Un composant du raisin protège contre le cancer
Une molécule présente dans les grains de raisin et dans le vin rouge, le resvératrol, a montré sur des souris des vertus protectrices contre le cancer du poumon. Tel est le résultat d’une étude parue le 24 septembre dans la revue Scientific Reports et réalisée par Muriel Cuendet, professeure associée à la Section des sciences pharmaceutiques (Faculté des sciences), et ses collègues.
Le resvératrol est une molécule naturelle bien connue pour ses propriétés chimiopréventives contre les cancers affectant le tube digestif. Mais il est resté jusqu’ici sans effet sur les cancers du poumon. Et pour cause: lorsqu’il est ingéré, il est métabolisé et éliminé en quelques minutes et n’a donc pas le temps d’atteindre les organes ciblés.
Une concentration déposée dans les poumons 22 fois supérieure à celle que permet une administration orale
Pour contourner ce problème, les chercheurs ont développé un mode d’administration par voie nasale. Mais il a fallu pour cela d’abord trouver une formulation permettant de solubiliser le resvératrol en grande quantité, alors que cette molécule n’est que peu soluble dans l’eau. La solution trouvée par les chercheurs genevois a permis d’obtenir une concentration déposée dans les poumons 22 fois supérieure à celle que permet une administration orale.
Les auteurs de l’article ont ensuite réalisé des expériences sur des souris génétiquement modifiées de telle façon que le risque qu’elles développent un cancer du poumon soit très grand. En leur injectant en plus un carcinogène que l’on trouve dans la fumée de cigarette, cette probabilité atteint 100%.
L’étude, qui a duré vingt-six semaines, a montré que parmi les souris soumises au carcinogène, celles traitées au resvératrol bénéficiaient d’une baisse de 45% de la charge tumorale par rapport aux autres. Les premières ont aussi développé moins de tumeurs et de plus petite taille que les secondes.
Quant aux rongeurs n’ayant pas été soumis au carcinogène, 63% de ceux ayant reçu du resvératrol n’ont pas développé de cancer, contre seulement 12,5% des individus non traités.
Intérêt économique faible pour des groupes pharmaceutiques
Selon les auteurs, le mécanisme de chimioprévention à l’œuvre est probablement lié à l’apoptose, le processus par lequel les cellules programment leur propre destruction et auquel échappent les cellules cancéreuses. L’étape suivante consiste à chercher un biomarqueur qui pourrait aider à la sélection des personnes éligibles à un traitement de prévention par le resvératrol.
Ce dernier se retrouve jusque dans les compléments alimentaires du commerce. Aucune étude toxicologique complémentaire ne serait a priori nécessaire pour permettre sa mise sur le marché comme traitement préventif.
Cette molécule simple et non brevetable ne présente malheureusement qu’un intérêt économique faible pour des groupes pharmaceutiques.
Le cancer du poumon est le plus mortel au monde et 80% des décès qui lui sont imputables sont liés au tabagisme. —