Le télétravail fait son chemin au sein de l’UNIGE
Illustration: Reto Crameri
Le télétravail à l’UNIGE? La question est sur beaucoup de lèvres. Posée le 1er octobre lors de la rencontre entre le personnel de l’UNIGE et le Rectorat, elle a également fait l’objet d’un sondage réalisé en avril par l’association du personnel administratif et technique (PAT-UNIGE), curieuse de connaître les besoins des employés de l’institution. L’enquête a remporté un grand succès avec 40% de réponses sur un peu plus de 2000 personnes consultées, preuve que le sujet mobilise. Une synthèse, disponible sur le site de l’association (associationpat.unige.ch), a été publiée le 17 octobre. Le rapport complet est mis à disposition du Rectorat et de la direction des ressources humaines qui travaillent à la mise sur pied d’un dispositif réglementant le télétravail à l’UNIGE.
«Nous sommes au début du processus, le dispositif n’est donc pas encore fixé, explique Brigitte Galliot, vice-rectrice chargée des ressources humaines. Mais nous devons tendre vers ce développement. Le télétravail peut être très positif, car il apporte de la flexibilité et permet de modifier les rapports professionnels, en encourageant plus de communication. De plus, il se base sur un rapport de confiance qu’il est intéressant de développer ou d’entretenir au sein des unités de travail.» Toutefois, pour Marie-Claire Cors-Huber, directrice des ressources humaines, il est important de ne pas créer de fausses attentes en précisant que tous les métiers ne s’y prêtent pas.
Le télétravail permet une meilleure concentration, d'éviter des trajets et du stress
Malgré le fait que le télétravail ne soit pas officiellement inscrit dans la politique de l’institution, les résultats de l’enquête menée par l’association PAT-UNIGE montrent que 30% des sondés le pratiquent déjà. Ils en peignent un tableau plutôt favorable avec la possibilité, pour 80% d’entre eux, de mieux organiser leur temps de travail et, dans 72% des cas, de bénéficier d’un environnement permettant une meilleure concentration. Le télétravail leur permet par ailleurs de limiter le stress (70%) et d’éviter des trajets, de mieux gérer le rythme de travail et de mieux concilier vie professionnelle et vie privée (53%). Des aspects négatifs sont également relevés, comme une tendance à travailler plus que demandé, citée par plus de la moitié des sondés, un manque de séparation entre vie professionnelle et vie privée pour 42% d’entre eux, ainsi qu’un manque de contacts directs avec les membres de l’équipe dans 37% des cas.
Ces résultats concordent avec nombre d’études menées sur le sujet qui font état d’une meilleure qualité de vie personnelle et professionnelle, d’une augmentation de la productivité et de la qualité du travail effectué, ainsi que d’une motivation et d’une créativité renforcées, tout en mettant en garde contre les risques de surcharge de travail, d’interférence entre vie privée et vie professionnelle, d’isolement des travailleurs ou encore de ralentissement de l’évolution professionnelle.
En février 2017, un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) et d’Eurofound (Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail) synthétisait les données collectées dans dix États membres de l’UE (Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède), ainsi qu’en Argentine, au Brésil, aux États-Unis, en Inde et au Japon. Les résultats concluent que le télétravail serait bénéfique sur le rythme de vie et l’équilibre personnel, à condition que l’usage des technologies numériques soit accompagné d’un droit à la déconnexion.
Le Rectorat, avec l’aide des ressources humaines, prévoit d’établir, d’ici à l’été prochain, un cadre général
À l’Université de Genève, selon le sondage de l’association PAT-UNIGE, 93% de celles et ceux qui ne recourent pas au télétravail souhaiteraient en avoir la possibilité. Dans cette perspective, le Rectorat, avec l’aide des ressources humaines, prévoit d’établir, d’ici à l’été prochain, un cadre général, amené à être appliqué à l’ensemble du personnel et réglant officiellement le télétravail à l’UNIGE. Les différentes hiérarchies auront ensuite la liberté de l’appliquer.
Le cadre réglementaire définira les conditions de mise en œuvre du télétravail (taux maximum autorisé, lieu de travail, matériel informatique utilisé, sécurité des données emportées…). La hiérarchie déterminera quelles sont les fonctions qui permettent le télétravail selon l’activité du service et ses besoins en termes d’organisation. À l’image de ce que prévoit le règlement cantonal (lire ci-contre), le télétravail devra revêtir un caractère volontaire et réversible. Les modalités du télétravail seront fixées par un accord écrit, entre la personne concernée et sa hiérarchie, accord qui définira notamment ce qui est attendu, de façon raisonnable, dans ce laps de temps. Une phase test d’une durée limitée devrait être déterminée, avant qu’une évaluation soit effectuée par les deux parties.
Une fois le cadre général établi, la vice-rectrice, Brigitte Galliot, propose de mettre en place une phase pilote. Celle-ci permettrait de mener par exemple trois expériences dans trois contextes différents. Marie-Claire Cors-Huber confirme l’intérêt d’une période de test: «Cela permettra aux deux parties, collaborateurs et hiérarchie, de construire ensemble cette nouvelle organisation du travail et les expériences pilotes seront là pour nourrir le dialogue.» —