Journal n°149

À la découverte d’un artiste genevois pris dans la tourmente du XIXe siècle

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Alfred Dumont, «L’Hotel Niederland à Batavia (Djakarta)», 18 avril 1891, MAH, CdAG, SdA, inv. Dum. 062-071. Reproduction: Genève, André Longchamp

Alfred Dumont occupe une place volumineuse dans  les archives de la Société des Arts de Genève (SdA): quelque 4000 objets dispersés auprès de diverses institutions, auxquels s’ajoutent 3000 dessins autographes déposés au Musée d’art et d’histoire (MAH), le fonds le plus important dans cette catégorie. Il est pourtant longtemps resté méconnu des historiens et amateurs d’art, à l’exception d’une conservatrice du MAH, Anne de Herdt, qui s’est attelée à un premier inventaire des dessins dans les années 1980. Le flambeau a été repris l’an dernier par une équipe constituée autour d’Étienne Lachat, secrétaire général de la SdA, et de Sylvain Wenger, ancien assistant à l’UNIGE, qui dirige un projet de valorisation et de conservation des archives de la Société. Ils ont sollicité le concours de l’historien de l’art Frédéric Hueber, également formé à l’UNIGE, qui est parvenu à reconstituer le parcours biographique et artistique étonnamment riche d’Alfred Dumont, couvrant une grande partie du XIXe siècle. Ce travail donne aujourd’hui lieu à une exposition au Palais de l’Athénée, à laquelle ont participé les professeurs d’histoire de l’art Frédéric Elsig et Jan Blanc.

À Düsseldorf, Alfred Dumont rencontre Robert Schumann et esquisse le portrait d’un jeune musicien prometteur: Johannes Brahms.

«Il n’existait quasiment pas de littérature sur Alfred Dumont et il a fallu commencer par explorer les archives d’État», explique Frédéric Hueber. Descendant d’une lignée de magistrats genevois, Alfred Dumont est promis à une carrière de juriste. En 1851, en pleine révolution fazyste, il abandonne cependant ses études de droit pour aller parcourir l’Europe, puis la planète, en quête d’inspiration artistique et afin d’assouvir une curiosité intellectuelle débordante. Ce côté aventurier ne l’empêche pas d’entretenir ses amitiés dans le milieu politique genevois, nouées lors de son affiliation à la société d’étudiants Zofingue. Alfred Dumont nourrit également ses amitiés artistiques, notamment avec les peintres Albert Anker et Charles Gleyre, auprès duquel il suit des enseignements de peinture à Paris. À Düsseldorf, il rencontre Robert Schumann et esquisse le portrait d’un jeune musicien prometteur: Johannes Brahms.

La part la plus importante de sa production relève du dessin et de l’illustration. Il est d’abord dessinateur régulier pour Zofingue, puis occasionnel pour le journal satirique genevois Le  Carillon de St-Gervais. Il prête également son talent à des ouvrages de Rodolphe Töpffer. Plusieurs tableaux témoignent par ailleurs de son travail de peintre. Alfred Dumont se distingue aussi comme collectionneur, puisqu’il réunira au cours de ses voyages plusieurs milliers d’objets.

L’exposition a donné lieu à un catalogue qui rassemble les contributions de 27 auteurs, parmi lesquels des conservateurs de musée ainsi que plusieurs enseignants et étudiants de la Faculté des lettres. —

L’héritage insoupçonné d’Alfred Dumont, Palais de l’Athénée, jusqu’au 11 novembre 2018

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