Une école de pensée pour la gouvernance mondiale
Pour répondre aux défis globaux d’un monde interconnecté, le Global Studies Institute lance le Geneva Transformative Governance Lab (GTGLab), un groupe de recherche visant à réfléchir aux nouveaux modes de gouvernance. Originalité du projet: les questions de gouvernance transformative y sont examinées sous l’angle de la science des systèmes et les axes de recherche sont sous-tendus par les préoccupations des décideurs politiques.
«Nous sommes entrés dans une ère caractérisée par des niveaux de complexité sans précédent, prévient Didier Wernli, codirecteur de la nouvelle structure avec le professeur Nicolas Levrat. Mais nous ne disposons pas des mécanismes de gouvernance qui permettent d’encadrer cette société nouvelle. Les cadres réglementaires ont en effet été pensés pour rester en place indéfiniment.»
Il est nécessaire de créer un dialogue avec les décideurs pour que nos réflexions puissent ensuite être intégrées dans le cadre de leur pratique
Pour inaugurer officiellement le GTGLAb, une série d’événements originaux ont été organisés début avril. Tout d’abord, un séminaire en présence d’Antonio Hodgers, président du Conseil d’État genevois. «Dans le cadre de ses fonctions, celui-ci est appelé à considérer de nouvelles formes de gouvernance, précise Didier Wernli. Il est nécessaire de créer un dialogue avec les décideurs pour que nos réflexions puissent ensuite être intégrées dans le cadre de leur pratique.»
L’événement était suivi, quelques jours plus tard, d’un colloque dédié aux crises systémiques. Dans une optique transdisciplinaire, un physicien, spécialiste de la science des réseaux, en était l’un des intervenants. «Les réseaux électriques sont particulièrement interconnectés et un seul point faible peut avoir une répercussion sur tout le système, comme l’a montré le récent black-out qui a frappé le Venezuela, observe Didier Wernli. Ce qui est intéressant, c’est que le type d’approche et les modèles mathématiques qui permettent de comprendre les fragilités du système électrique peuvent alors être utilisés pour appréhender d’autres phénomènes, comme les crises financières.»
La gouvernance sur la question de la résistance aux antibiotiques est au cœur de l’un des projets de recherche du GTGLab. «La gouvernance mondiale est aujourd’hui organisée par secteurs d’activité – l’OMS pour la santé ou l’OMC pour le commerce – alors que les problématiques actuelles sont transversales, précise Didier Wernli. La résistance aux antibiotiques a été traitée de manière dominante par l’OMS. Pourtant, plus de la moitié de ces substances sont utilisées dans le monde agricole où l’OMS n’a pas d’autorité. De nouveaux mécanismes de gouvernance intersectorielle sont donc nécessaires pour faire face aux défis de durabilité.» —