18 novembre 2021 - Melina Tiphticoglou
«La vocation de la démocratie est de faire participer les citoyen-nes»
Et si un jour la brochure officielle envoyée aux citoyen-nes avant les votations incluait non seulement les recommandations du monde politique, mais également celles de citoyen-nes ordinaires? Tel est l’objet de l’expérience de démocratie participative menée dans le cadre du projet demoscan autour des votations du 28 novembre.
Photo: J. Erard/UNIGE
Dans l’enveloppe pour les votations du 28 novembre, les électeurs et électrices du canton de Genève découvriront, en plus du matériel habituel, une notice rédigée par un panel citoyen. Cette dernière est le fruit d’un projet pilote mené par l’UNIGE et la Chancellerie d’État du canton de Genève dans le but de faciliter la compréhension et, par conséquent, la participation citoyenne.
Cette expérience, intitulée demoscan, se déroule dans le cadre d’une recherche du Fonds national suisse (FNS) dirigée par Nenad Stojanović, professeur au Département de science politique et relations internationales de la Faculté des sciences de la société de l’UNIGE.
Trois questions à Nenad Stojanović, professeur au Département de science politique et relations internationales de la Faculté des sciences de la société.
Quels objectifs vise le projet demoscan?
La vocation de la démocratie est de faire participer les citoyen-nes. Or, avec moins de 50% de participation, elle n’y répond actuellement pas. Notre première intention est donc d’enrichir les institutions de la démocratie directe, en contribuant à la fois à augmenter la participation des citoyen-nes lors des votations populaires et en aidant les votant-es à se forger une opinion grâce à une documentation concise et accessible rédigée par des citoyen-nes «ordinaires». Le second objectif concerne les participant-es du panel citoyen. On peut en effet voir cette expérience comme une école de la démocratie qui permet de mieux connaître les institutions et de découvrir la complexité de la politique. Ce qui peut générer un sentiment de reconnaissance et pousser à voter des personnes qui ne le feraient pas habituellement. Dans le cadre de ce projet pilote, 21 personnes sont concernées; mais si on répétait l’opération avant chaque votation populaire – communale, cantonale ou fédérale ¬–, des milliers de personnes auraient chaque année l’occasion de s’emparer d’un objet de votation.
Comment est perçue cette démarche?
Elle rencontre un vif intérêt. J’ai moi-même été très surpris de recevoir, suite au projet pilote mené à Sion en 2019, des demandes de collaboration de la part de beaucoup de villes et de cantons suisses qui sont à la recherche de nouvelles façons d’intégrer leur population. Les citoyen-nes se montrent également très intéressé-es. Par exemple, lorsque nous avons procédé au tirage au sort du panel, le taux de réponses positives a été deux fois plus élevé que ce à quoi nous nous attendions.
Quel est l’impact d’une telle mesure?
Nous avons mené une enquête scientifique après l’expérience de Sion. Elle a notamment montré que les personnes qui avaient bénéficié de la notice citoyenne avaient une meilleure compréhension de l’objet de vote. L’enquête a également révélé que l’intention de participation augmentait et que cette documentation était la deuxième source d’information prise en compte, après la brochure officielle, avant les avis des partis politiques, les informations des médias ou les campagnes partisanes.
Pour en savoir plus
- Projet demoscan Genève 2021
- «Qui a peur de la démocratie faite par tirage au sort?», lancement de la Semaine de la démocratie 2021.
- «La démocratie par tirage au sort», podcast de la Faculté des Sciences de la société, octobre 2021:
- «La démocratie par tirage au sort», explications en vidéo par Nenad Stojanović, juin 2021:
- «Ma parole de citoyen», portrait d’un étudiant, membre du panel citoyen, RTS Info, novembre 2021:
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