Près d’un Suisse ou une Suissesse sur deux part à la retraite avant l’heure, c’est le constat que fait l’Office fédéral de la statistique pour l’année 2019. Toutefois, hommes et femmes ne sont pas égaux devant la retraite anticipée. Dans La Matinale de la RTS, Giovanni Ferro-Luzzi, professeur à la Faculté d'économie et de management (GSEM), revient sur le phénomène. 

La rente médiane est de 2144 francs pour les premiers, contre 1160 francs pour les secondes, ce qui rend leur départ anticipé beaucoup plus difficile. En témoigne le fait que 46% des hommes touchent leur 2^e pilier avant la retraite, contre 40% de femmes. Pour le spécialiste, «on peut parler de double peine. Cette différence de revenu vient s’ajouter aux inégalités qui se manifestent tout au long du parcours professionnel, par exemple le salaire moyen plus bas que reçoivent les femmes ou les interruptions de carrière liées à la maternité. De plus, il ne faut pas oublier que, pour les couples, le départ à la retraite est souvent une décision prise conjointement dès lors que les revenus sont jugés suffisants.»

Face à ces inégalités de traitement, Giovanni Ferro-Luzzi mise sur le consensus et la flexibilité. «La différence entre hommes et femmes, comme la différence entre ouvriers/ères et professions libérales, est liée à un choix de société. Faut-il un système plus redistributif ou plus individualisé? C’est la base du compromis helvétique entre les deux qu’il faudra créer. C’est également là où employeurs/euses et employé-es doivent se retrouver.»