Comme jamais auparavant, la nuit est au cœur de l’actualité urbaine. À Genève, comme dans d’autres villes, la question de sa vitalité et de ses futurs possibles se pose, autour d’enjeux multiples d’ordre économique, social, environnemental, sécuritaire et du «droit» à la ville. Si Genève n’est pas réputée pour le dynamisme de ses nuits, nombre de Genevois-es voient en leur cité un espace d’expérimentation hors norme dont elles et ils revendiquent la singularité. C’est à ce contraste que s’intéresse l’ouvrage rédigé par Raphaël Pieroni, spécialiste des politiques urbaines et collaborateur scientifique au Département de géographie et environnement (Faculté des sciences de la société). Le chercheur se focalise sur l’histoire genevoise contemporaine et, en particulier, sur la démarche qui a conduit la Ville de Genève à établir, en 2014, les contours d’une politique de la nuit.

Quatre questions ont guidé le travail du géographe: l’existence de problèmes inhérents à la nuit urbaine et à Genève, la manière dont ceux-ci font l’objet d’une attention politique, le rôle de la culture comme vectrice d’innovation pour la nuit et, enfin, les bénéficiaires et perdant-es de la politique mise en place à Genève. L’ouvrage restitue ainsi l’histoire de la construction de cette politique, en retrace la généalogie, en mentionne les acteurs et actrices, et éclaire les rapports de pouvoir. Il met en évidence qu’elle est une réponse des autorités genevoises à deux problèmes publics: le bruit et la place de la culture alternative. S’inscrivant à la croisée de la géographie culturelle, de la sociologie des problèmes publics et d’un nouveau champ de recherche, les night studies, l’ouvrage interroge enfin le caractère innovant de la politique de la nuit genevoise au regard du contexte international.