Des slogans de séries TV pour prévenir la vérole
La syphilis, une maladie du passé? Malheureusement pas. Même si elle se soigne aujourd’hui très bien et facilement, la maladie, sexuellement transmissible et très contagieuse, est en recrudescence, principalement dans les grands centres urbains occidentaux. En Suisse, elle fait l’objet d’une surveillance permanente depuis 2006. Et selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), on observe une multiplication par 3,8 du nombre de cas entre 2006 et 2016.
L’enseignement en Faculté de médecine s’est adapté à cette nouvelle situation. Depuis quatre ans, Alexandre Wenger, historien de la médecine et Laurence Toutous-Trellu, dermatologue-vénérologue aux HUG, dispensent «La syphilis: regards croisés», un cours à option d’un semestre destiné aux étudiants de 2e et 3e années. Cet automne, son contenu a été entièrement refondu pour se concentrer sur la réalisation concrète de projets de prévention antisyphilitique. Par groupes de quatre, les étudiants ont appris à définir un public cible, à créer un message de prévention, à lui trouver une forme percutante, à prévoir des modes de diffusion et simuler un budget. Ils ont été accompagnés dans leur travail par différents intervenants externes, spécialistes de la santé publique, du travail sur le terrain, du journalisme et de la communication multimédia. En fin de semestre, les étudiants ont défendu leurs projets devant un jury et une vingtaine de professionnels.
«Cette formule inédite a été exigeante pour les étudiants, précise Alexandre Wenger. Ils devaient acquérir des connaissances sur la syphilis et les populations à risque, et immédiatement les réinvestir dans un projet de prévention créatif, pertinent dans sa forme, percutant en matière de santé publique, et viable financièrement.»
«Syphilis is coming!»
Le projet lauréat «Syphil.is back», porté par Julia Cau et Arec Manoukian, remporte le financement nécessaire à sa réalisation. Les deux étudiants ont imaginé de courtes vidéos qui apparaissent de façon automatique lors de la connexion à certains réseaux wifi. Le message, simple et factuel, détourne des slogans de séries TV connues, telles que Breaking bad, Game of Thrones ou Retour vers le futur. «Nous voulions mettre en évidence le «retour» de manière ludique et en dire le moins possible pour pousser à la curiosité», explique Julia Cau. Une demi-douzaine de lieux festifs (boîtes gays, lieux nocturnes, bars…) à Genève ont confirmé leur collaboration. Les séquences vidéo seront également diffusées sur des écrans fixes, notamment à l’UNIGE et aux HUG. —