Journal n°153

Hommage à Maurice Stroun, agitateur et précurseur

Maurice_Stroun_2.jpgMaurice Stroun, chargé de cours au Département de botanique et de biologie végétale à l’Université de Genève de 1960 à 1991, est décédé en août 2017 à l’âge de 90 ans. Lui et son collègue Philippe Anker, également biologiste à l’UNIGE, se sont notamment distingués par leurs travaux sur l’ADN circulant dans le sang, un domaine dont les deux chercheurs sont considérés comme les pères fondateurs.

Leurs travaux débutent dans les années 1960 pour vraiment entrer dans le vif du sujet dans les années 1990. Probablement en avance sur leur temps, les travaux de Stroun et Anker essuient un certain nombre de critiques de la part de leurs collègues. Il n’en reste pas moins que leurs résultats sont les précurseurs des «biopsies liquides» (c’est-à-dire en prélevant du sang) que l’on pratique aujourd’hui pour détecter des modifications tumorigènes et pour des tests prénataux.

Maurice Stroun, qui avait été nommé privat-docent en 1958, est également connu pour son côté agitateur et son engagement résolument à gauche de l’échiquier politique. Dans sa jeunesse, il devient membre du Parti du Travail. Par la suite, il s’élève contre les institutions (notamment le Fonds national pour la recherche scientifique) et personnes qu'il juge partiales. Il publie un livre en 2011 Mon cher collègue, je ne serai pas recteur. , dans lequel il décrit son parcours comme scientifique et ses combats contre l'establishment scientifique suisse et genevois.

Après sa retraite en 1991, Maurice Stroun continue à travailler avec Philippe Anker au sein de l’Université de Genève jusqu’à ce qu’ils soient obligés de quitter le Pavillon des Isotopes en 2000. Ils s’installent ensuite pour quelques années dans les locaux loués sur le site de Battelle.