2 décembre 2021 - UNIGE

 

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Ces neurones qui rendent sociables

Des neurones liés au système de la récompense sont responsables de la motivation qui pousse les individus à interagir avec leurs semblables.

 

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Pour pouvoir entrer en contact avec sa congénaire, la souris doit presser un petit levier.
Image: Camilla Bellone / UNIGE


Chez les souris, la motivation à s’investir dans une interaction sociale est intimement liée au système de récompense situé dans le cerveau. Elle passe plus particulièrement par l’activation de neurones dits dopaminergiques, c’est-à-dire producteurs de dopamine, le neurotransmetteur qui provoque la sensation de plaisir. C’est ce qui ressort d’une étude parue le 2 décembre dans la revue Nature Neuroscience et réalisée par l'équipe de Camilla Bellone, professeure au Département des neurosciences fondamentales (Faculté de médecine) et directrice du Pôle de recherche national Synapsy. Les processus poussant les individus les uns vers les autres demandent une prise de décision dont les rouages cérébraux sont encore largement incompris. Les résultats de ce travail lèvent un coin du voile et permettront d’étudier d’éventuels dysfonctionnements de ces neurones dans des maladies touchant les interactions sociales, comme l’autisme, la schizophrénie ou encore la dépression.

Les interactions sociales sont essentielles chez les mammifères mais passer à l’action demande un effort. Pour en savoir plus sur la motivation des individus à faire le premier pas, les neuroscientifiques ont cherché à identifier les neurones qui sont activés chez les souris lors d’une rencontre avec une congénère. Ils ont pour cela placé deux souris dans deux compartiments différents, séparés par une porte. Lorsque la première souris appuie sur un levier, cette porte s’ouvre temporairement, permettant d’établir le contact à travers une grille avec la seconde souris. Au fur et à mesure de l’expérience, la souris comprend qu’elle doit appuyer sur le levier pour rejoindre sa congénère, entraînant une augmentation de la motivation à réaliser cet effort.
À l’aide d’électrodes, les scientifiques ont mesuré que l’établissement de l’interaction sociale entre les deux souris engendre une activation des neurones dopaminergiques qui libèrent de la dopamine, molécule capitale pour la motivation dans l’apprentissage. Plus précisément, ils ont constaté qu’au début de l’apprentissage de la tâche, les neurones dopaminergiques s’activent au moment où les souris entrent en interaction. Mais, au fur et à mesure que la souris comprend qu’appuyer sur le levier permet d’établir le contact, l’activation des neurones précède la rencontre avec l’autre souris et débute déjà lorsqu’elle appuie sur le levier. Le système de la récompense anticipe l’événement et augmente la motivation à réaliser l’effort qui permet l’interaction sociale. En revanche, quand la souris appuie sur le levier sans que la porte s’ouvre, l’activité des neurones dopaminergiques chute brusquement, indiquant une grande déception chez la souris.

Troubles psychiques

Chez l’humain, il existe plusieurs troubles psychiatriques, comme l’autisme, la schizophrénie ou encore la dépression, qui entraînent une altération de la motivation à établir une interaction avec autrui. Grâce à cette étude, les scientifiques peuvent à présent utiliser les neurones dopaminergiques comme cibles pour trouver d’éventuels traitements à ces maladies.

 

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