE et qui, pour certains, n’encourage pas la mixité.
François Grin, professeur à la Faculté de traduction et d’interprétation, qui a contribué à un vaste projet de recherche européen sur la diversité des langues (Mobility and inclusion in multilingual Europe, MIME), conseille de veiller à préserver le plurilinguisme, l’uniformité linguistique étant susceptible de faire plus de mal que de bien.
Pour le recteur, Yves Flückiger, «dans un monde qui s’internationalise, notre université se doit d’avoir une politique des langues».À l’UNIGE, celle-ci a été formulée en 2012 et repose sur 18 mesures qui régissent tant les conditions d’admission aux formations, les langues d’enseignement et les activités de recherche que le fonctionnement administratif ou la communication externe.
Côté enseignement, il s’agit d’abord de se donner les moyens de la mobilité « Nous misons sur le bilinguisme. Nous souhaitons que nos étudiants possèdent une excellente maîtrise du français, à laquelle s’ajoute la connaissance d’une seconde langue, qui n’est pas forcément l’anglais. L’allemand peut, par exemple, être plus adapté lors d’études de droit», précise le recteur.
La mobilité, un atout
Ainsi, alors que les cours de bachelor sont principalement donnés en français, de plus en plus de masters sont partiellement ou entièrement donnés en anglais. Le profil idéal, selon François Grin, ressemble à une courbe en U: «Dupliquer, dans la langue locale et en anglais, un certain nombre de cours de 1re année de bachelor pour faciliter l’arrivée et l’insertion des étudiants allophones, puis réduire le pourcentage de cours en anglais, afin d’amener les étudiants allophones à suivre des cours en langue locale et éviter que les étudiants locaux ou étrangers se composent un parcours exclusivement en anglais. Enfin permettre la remontée de la proportion de cours en langues autres que la langue locale, y compris l’anglais, pour le doctorat.»
Cette politique suit l’évolution des mentalités. «Aujourd’hui, nous avons compris que, dans un monde internationalisé, la mobilité est un atout. Maîtriser au moins deux langues facilite l’insertion professionnelle», observe le recteur.
Les membres de la communauté universitaire peuvent recourir aux offres de la Maison des langues. Celle-ci dispense des cours pour francophones ou non-francophones dans cinq langues, avec plusieurs niveaux et spécificités. Une plateforme de tandems linguistiques (programme de conversation bilingue) est également à disposition. Près de 3000 personnes bénéficient chaque année de ces programmes. —